La collision de deux trains en Corée du Nord montre l’état de déliquescence des infrastructures ferroviaires dans l’État stalinien, estiment des experts et des transfuges. « Ce genre de drame n’attend qu’une occasion pour arriver. Nous avions deux ou trois accidents chaque mois quand j’étais là-bas », déclare un ancien employé du rail nord-coréen réfugié à Séoul. Le système ferroviaire nord-coréen, qui représente 90 % des transports, utilise des trains usés jusqu’à la corde, la plupart en service depuis trente ans, voire plus. Les rails recouverts de rouille ne respecteraient pas des normes de sécurité normales et ne sont pas en mesure de supporter le poids des trains de marchandise. L’ensemble du système est opéré à la main par un personnel qui vit souvent sur des rations de nourriture juste suffisantes pour ne pas mourir de faim. « Toute erreur de la part d’un ouvrier distrait peut mener au drame », ajoute le transfuge, Kim Yong-Hwa. Les trains sont souvent en retard notamment en raison des coupures de courant fréquentes dans le pays. La Corée du Nord est en proie à une véritable pénurie d’électricité qui paralyse son économie. Un diplomate occidental de retour de l’État stalinien a récemment indiqué que l’économie nord-coréenne, dynamique dans les années 70, « n’existe plus ». L’ensemble des installations industrielles du pays représentait une valeur cumulée de 1,9 milliard de dollars en 2000, soit 0,4 % de celle de la Corée du Sud, selon la Banque centrale sud-coréenne. La technologie nord-coréenne accuse un retard d’une trentaine d’années par rapport à son voisin du Sud dans des secteurs-clés de l’industrie, estime la banque. Les trains sont toujours bondés, certains passagers s’accrochant aux portes et fenêtres tandis que d’autres sont perchés sur le toit.