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L’entente nationale en point de mire Spéculations sur les aptitudes du prochain chef de l’État

Qu’est-ce qui vaut mieux, un président qui plaise à la Syrie ou au peuple ? L’un et l’autre ne sont pas forcément inconciliables, répondent certains politiciens et dignitaires religieux. Pour qui il n’est pas impossible qu’un président entretenant des liens privilégiés avec la Syrie les mette justement à profit pour le bien des Libanais. Et pour réaliser ce qui n’a pu l’être durant les régimes précédents. C’est-à-dire, en tout premier lieu, pour donner corps à une véritable entente nationale. En commençant par un geste symbolique fort, la libération de Samir Geagea. Soit par un décret spécial. Soit par la correction de la loi d’amnistie initiale, qui n’aurait pas dû comporter d’exceptions, puisqu’il s’agissait de tourner une fois pour toutes la sinistre page de la guerre. Pour ouvrir une nouvelle ère de pardon général mutuel et de concorde, ce qui n’a pas été fait. Dans le même ordre d’esprit, il faut cesser les poursuites engagées contre le général Michel Aoun et lui permettre de retourner au pays afin d’y développer, s’il le souhaite, une activité politique normale, sous le toit de la légalité. Quant à la Constitution, s’il faut la réviser, ce n’est pas pour avantager tel ou tel pouvoir, mais pour rééquilibrer leurs rapports, en vue d’un meilleur rendement collectif. Bien entendu, le processus de révision ne peut s’accomplir que dans un cadre de large consensus. En ce qui concerne les naturalisations, on ne doit pas se contenter d’annuler celles qui ont été obtenues frauduleusement. Il faut une loi qui fixe les conditions d’octroi de la nationalité libanaise. Afin qu’elle ne soit plus accordée d’une manière discrétionnaire, au gré de certains intérêts, électoraux ou autres. Parallèlement, les émigrés devraient recouvrer leur nationalité libanaise. Du côté de la réforme, elle doit être politique autant qu’administrative. Il est donc nécessaire d’élaborer une nouvelle loi électorale pour les législatives fondée sur la petite circonscription ou le caza, pour une saine représentation de proximité. Loin des blocs parachutés dont la population ne connaît pas les membres. Il faut de même une nouvelle loi électorale pour les municipales. Car les dispositions actuelles ne permettent pas, comme on sait, d’assurer le représentation des minorités communautaires locales, pour consistantes qu’elles soient. Ce qui porte atteinte au principe premier de la coexistence. Toujours dans le cadre de la réforme, il serait temps de mettre en place cette décentralisation administrative dont on parle depuis tant d’années. Comme on doit parachever l’application de Taëf, et de cela aussi on parle depuis des années, il convient d’œuvrer sérieusement à l’abolition du confessionnalisme politique. C’est la seule voie à suivre pour réaliser le civisme bien compris, voire l’esprit national. Il faut mettre en place le comité prévu à cet effet. Dont la toute première mission serait de fondre en un même moule l’enseignement et les manuels pédagogiques. Toujours par rapport aux préceptes de Taëf et au simple bon sens, il faut que l’État libanais recouvre sa pleine souveraineté, étende son autorité sur l’ensemble du territoire par le seul truchement de ses forces propres. Cet objectif doit être atteint en concertation avec le gouvernement syrien. Les accords sécuritaires ou stratégiques conclus entre les deux pays doivent garantir à l’un et à l’autre une protection commune pour que ni le Liban ne représente jamais une menace pour la Syrie ni l’inverse. Dans le cadre sécuritaire, il est également évident que toutes les formations, les milices, libanaises ou non, doivent être désarmées. Pour en revenir au prochain président, s’il a de bonnes relations avec la Syrie, il peut aider à la réalisation de tous les points cités. Mais encore faut-il qu’il ne soit pas, comme d’autres, de ceux qui donnent sans rien recevoir en échange pour leur pays. Il peut s’inspirer de l’exemple de Fouad Chéhab, qui coordonnait avec Nasser les questions de défense ou de politique étrangère, mais réglait entre Libanais les questions intérieures à l’ombre d’un État de droit et des institutions. Il avait ainsi créé les organismes de contrôle pour combattre la corruption, épurer l’Administration et la réguler. Émile KHOURY
Qu’est-ce qui vaut mieux, un président qui plaise à la Syrie ou au peuple ?
L’un et l’autre ne sont pas forcément inconciliables, répondent certains politiciens et dignitaires religieux. Pour qui il n’est pas impossible qu’un président entretenant des liens privilégiés avec la Syrie les mette justement à profit pour le bien des Libanais. Et pour réaliser ce qui...