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France-Liban - Dix ans de partenariat méditerranéen Paris veut donner un coup de fouet au protocole de Barcelone

Pour le dixième anniversaire du partenariat dit euro-méditerranéen, la France invite le Liban, tout comme sans doute les autres pays associés, à revigorer le processus de Barcelone. De nouvelles idées seraient les bienvenues, indique Paris. Pour qui, à l’instar du reste des autres capitales européennes impliquées dans ce programme, ce terreau peut être d’une grande utilité. En termes de présence active, donc d’influence, dans cette région charnière qu’est le Moyen-Orient. Où le Vieux Continent tente, depuis des lustres, de faire pièce, dans la mesure du possible, à la pénétration US. Un objectif rendu encore plus pressant aussi bien par les développements actuels que par les perspectives qu’induit le fameux Broad Mena. On sait en effet que, sous le label initial de « Grand Moyen-Orient », les Américains ont concocté un gigantesque projet articulé sur des réformes de démocratisation accélérée visant les régimes orientaux. Un programme stratégique qu’ils ont dû réviser à la baisse, si l’on peut dire, à la suite des réticences des pays visés comme des réserves européennes. Les concessions fondamentales que les Américains ont accepté de faire leur ont permis d’obtenir, en définitive, l’aval du G8. Qui a solennellement adopté le programme dans sa nouvelle mouture. Expurgée d’abord d’éléments géopolitiques comme l’inclusion de contrées excentrées (le Pakistan, l’Afghanistan, etc). Et, surtout, de l’exigence, à la limite absurde, d’imposer des réformes, un carcan, préfabriqués. Il est donc désormais entendu que chaque pays procédera à son toilettage à son rythme, suivant ses spécificités propres. Il n’empêche que dans sa finalité diplomatique, le Board Mena, bien que dorénavant approuvé par les Européens, Français en tête, constitue un concurrent sérieux pour le processus de Barcelone. Que Paris entend dès lors revivifier dans sa globalité. C’est-à-dire dans ses volets politiques, économiques, culturels et sociaux qui canalisent des projets variés dont le budget reste considérable. Parallèlement, mais dans le même sens, Paris transmet à Beyrouth le souhait d’une contribution dynamisée au cénacle pour l’avenir. Un organisme qui doit pouvoir rivaliser avec ces regroupements productifs que sont les Rencontres eurasiatiques ou la Coopération asiatique économique pacifique. À partir du cénacle précité, il est possible de déborder en quelque sorte, partiellement, le Board Mena. Par des propositions réformatrices ciblées qui n’auraient pas l’air d’être négativement opposantes, mais constructives. L’obstacle israélien Le ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier, a soulevé ces points lors de son passage au Caire, à Ramallah et à Amman, indiquent à Beyrouth des sources diplomatiques. Qui précisent que le chef de la diplomatie française n’a pas cru devoir voir les Syriens, les Libanais et encore moins les Israéliens. Ajoutant qu’on ne sait pas encore pourquoi Barnier, qui connaît bien le Liban où il compte de nombreux amis, tarde à visiter Beyrouth. Une ville où il a participé à de multiples colloques académiques. Ces sources diplomatiques cachent mal leur désappointement, dans la mesure où les liens séculaires libano-français gardent beaucoup d’importance. Les cadres cités se demandent si par hasard Barnier attend que les nuages qui se sont amoncelés entre Paris et Tel-Aviv se dissipent. Ce qui signifierait que, pour le moment, il ne souhaite pas agacer les Israéliens, qu’il ne veut pas voir (à cause notamment de la déclaration de Chirac précisant que Sharon est persona non grata en France), en allant rencontrer les Syriens ou les Libanais. Si ces spéculations sont exactes, il faudrait sans doute beaucoup de temps avant que le ministre français ne vienne à Beyrouth, ajoutent ces sources. En tout cas, Barnier a un agenda chargé pour le mois en cours : il s’occupe du Darfour, se rend au Soudan, puis effectue une tournée africaine devant le mener notamment au Tchad, au Sénégal et à Pretoria. Barnier, indiquent encore ces personnalités, s’est montré aussi actif que diplomate dans ses démarches récentes. Il a pris soin de ne pas se rendre en tout premier lieu à Ramallah, ce que les Israéliens auraient considéré comme un défi flagrant. Il n’a vu Arafat qu’après avoir visité Le Caire et Amman. Mais avec le vieux chef palestinien, il s’est montré catégorique ; Arafat doit soutenir l’initiative égyptienne sans louvoyer. Il doit de même procéder aux réformes sécuritaires qui lui sont demandées, en mettant les services sous l’autorité du gouvernement et non plus de la sienne propre. Barnier a donc répercuté avec fermeté la position de l’Europe, forte il faut dire du vote à l’Onu aux côtés des Palestiniens contre le mur israélien. De plus, la France, comme Barnier l’a dit à Moubarak comme au roi Abdallah, n’entend pas se laisser duper par Sharon : son plan de retrait de Gaza ne peut pas être considéré comme une fin en soi. Et il faut qu’il initie une politique sérieuse de promotion de la « feuille de route » du quartette. C’est-à-dire de la reprise du processus de paix. Khalil FLEYHANE
Pour le dixième anniversaire du partenariat dit euro-méditerranéen, la France invite le Liban, tout comme sans doute les autres pays associés, à revigorer le processus de Barcelone. De nouvelles idées seraient les bienvenues, indique Paris. Pour qui, à l’instar du reste des autres capitales européennes impliquées dans ce programme, ce terreau peut être d’une grande...