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Actualités - CHRONOLOGIE

Beyrouth-Bagdad - Le Premier ministre irakien veut resserrer les liens avec les pays « frères » Iyad Allaoui : J’ai reçu une invitation officielle au Liban, et tant pis pour ceux qui ne veulent pas me voir

Pour sa première tournée arabe, destinée à renforcer les relations entre son pays et « ses frères », le Premier ministre irakien Iyad Allaoui a voulu frapper fort : une délégation importante, de très haut niveau, et un discours d’ouverture. La presse arabe, par contre, notamment certaines chaînes émettant par satellite et quelques quotidiens, n’ont pas bénéficié de ce climat positif. Au cours d’une rencontre à bâtons rompus avec les représentants des principaux quotidiens paraissant au Liban, M. Allaoui s’en est vivement pris aux médias arabes, les accusant de ne montrer qu’une partie de la réalité en Irak, et même de déformer parfois celle-ci. Concernant sa visite au Liban, après la Jordanie, l’Égypte et la Syrie, il n’a pas voulu ouvrir une polémique au sujet du boycott de certains ministres, préférant déclarer qu’il a reçu une invitation officielle pour venir à Beyrouth et qu’il se sent chez lui au Liban, « et tant pis pour ceux qui ne veulent pas me voir », a-t-il quand même tenu à préciser. Il pourrait même évoquer l’envoi de troupes libanaises en Irak, dans le cadre de forces arabes destinées à épauler les forces multinationales, « à condition qu’elles ne regroupent pas de journalistes ». L’atmosphère se voulait détendue, mais les propos l’étaient beaucoup moins. Entouré de quatre ministres – la charmante Mouchkat Moueman, chargée de l’Environnement, le ministre du Pétrole, Samer Ghodbane, le ministre du Plan, Mehdi Hafez et le ministre des Finances, Adnane Janabi –, M. Iyad Allaoui a commencé par se montrer très ouvert avec les journalistes, se déclarant prêt à répondre à toutes les questions, mais il s’est vite empressé de critiquer les médias arabes en général, qui, selon lui, passent avec indifférence sur les victimes irakiennes et sur les besoins du peuple irakien. En tournée dans le monde arabe, à la tête d’une impressionnante délégation de son gouvernement, M. Allaoui a précisé que son objectif principal était de resserrer les liens entre son pays et ses « frères », se déclarant confiant dans l’avenir de l’Irak, qui forcément se remettra de cette crise et se souviendra de ceux qui se sont tenus à ses côtés dans les moments durs. Dans une des boutades dont il est coutumier, M. Allaoui a ajouté : « Nous distribuerons alors de nouveaux coupons de pétrole. » Redevenant sérieux, il a précisé qu’il ne comptait pas aborder ce sujet avec les responsables libanais, sans donner plus d’explications, insistant sur le fait qu’il a reçu une invitation officielle pour visiter le Liban, où il a de nombreux amis et des relations solides et où il se sent chez lui. Quant à ceux qui boycottent sa visite, cela les regarde, mais au final, ils seront les perdants. 550 millions de dollars bloqués dans les banques libanaises M. Allaoui a parlé des fonds irakiens bloqués au Liban, qui s’élèveraient à 550 millions de dollars, précisant qu’un accord a déjà été conclu entre la Banque centrale libanaise et celle d’Irak, pour les débloquer au fur et à mesure, selon les capacités du marché libanais. L’opération a d’ailleurs déjà été entamée. Interrogé sur la possibilité de demander aux pays arabes d’envoyer des troupes en Irak, pour épauler les forces multinationales, M. Allaoui a déclaré avoir évoqué ce sujet avec les responsables égyptiens, et qu’il pourrait en parler avec les autorités libanaises. Mais son gouvernement ne compte pas demander l’envoi de telles forces aux pays voisins de l’Irak, en raison de l’existence de certaines susceptibilités. Commentant sa visite de deux jours en Syrie, M. Allaoui a mis l’accent sur le haut degré de coopération des autorités syriennes avec son gouvernement. « Dire que les relations entre les deux pays s’améliorent est bien en-deçà de la réalité. Elles sont maintenant très claires et nous sommes en train de poser les bases d’une relation stratégique, à long terme. » Selon lui, les divergences ne portent plus que sur des questions de terminologie. « La Syrie souhaite que la souveraineté soit transférée aux Irakiens dans les plus brefs délais, alors que nous considérons que le transfert a déjà eu lieu et que les forces multinationales sont là à notre demande et sous la supervision du Conseil de sécurité des Nations unies. Elles s’en iront dès que les forces irakiennes seront en mesure d’assumer leurs fonctions. En tout cas, avec les responsables syriens, le dialogue était franc et précis. Il a abouti à un engagement ferme sur les questions de sécurité et de complémentarité économique, notamment. » Le Syria Accountability Act ne concerne que les Américains Il avait pourtant accusé la Syrie (et le Liban) d’envoyer des éléments se battre en Irak. « Nous n’avons pas accusé ces pays de le faire sciemment. Nous pensons que certains éléments, irakiens et autres, ont profité des règles de l’hospitalité pour agir contre l’Irak et y provoquer des troubles. Nous avons présenté des informations précises à ce sujet aux responsables syriens et nous avons convenu de former un comité conjoint pour les questions de sécurité, notamment le long de la frontière commune. » Le ministre des Finances, Adnane Janabi, a affirmé de son côté qu’il existe encore 750 millions de dollars irakiens bloqués en Syrie. Avec les intérêts, le montant s’élèverait à plus de 800 millions de dollars, et selon lui, les responsables syriens reconnaissent que cette somme appartient à l’Irak, mais ils insistent sur le fait que les commerçants syriens réclament d’importantes sommes aux autorités irakiennes. Le dialogue est en tout cas entamé. Interrogé sur les conséquences du Syria Accountability Act sur les relations entre la Syrie et l’Irak, M. Allaoui a précisé que cette loi concerne les État-Unis. « Quant à nous, nous sommes Irakiens et nous ne représentons que notre pays. » Le Premier ministre irakien a longuement insisté sur le fait que les États-Unis ne cherchent absolument pas à nuire à son pays, ni à discréditer le gouvernement provisoire. « Nous les avons d’ailleurs critiqués ouvertement et directement. Mais les coups viennent des plus proches, des frères et notamment des médias arabes. » Il refuse toutefois de dire que ces médias ont pu être utilisés par les régimes arabes soucieux de satisfaire une opinion publique hostile aux Américains. Mais il s’est déclaré confiant dans l’avenir de l’Irak et dans le processus démocratique déclenché depuis le transfert de souveraineté. Selon lui, le congrès national regroupera des représentants de toutes les parties, même celles qui font partie de la résistance mais qui n’ont pas commis des crimes contre les innocents. « Ce sera d’ailleurs la première fois que, dans un pays arabe important, aucune partie n’est exclue du processus politique. » Allaoui a ensuite clairement parlé de Moqtada Sadr et du dialogue ouvert avec lui, ajoutant que son gouvernement prépare les élections en accord avec l’ayatollah Sistani et toutes les forces politiques. D’ailleurs, le gouvernement prépare un recensement de la population qui sera effectué en octobre. En attendant, le comité qui en est chargé suit une session de formation au Mexique. Des élections générales en janvier 2005 Selon le Premier ministre, ce congrès préparera les élections législatives de janvier 2005. Et il ne s’est pas privé de critiquer le secrétaire général des Nations unies qui avait déclaré que fin janvier, c’était trop tôt pour des élections. « Je pense surtout que c’est sa déclaration qui est prématurée. » Allaoui a encore précisé que ceux qui commettent des actes dits de résistance appartiennent à trois catégories : les salafistes, les partisans de Saddam et les 28 000 criminels libérés par Saddam à la veille du déclenchement de la guerre. « Mais je vous rassure tout de suite. Tous seront arrêtés très bientôt. Nous en avons déjà mis des milliers sous les verrous. » Enfin, M. Alloui a vivement nié la présence d’agents du Mossad ou d’Israéliens en Irak. Selon lui, cela fait aussi partie de la propagande arabe. « Nous ne venons pas de nulle part. Nous sommes une force politique qui a longtemps lutté pour sa dignité. Et nos options sont claires. Mais aujourd’hui, notre priorité n’est pas Israël, mais la reconstruction de notre État. » Scarlett HADDAD
Pour sa première tournée arabe, destinée à renforcer les relations entre son pays et « ses frères », le Premier ministre irakien Iyad Allaoui a voulu frapper fort : une délégation importante, de très haut niveau, et un discours d’ouverture. La presse arabe, par contre, notamment certaines chaînes émettant par satellite et quelques quotidiens, n’ont pas bénéficié de...