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EXPOSITION Jongkind, ou l’impressionnisme avant la lettre (photo)

«Précurseur» des impressionnistes, selon leurs propres termes, Johan Barthold Jongkind (1819-1891) fait l'objet d'une rétrospective au musée d'Orsay, qui réunit jusqu’au 5 septembre tout à la fois peintures et œuvres graphiques. Une rareté, puisque la plupart des quarante dessins et aquarelles – présentés aux côtés d'autant de peintures – sont assignés à résidence au musée, selon le vœu de leur donateur, le collectionneur Étienne Moreau-Nélaton, mort en 1927. «Ce qui frappe d'emblée, souligne Sylvie Patin, commissaire de l'exposition, c'est ce sens de la lumière qui émane dès ses premières toiles en Hollande.» Le bleu du ciel de la Vue de Delft, comme les grisés des nuages d'une Scène d'hiver, ou la touche étirée d'un canal aux eaux étales à Overschie transfusent aussitôt la sensation du froid, de l'humide, de la douceur du soir. Le «vrai maître» de Monet Peintre de Paris et de la Seine, Jongkind s'attache à ces clairs de lune, ces couchers de soleil qui feront dire au critique Louis de Fourcaud: «L'avenir le nommera, entre Corot et Monet, comme le trait d'union entre deux époques.» Car si le choix des points de vue, le sens aigu des premiers plans et des détails, la matérialité picturale évoquent Corot, on parle dès 1863 des «impressions» de Jongkind: «On dirait des ébauches jetées à la hâte, par crainte de laisser échapper l'impression première», souligne Émile Zola. Boudin, Monet, ceux qu'on nommera plus tard «les impressionnistes», ne s'y trompent pas, qui s'émerveillent lors de séjours sur la côte normande des esquisses fulgurantes de ce «grand diable de blond aux yeux bleus, patoisant hollando-français. Il fut mon vrai maître et c'est à lui que je dus l'éducation définitive de mon œil», confiera l'auteur des Nymphéas. Néerlandais ou français? Outre cette première grande exposition monographique déjà montrée à La Haye et à Cologne – sans ces œuvres graphiques –, la fondation Custodia propose un «Jongkind intime» à l'Institut néerlandais. Situé rue de Lille, à un jet de pierre du musée d'Orsay, il présente, du 2 juin au 18 juillet, dessins, estampes et lettres de Johan Barthold Jongkind, issus de la fabuleuse collection Frits Lugt. Jongkind était-il néerlandais ou français? Les pays nordiques revendiquent le peintre comme un des leurs... la France aussi. Né en Hollande, à Lattrop, Jongkind serait probablement devenu notaire si son étonnant talent de dessinateur, encouragé par sa mère, n'avait heureusement contrarié cette voie: le peintre Eugène Isabey, de passage à La Haye en 1845, le convainc de venir travailler dans son atelier à Paris. Après un dernier séjour en Hollande en 1869, Jongkind revient en France et s'installe dans le Dauphiné, près de Grenoble, à la Côte-Saint-André, où il sera inhumé en 1891, non sans avoir, à défaut de fortune, acquis l'admiration unanime de ses pairs. Paul Signac saluera notamment celui qui, «le premier, répudie la teinte plate, morcelle sa couleur, fractionne sa touche à l'infini et obtient les colorations les plus rares par des combinaisons d'éléments multiples ou presque purs».
«Précurseur» des impressionnistes, selon leurs propres termes, Johan Barthold Jongkind (1819-1891) fait l'objet d'une rétrospective au musée d'Orsay, qui réunit jusqu’au 5 septembre tout à la fois peintures et œuvres graphiques.
Une rareté, puisque la plupart des quarante dessins et aquarelles – présentés aux côtés d'autant de peintures – sont assignés à...