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DÉVELOPPEMENT - Partenariat entre le ministère de l’Agriculture, le Pnud et l’agence allemande GTZ Des projets-pilotes pour concrétiser le programme national de lutte contre la désertification (photo)

La désertification, ce phénomène qui frappe les régions arides et semi-arides d’une planète désormais surpeuplée, n’épargne pas, de toute évidence, le Liban. En sa qualité de pays signataire de la Convention des Nations unies pour la lutte contre la désertification (UNCCD), il se doit, comme tous les autres signataires de ce texte, de préparer un programme national pour trouver une solution au problème de la désertification. Après un retard significatif, le travail a commencé en 2002 et devrait durer encore un an. Le directeur du projet, Ali Darwiche, souligne que l’action menée sur ce plan a été axée, à ce jour, sur l’élaboration d’un état des lieux et la mise en application de projets-pilotes dans diverses régions. Comme le ministère de l’Agriculture s’est engagé, conformément à la convention, à combattre la désertification et la pauvreté (puisque les deux vont de pair), une somme de 200 000 dollars a été consacrée par le ministre Sleiman Frangié, quand il détenait ce portefeuille de 1998 à 2000, à la conception de ce programme. De même, le Centre de développement des régions arides (DLDC) du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) a offert un budget de 80 000 dollars pour ce même objectif. Mais un retard qualifié de «technique» par M. Darwiche a empêché la mise en place rapide de ce projet. Entre-temps, GTZ (Agence allemande de développement) avait décidé d’aider le Liban et la Syrie à faire face au fléau. Comme le programme n’a pas démarré à temps, GTZ a lancé son propre projet. Son travail a été pris en compte et, aujourd’hui, elle forme un partenariat avec le ministère et le Pnud. «La première partie du projet a revêtu un caractère théorique», explique M. Darwiche. Il s’agissait d’élaborer le document lui-même, en collectant toutes les informations déjà disponibles pour les insérer dans un système, en préparant les cartes du climat, du sol, de la couverture végétale, de l’utilisation des terrains et de la répartition géographique, ainsi qu’une carte des régions les plus exposées à la désertification. Ce travail s’est accompagné de contacts avec les responsables concernés, avec les coopératives et les associations, avec les responsables régionaux, comme les mohafez, etc. Neuf réunions rassemblant divers acteurs intéressés (experts, ONG et responsables) ont été organisées pour débattre des sujets suivants: cadre législatif, planification de l’utilisation des terrains, conditions socio-économiques, gestion des ressources hydrauliques, gestion des forêts, méthodes agricoles durables, gestion des pâturages, conservation du sol et zones protégées. Ensuite, un forum national s’est tenu sur ces sujets, auquel ont participé des représentants d’institutions gouvernementales, d’instituts de recherches nationaux et régionaux, d’organismes de développement, du secrétariat de l’UNCCD, de communautés des régions les plus touchées (municipalités, coopératives et ONG) et du secteur privé. Le programme national de lutte contre la désertification a été modifié en fonction des remarques discutées lors du forum. Des rencontres ultérieures avec des responsables municipaux et des mohafez ont été organisées pour une sensibilisation à ces problèmes, et de nouvelles modifications ont été ajoutées au texte. Où en est ce document aujourd’hui? M. Darwiche précise qu’il a été adopté par le ministère de l’Agriculture et que des efforts sont déployés afin que le Conseil des ministres l’approuve à son tour, ce qui lui donnera plus de crédibilité. Partenariats indispensables Après la théorie, la pratique. Comment mettre en application un programme de lutte contre la désertification, sachant qu’un tel phénomène a ses ramifications dans plusieurs domaines et requiert une approche globale, si elle doit être efficace. Depuis le début de l’année, les trois partenaires, le ministère de l’Agriculture, le Pnud et GTZ, ont opté pour des projets-pilotes dans les régions menacées. M. Darwiche explique que ces régions ont été choisies selon deux critères: l’existence d’organisations civiles pouvant servir de support au projet et la vulnérabilité de la localité en terme de désertification. Il faut dire que, dans les objectifs du programme, l’importance du renforcement des capacités, de la coordination, des partenariats et de la participation des populations locales est clairement évoquée. Un premier projet d’agrotourisme a été mis en marche dans la région de Deir el-Ahmar et Yammouné (Békaa nord), avec des partenaires qui sont les Dames de Deir el-Ahmar et Esprit nomade (agence d’écotourisme). Le projet est lié à des activités d’agriculture biologique et aidera les agriculteurs locaux à élargir le cercle de leur clientèle, tout en augmentant le degré de sensibilisation des habitants. Deux autres projets, portant sur la production alimentaire, devraient être financés par la FAO. L’un consistera à créer une unité pour l’amélioration de la productivité en matière d’élevage à Aarsal (Békaa). Le second permettra de soutenir la culture des plantes aromatiques à Aytaroun (Liban-Sud), en collaboration avec l’Association pour l’aide au développement rural (ADR). La culture de plantes aromatiques sera également développée dans la région de Kfeir, à Hasbaya (Liban-Sud). Le projet sera exécuté dans des fermes d’apiculteurs, qui en profiteront pour leurs abeilles autant que pour vendre les cultures à des usines locales de fabrication d’huile. Un autre projet sera exécuté à Aarsal dans le but de mettre en place une infrastructure écotouristique, avec installation d’énergie renouvelable et utilisation d’eau de pluie pour l’irrigation et l’emploi quotidien… Un troisième projet sera implanté à Menjez, dans le haut Akkar (extrême nord), pour la réhabilitation de canalisations d’irrigation au bénéfice des agriculteurs locaux. Ces trois projets seront financés par les partenaires du programme de lutte contre la désertification, le ministère de l’Agriculture, le Pnud et GTZ. Ces projets de petite envergure revêtent une importance certaine dans les régions où ils sont exécutés, ainsi qu’un intérêt pratique pour la lutte contre la désertification. Mais suffisent-ils à assurer l’application efficace d’un programme à portée nationale? M. Darwiche reconnaît que ce n’est pas le cas, mais énumère les avantages de cette démarche. «Nous espérons que les petits projets seront dupliqués ici et là, et serviront d’exemple, explique-t-il. D’autre part, la coordination qui caractérise notre travail ne peut que renforcer les liens entre le ministère, les ONG locales et les agriculteurs. De plus, nous essayons de procéder en harmonie avec les autres programmes qui luttent contre la pauvreté au Liban, ce qui a pour conséquence de faire de la lutte contre la désertification une de leurs priorités également.» M. Darwiche espère tout de même que l’adoption officielle du programme par le Conseil des ministres accélérera la protection des sols contre une dégradation certaine. Par ailleurs, cette initiative ne peut que nous rappeler celle qui a donné naissance à un autre document, d’une importance primordiale lui aussi, qui attend à son tour d’être approuvé par le gouvernement: le schéma directeur de l’utilisation des sols. La mise en application de ce grand schéma-cadre bénéficiera aux autres initiatives allant dans le même sens, comme le programme de lutte contre la désertification. Toutefois, quel sera le sort de pareils documents (dont l’élaboration a nécessité d’importants budgets) dans le contexte actuel au Liban? À en croire les expériences passées, celle de l’application du code de l’environnement par exemple, les perspectives ne sont pas toujours encourageantes, en l’absence d’une volonté politique de faire de ces questions une priorité. Entre-temps, la plaine de la Békaa, pour ne citer qu’elle, se dégrade irrémédiablement… Des montagnes entières accueillent de vastes projets immobiliers exécutés ou planifiés sans que l’impact sur les réserves d’eau soit suffisamment connu… Et pour compléter le tableau, les carrières sauvages lorsqu’elles sont fermées ne le sont jamais pour très longtemps… Suzanne BAAKLINI Un phénomène qui coûte 42 milliards de dollars par an dans le monde La désertification, c’est la dégradation des sols dans des régions arides ou semi-arides, due à des facteurs multiples, notamment climatiques et relatifs à l’activité humaine. Il en résulte principalement une baisse de la productivité du sol, d’où son lien avec la pauvreté. Il faut savoir que nombre de méthodes agricoles anciennes ne sont plus appropriées dans un contexte de démographie galopante et de sédentarisation de populations autrefois nomades, d’où le fait qu’elles deviennent des circonstances aggravantes en matière de désertification. D’autres facteurs aggravants sont le manque de sécurité légale des exploitants des terrains, le manque d’expertise technique au niveau des exploitations traditionnelles, le contexte de globalisation, les guerres et autres catastrophes causées par les activités humaines. Une conception erronée du développement a conduit à la surexploitation des sols, aux pâturages intensifs et à la déforestation. La désertification, notamment dans les pays émergents, est liée à des problèmes sociaux très graves tels que la pauvreté, la santé défaillante due à une alimentation non saine, l’insécurité alimentaire et les mouvements de population ayant un impact négatif sur les pays. La désertification diminue la productivité des sols, réduit la production alimentaire, affecte la couverture végétale et influe négativement sur des régions qui ne sont peut-être pas directement touchées, en causant des inondations, l’augmentation de la salinité du sol, la détérioration de la qualité de l’eau… La désertification coûte extrêmement cher à l’État et met en danger la stabilité sociale. Dans le monde, il est estimé qu’elle occasionne des dépenses de l’ordre de 42 milliards de dollars par an, selon un chiffre du Programme des Nations unies pour l’environnement, datant de 1995. La Convention des Nations unies pour la lutte contre la désertification (UNCCD) est entrée en vigueur le 26 décembre 1996. Elle a apporté un cadre de travail contraignant pour les pays signataires, afin de les pousser à élaborer leurs propres plans d’action nationaux et les mettre en application. Le texte est basé sur l’idée que la solution aux problèmes de désertification doit émaner des populations des régions souffrant du phénomène, d’où l’importance des partenariats dans le cadre des programmes.
La désertification, ce phénomène qui frappe les régions arides et semi-arides d’une planète désormais surpeuplée, n’épargne pas, de toute évidence, le Liban. En sa qualité de pays signataire de la Convention des Nations unies pour la lutte contre la désertification (UNCCD), il se doit, comme tous les autres signataires de ce texte, de préparer un programme national pour...