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Actualités - CHRONOLOGIE

CORRESPONDANCE - « Fait main à l’âge de l’électronique, la tapisserie contemporaine » L’appel de la lisse opère toujours (photo)

WASHINGTON – Irène MOSALLI Désuets les métiers à tisser et les Pénélopes attelées à des ouvrages exécutés avec patience? Faut-il croire l’un des frères Goncourt qui avait dit: « La tapisserie est un art perdu ?» Absolument pas, répond le Textile Museum à Washington, qui donne actuellement à voir une très belle exposition intitulée « Fait main à l’âge de l’électronique: la tapisserie contemporaine ». Au total, une vingtaine d’œuvres portant la signature d’artistes hongrois, américains et canadiens. Elles témoignent que par les temps de grande vitesse que nous vivons, cet art millénaire n’est ni abandonné ni anachronique et qu’il continue à être un vibrant véhicule d’une grande richesse d’expression. Du côté des artistes hongrois, les représentations, aussi bien descriptives qu’abstraites, disent les changements politiques et esthétiques survenus dans leur pays. Une tapisserie intitulée Exodus combine des visions de guerre, de paix et de rédemption, reflétant ainsi un passé douloureux et un optimisme futur. Cloître, où se dressent une suite de colonnes avec effet de marbre, rejette la notion selon laquelle la tapisserie est un médium unidimensionnel et qu’elle peut être ainsi tridimensionnelle. Sa texture aidant, elle devient un mélange de peinture et de sculpture. Luxueuses, sensuelles et mystérieuses Du côté des créateurs d’Amérique du Nord, on est également convaincu que la technique du tissage ne dicte pas les motifs et le design et qu’elle peut être un outil d’expression totale. Eux explorent les idées du XXIe siècle à travers des compositions allégoriques. Le Canadien Marcel Marois abolit les frontières entre la figuration et l’abstraction, et trame avec beaucoup de sensibilité. Pour notamment évoquer les problèmes de l’environnement, il marie les fils et les textes. Sa série intitulée Pluie est une étude des différentes étapes de la vie: la destruction et la renaissance d’une forêt ravagée par le feu. L’Américain John Eric Rïïs voit dans le procédé du tissage un lien entre le passé, le présent et le futur de l’humanité. Il va au-delà du graphisme bidimensionnel. Ses tapisseries, faites de fils de soie et de fils métalliques, sont parfois rehaussées de perles et de cristal. Puisant dans différentes sources (mythologie grecque et courants actuels), il pose la question de l’identité et de la beauté contemporaine. Pour cela, il juxtapose matériaux et imageries. Sa série Icare, inspirée par l’ascension et la chute des titans de la technologie dot.com, place ce personnage antique dans un contexte contemporain. Et Cœur d’une femme en or et Cœur d’un homme en or sont des vestes armures qui s’ouvrent pour révéler la poitrine travaillée en tapisserie. Une interprétation de ce que l’on voit de l’extérieur et de ce qui se cache à l’intérieur de chaque être. L’effet est à la fois luxueux, sensuel et quelque peu mystérieux. Luxueuse, sensuelle et quelque peu mystérieuse, c’est ce qu’a été la tapisserie à travers les civilisations: des précolombiens aux artistes du Bauhaus, en passant par la Renaissance et les Gobelins. Aujourd’hui, à l’âge de l’électronique, l’appel de la lisse opère toujours. L’une des artistes qui exposent en donne la raison: « Cette manière de faire nous permet de vivre pleinement le processus de la créativité, de la première à la dernière étape. Puisque c’est à nous de concevoir et de réaliser nos propres compositions. »
WASHINGTON – Irène MOSALLI

Désuets les métiers à tisser et les Pénélopes attelées à des ouvrages exécutés avec patience? Faut-il croire l’un des frères Goncourt qui avait dit: « La tapisserie est un art perdu ?» Absolument pas, répond le Textile Museum à Washington, qui donne actuellement à voir une très belle exposition intitulée « Fait main à l’âge de...