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THÉÂTRE - Jusqu’au 2 mai, au West Hall, AUB « Gilgamesh », ou l’homme qui avait envie de vivre plus longtemps (photos)

Le Drama Club et le Civilization Sequence Program de l’AUB présentent, dans une mise en scène de Peter Shebaya, une production et une scénographie de David Kurani et de Shérif Abdelnour, Gilgamesh, sans doute le plus ancien texte littéraire écrit pas les hommes et connu à ce jour. Cette épopée, vieille de trois mille ans avant Jésus-Christ, narre l’histoire de ce roi d’Uruk (aujourd’hui Warka, entre Bassora et Bagdad) parti à la recherche de la vie sans fin. Plus de trente acteurs prennent part à cette production qui, il faut le rappeler, est le fruit d’une collaboration entre quelques professeurs et des étudiants amateurs des planches qui œuvrent là par simple amour du théâtre, cette discipline n’étant malheureusement pas inscrite au programme de l’université. Gilgamesh (justement campé par Shérif Abdelnour) est dur et intransigeant. Il est jeune et doté d’une force colossale, ce qui le conduit à des actions qui tyrannisent son peuple. Pour le modérer un peu, les dieux vont monter un plan en utilisant Enkidu (Abdel Razzak Itani), une créature primitive, hirsute et sauvage qui vit parmi les bêtes et mange de l’herbe. Averti de son existence par un chasseur, Gilgamesh lui envoie une courtisane d’Uruk afin de le « civiliser » un peu. Cette fille lui apprend plusieurs plaisirs : en lui dévoilant son sein (et tout le reste), en s’unissant à lui, en lui faisant manger du pain et boire une boisson alcoolisée, en l’habillant… Ainsi initié, Enkidu la suit à Uruk où elle l’engage à comparer sa force à celle de Gilgamesh. Mais comme aucun ne l’emporte sur l’autre, Gilgamesh (ravi d’avoir enfin trouvé un adversaire à sa taille) lui offre son amitié. Plus tard, Gilgamesh est pris de l’envie d’offrir à la postérité un exploit extraordinaire : aller couper des cèdres sur la montagne (du Liban ?) Le défi est de taille car il s’agit là d’un lieu sacré et magique, gardé par le monstre Houmbaba. Les deux héros chevelus réussissent leur mission. Mais il leur a quand même fallu l’aide du dieu soleil Shamash pour triompher. Cet exploit ne manque pas d’attirer sur Gilgamesh l’attention de la déesse Ishtar. Elle lui fait des avances. Le héros les refuse. Profondément vexée, Ishtar envoie le taureau céleste à l’assaut des deux compères. Les deux héros réussissent à le vaincre et jettent à la figure d’Ishtar un (ou le ?) membre de la bête. C’est la gloire pour eux, mais c’est aussi la colère des dieux qui trouvent que les choses sont allées trop loin et condamnent Enkidu à la mort. Celui-ci meurt dans les bras de Gilgamesh qui est effondré de douleur. Le déluge avant Noé ! Confronté à l’injustice suprême et à l’angoisse de la mort alors qu’il peut accomplir tant exploits, Gilgamesh, en proie à une profonde crise de conscience, quitte Uruk pour se lancer dans un nouvel exploit, mais cette fois un exploit au-dessus de tout : la quête de l’immortalité ! Il va donc à la recherche d’une plante de jouvence auprès d’Utanapishtim qui lui fait l’étrange récit d’un déluge. Un récit antérieur de 3000 ans à l’épisode de Noé dans la Bible. À peine a-t-il pu se procurer la plante que Gilgamesh se la fait dérober par un serpent et comprend qu’il n’est pas dans la nature de l’homme de vivre immortel. C’est donc les mains vides que Gilgamesh rentre dans sa ville. Mais ses longues années d’errance, les épreuves qu’il a endurées et sa rencontre avec Utanapishtim, véritable parcours initiatique, l’ont transformé. C’est un homme sage qui remonte sur le trône d’Uruk. Pour une épopée, une mise en scène épique ? Pas vraiment puisque, par moments, on a l’impression de se trouver devant une crèche animée géante. Il y a là des arbres qui marchent, des marionnettes géantes, des têtes d’oiseaux, des dieux qui s’amusent du sort des mortels… Et une musique originale, jouée live par la troupe Masrah el-Arab – Ghazzan Bouz (percussions), Rami Hallal (batterie) et Fadi Najjar (tabla) – qui s’est inspirée de l’album de Tony Garone, L’épopée de Gilgamesh, et de la musique arabe moderne en général. Les 135 minutes de leçon d’humanité passent sans trop de dégâts. Au contraire. On suit avec une certaine sympathie les aventures de ces étudiants qui ont mis temporairement de côté leurs livres d’économie, de sciences politiques et de business pour l’amour du spectacle. Recherche de soi, érotisme, naissance, besoin de l’autre, amitié, quête du monde, épreuves qui nous feront nous perdre puis nous retrouver, projet où l’on bâtit sa vie, bataille pour celle-ci, folie d’une existence sans fin, refus de soi effacé, rayé, oublié, besoin de mémoire, passage, relais, paroles, corps dansants, tout ici renvoie à l’homme, à la vie. À l’envie de vie, sans fin, immense. Maya GHANDOUR HERT * À l’auditorium Bathich, du West Hall, AUB. Jusqu’au 2 mai, à 20h précises. Relâche les lundis et mardis.

Le Drama Club et le Civilization Sequence Program de l’AUB présentent, dans une mise en scène de Peter Shebaya, une production et une scénographie de David Kurani et de Shérif Abdelnour, Gilgamesh, sans doute le plus ancien texte littéraire écrit pas les hommes et connu à ce jour. Cette épopée, vieille de trois mille ans avant Jésus-Christ, narre l’histoire de ce roi...