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Les reconductionnistes veulent organiser des meetings populaires Le régime dévoilerait ses batteries fin août

Offensive ou contre-offensive ? On ne saurait le dire. Car on ne sait ni qui a commencé ni où tout cela va finir. Ce qui est sûr, c’est que l’on a dépassé le stade des escarmouches préparatoires. La bataille est si bien engagée que les reconductionnistes, peut-être stimulés par la Convention démocrate US, entendent mener campagne à l’américaine. En organisant un peu partout, à l’occasion des festivals villageois d’été, des meetings populaires. Où l’on verrait des foules enthousiastes clamer et réclamer, comme un seul homme, la reconduction. Le régime pour sa part laisse entendre que si (conditionnel important) on devait le solliciter, il se ferait douce violence, pour accepter un deuxième mandat. En précisant bien qu’il n’admettrait pas une simple prorogation fragmentée à la Hraoui. Et en ajoutant qu’il adopterait une tout autre approche du pouvoir. Pour mener enfin à bien les réformes de fond qui lui tiennent à cœur. Mais tout cela se présente encore sous la forme de confidences faites à des visiteurs triés sur le volet. Ouvertement, le président Lahoud fustige les tiraillements autour de la présidentielle, en soulignant le tort qu’ils causent au pays, notamment en termes d’économie. Toujours est-il que les proches du premier cercle indiquent que le chef de l’État ne compte pas s’exprimer publiquement sur le sujet de la présidentielle, donc de la reconduction, avant fin août. À la lumière de la décantation des éléments extérieurs, dont les rapports syro-américains. Il va sans dire que l’ensemble de ces indications en provenance du palais revigorent un camp reconductionniste qui, ces derniers temps, semblait s’essouffler. Face aux points marqués sur le plan populaire par ses adversaires. En tête desquels se situe un Hariri plus résolu que jamais. Il proclame en effet qu’il est tout à fait d’accord avec le président Lahoud pour rejeter la prorogation. En se hâtant d’ajouter que le chef de l’État souhaite pour sa part, contrairement à lui-même, un deuxième mandat en bonne et due forme. Ce qui constitue au fond une attaque en règle. Pour la bonne raison que Hariri fait pratiquement dire à Lahoud ce qu’il n’a pas (encore) dit. En laissant de surcroît entendre que le président de la République ne demande peut-être pas directement quelque chose pour lui-même. Mais n’en attend pas moins beaucoup. Derrière les chefs, les généraux déploient une batterie d’arguments plus ou moins élémentaires. Ainsi les reconductionnistes, oubliant que la révision ne peut être enclenchée par un cas d’espèce, répètent à l’envi que la Constitution est modifiable à volonté. Puisqu’elle prévoit elle-même les mécanismes pour la toiletter. Ils affirment que les circonstances présentes imposent la reconduction. Car le président Lahoud, par ses positons nationales et panarabes, reste le meilleur rempart du pays. En face, les opposants répondent placidement que la démocratie est ce qu’elle est, mais qu’il faut la respecter. En rappelant que ni un Jules César, ni un Churchill ou un De Gaulle n’ont été considérés en leurs temps et en leurs nations comme irremplaçables. Sans que Rome, l’Angleterre ou la France ne s’effondrent. Quant à la versatilité que les loyalistes reprochent à des députés qui, en 95, avaient voté la prorogation, les inculpés répondent, tout aussi placidement, qu’ils s’étaient alors trompés. Et qu’ils ne comptent pas faire la même erreur deux fois. Même si d’aventure leurs blocs ou leurs chefs de file devaient les y inviter. De leur côté, des législateurs qui avaient participé à Taëf regrettent qu’on n’ait pas précisé alors que la Constitution ne pourrait pas être manipulée avant un délai raisonnable d’une trentaine d’années. On aurait de la sorte évité tiraillements et exigences plus ou moins sensées. Car certains députés ne voient pas pourquoi l’aubaine d’un amendement profiterait seulement à la présidence de la République. Ils demandent dès lors qu’en cas de retouche, on rallonge la durée de vie de l’actuel Parlement de trois bonnes années. Ce qui constituerait pour eux une récompense d’autant plus appréciable que, bien entendu, ces politiciens ne sont pas assurés de retrouver leurs strapontins aux prochaines élections. Surtout si elles devaient se dérouler à l’ombre d’une nouvelle loi électorale empêchant les parachutages. S’engouffrant dans la brèche, certains préconisent un accord aux termes duquel Hariri aussi resterait en place indéfiniment, après rabibochage avec le régime, tout comme Berry. Mais cette équation triangulaire est considérée par la plupart des professionnels comme plus amusante qu’autre chose. Autrement dit, on ne la prend pas beaucoup au sérieux. Philippe ABI-AKL

Offensive ou contre-offensive ? On ne saurait le dire. Car on ne sait ni qui a commencé ni où tout cela va finir. Ce qui est sûr, c’est que l’on a dépassé le stade des escarmouches préparatoires. La bataille est si bien engagée que les reconductionnistes, peut-être stimulés par la Convention démocrate US, entendent mener campagne à l’américaine. En organisant un peu...