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Actualités - CHRONOLOGIE

Patrimoine - Le monument quitte encore une fois la place des Canons pour être transféré à la Quarantaine Lahoud décide « d’emballer et de ranger » la statue des Martyrs... en attendant le socle

Ils n’ont passé qu’un peu moins de 24 heures sur le gravier de la place qui porte leur nom, près de l’endroit qui les avait accueillis depuis le 6 mai 1960 jusqu’au 29 mars 1996. Dès 9 heures du matin hier, trois unités de l’armée se sont déployées place des Martyrs, sur ordre du président de la République, le général Émile Lahoud, pour emballer puis ranger les quatre statues de bronze dans une caserne de l’armée, à la Quarantaine... Le temps que le socle en marbre de Travertino qui doit les supporter soit prêt à les accueillir d’une manière décente. Jeudi, on annonçait le socle pour les jours à venir. Hier, certains estimaient l’attente à un peu plus de deux semaines. Mais l’affaire, en tout cas, n’est pas là. Elle reflète encore une fois l’état des relations désordonnées entre les deux pôles du pouvoir, entre les présidents Lahoud et Hariri. Une affaire de plus – celle de quatre statues de bronze, trois hommes et une femme qui porte un flambeau et qui incarne la liberté – qui se politise. Simplifions : le Premier ministre avait soudain décidé de rendre à Beyrouth ses martyrs. C’est à la hâte jeudi qu’une cérémonie est organisée et le monument, conçu durant les années cinquante par un artiste italien, récupère sa place au cœur de Beyrouth. Mais au lieu de trôner en majestueux symboles du sacrifice et de la liberté, il a été posé, en pièces détachées, dans de grands sacs blancs sur le gravier d’un rond-point du centre-ville. Le président de la République, qui était en voyage et qui est rentré jeudi soir a estimé – probablement comme beaucoup d’autres – que l’endroit qui les loge provisoirement n’est pas digne de l’un des symboles les plus importants de Beyrouth. Il décide donc de faire ranger le monument dans une caserne, en attendant que le socle de marbre soit prêt. L’armée libanaise a publié hier un communiqué soulignant que « suite aux directives du président de la République, des colonels et des soldats de l’armée ont procédé au transport de la statue des Martyrs du centre-ville à la caserne de la Quarantaine ». « Cette statue sera rangée de manière décente jusqu’à ce que le conseil municipal de Beyrouth achève les travaux de construction du socle qui devrait l’accueillir et qui devrait être placé à l’endroit initial qu’elle occupait », relève le texte. « Une simple affaire d’emballage » pour Hariri Quand l’armée est arrivée sur place, hier matin, des contacts ont été effectués avec le président du conseil municipal de Beyrouth, Abdel Menhem Ariss, qui a contacté, à son tour, le Premier ministre. Selon l’agence al-Markaya, M. Hariri a indiqué que « c’est une simple affaire d’emballage ; le transfert momentané de la statue ne constitue pas un problème, car elle retournera à sa place, au centre-ville, une fois le socle achevé ». Hier donc de 9 heures à 14 heures, des soldats avec leurs camions et leurs grues se sont déployés au centre-ville pour transporter le monument jusqu’à la Quarantaine. Il a fallu une cinquantaine de minutes pour soulever chaque statue et la ranger convenablement dans un camion. Leur activité a attiré beaucoup de badauds. Des automobilistes ralentissaient pour voir avec regret les martyrs – seul monument national dédié aux civils, soldats et intellectuels qui ont versé leur sang pour le pays depuis le début du siècle dernier – quitter encore une fois le centre-ville. Automobilistes ou piétons, ils découvraient pour la première fois les statues restaurées. Beaucoup d’entre eux ont observé avec émotion le monument symbole, transporté encore une fois par des grues et des camions pour être délogé – momentanément – de Beyrouth. Il est à noter que la restauration de la statue des Martyrs, effectuée à l’Usek, en 1996, avait pris uniquement un an. Et il semble que les responsables de l’université avaient désespéré de voir un jour les autorités récupérer cette pièce du patrimoine national, au point qu’ils lui avaient consacré une place d’honneur à l’intérieur du campus. C’est donc lundi dernier qu’ils avaient été informés que le monument devait être transféré. Les responsables de l’Usek étaient surpris, mais satisfaits que la statue retrouve sa place. Durant les événements du Liban, quand de 1977 à 1990 la capitale n’était plus qu’une ville fantôme, les quatre martyrs sont restés là, sur leur socle. Même criblés de balles, ils ne sont pas tombés. Il a fallu la paix, sa reconstruction et ses dissensions politiques pour les voir non seulement quitter Beyrouth mais faire des allers-retours inexplicables entre la capitale, Kaslik et la Quarantaine... Patricia KHODER
Ils n’ont passé qu’un peu moins de 24 heures sur le gravier de la place qui porte leur nom, près de l’endroit qui les avait accueillis depuis le 6 mai 1960 jusqu’au 29 mars 1996. Dès 9 heures du matin hier, trois unités de l’armée se sont déployées place des Martyrs, sur ordre du président de la République, le général Émile Lahoud, pour emballer puis ranger les...