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Actualités - CHRONOLOGIE

Société - Malgré ce revers, les républicains espèrent que le débat mobilisera leur base conservatrice Le Sénat américain rejette à une large majorité un amendement contre le mariage gay

Le Sénat américain a rejeté à une large majorité mercredi un amendement constitutionnel controversé visant à interdire le mariage homosexuel, qui avait pourtant l’appui des ténors républicains et du président George W. Bush, en pleine campagne de réélection. Ce vote de procédure a envoyé sans surprise cette mesure sur une voie de garage. Les républicains eux-mêmes étaient divisés sur cette question. Ils n’ont obtenu que 48 voix, loin des 60 nécessaires pour clore les débats et procéder à un vote sur l’amendement lui-même. Cinquante sénateurs, dont 44 démocrates et six républicains, se sont prononcés contre. Le texte bloqué au Sénat stipulait que « le mariage aux États-Unis consiste seulement dans l’union d’un homme et d’une femme » et que « ni la Constitution des États-Unis ni celle d’un État de l’Union ne peut être interprétée pour reconnaître que le mariage est autre qu’une union entre un homme et une femme ». Malgré ce revers aux retombées incertaines, les stratèges électoraux républicains espèrent que le débat sur la défense de l’institution du mariage traditionnel va mobiliser leur base conservatrice religieuse du Sud et des États ruraux, à moins de quatre mois des élections présidentielle et législatives. Cette mesure très controversée poussée par le président Bush avait dès le départ peu de chances d’être adoptée. Procédure exceptionnelle, un amendement à la Constitution nécessite, pour être adopté, la majorité des deux tiers des parlementaires dans les deux chambres du Congrès, soit 67 voix au Sénat. Le président Bush avait encouragé en février dernier sa majorité républicaine à adopter un amendement constitutionnel en affirmant que l’institution du mariage était menacée par « des juges militants ». Le sénateur républicain Rick Santorum, de Pennsylvanie, l’un des plus fervents avocats de cet amendement, a déclaré peu avant le vote mercredi « que l’avenir du pays est en jeu car l’avenir de l’institution du mariage, le fondement de la société, est en jeu ». Les défenseurs de cette mesure craignent que la décision de la cour suprême du Massachusetts (nord-est) en novembre 2003 n’ouvre la voie à une remise en cause du mariage. La cour a estimé que le refus du Massachusetts d’émettre des certificats de mariage entre personnes de même sexe était contraire à la Constitution de cet État. Selon eux, il est inévitable que la cour suprême fédérale ne finisse par décider que la loi fédérale de 1996, interdisant le mariage homosexuel, est contraire à la Constitution américaine, ce que contestent démocrates et républicains modérés. Pour les démocrates, ce projet d’amendement était avant tout «une tactique républicaine pour diviser la nation et en tirer des avantages politiques en cette année d’élection (...) en excitant leur base ultraconservatrice à l’esprit étroit », selon les mots du sénateur Ted Kennedy. Réagissant au vote, le sénateur John Kerry, candidat démocrate à la Maison-Blanche, a affirmé dans un communiqué que « même des républicains concèdent que cet amendement a seulement été présenté pour en tirer des profits électoraux ». « Je pense que les Américains méritent mieux de leurs dirigeants. Quand je serai président, je ferai mon possible pour unir la nation et bâtir une Amérique plus forte », a-t-il promis. Les analystes s’accordent à dire que la tactique républicaine pourrait se retourner contre eux. Les sondages montrent qu’une majorité de l’électorat partage les positions de John Kerry, à savoir son opposition à la fois au mariage homosexuel et à un amendement interdisant le mariage gay, vu comme discriminatoire pour, par exemple, les unions civiles d’homosexuelles reconnues dans nombre d’États.
Le Sénat américain a rejeté à une large majorité mercredi un amendement constitutionnel controversé visant à interdire le mariage homosexuel, qui avait pourtant l’appui des ténors républicains et du président George W. Bush, en pleine campagne de réélection.
Ce vote de procédure a envoyé sans surprise cette mesure sur une voie de garage.
Les républicains eux-mêmes...