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Le sociologue est le premier laïc à être nommé recteur de l’Institut catholique de Paris Joseph Maïla: Je suis le fils et le disciple de la tradition éducative jésuite(photo)

Paris, d’Élie MASBOUNGI Pour la première fois depuis sa création en 1875, l’Institut catholique de Paris a élu un laïc comme recteur. Il s’agit du Dr Joseph Maïla, un Libanais de 56 ans qui dirigera, à partir de la prochaine rentrée, une université de plus de 20000 étudiants regroupant une quarantaine de facultés et d’écoles supérieures dont la spécialisation va de la théologie et des sciences religieuses aux sciences techniques, du génie aux lettres, des sciences humaines à la gestion. La « Catho » de Paris compte de prestigieuses institutions, telles que l’École supérieure des sciences économiques et sociales (Essec), l’École des psychologues praticiens, l’Institut supérieur de traduction et d’interprétation (Isit), l’Institut supérieur d’agriculture de Beauvais (Isab), ou des écoles de chimie, de géologie, d’informatique qui côtoient des facultés réputées de théologie, de pédagogie, de philosophie, de lettres et une préparation aux concours des instituts d’études politiques ou une faculté de sciences sociales et économiques connue pour ses formations en sociologie des conflits, en actions humanitaires et en gestion des ressources humaines. Dans un entretien accordé à L’Orient-Le Jour, Joseph Maïla affirme: « La charge de recteur d’université est multiple. Elle est autant académique que de représentation. Elle consiste à valoriser les formations et les enseignements, veiller à leur qualité et les développer en favorisant de nouvelles orientations. À l’Institut catholique de Paris, il y a aujourd’hui une quarantaine d’institutions, réparties en facultés, grandes écoles et organismes divers qui regroupent des disciplines très diverses. Le tout regroupe près de 22 000 étudiants. Le défi à présent est de créer entre elles une synergie et d’instaurer la transversalité entre les différentes spécialisations. Cette tâche se situe à un niveau européen puisque nous nous orientons vers un grand espace européen de l’éducation supérieure, qui favorisera les alliances entre des universités européennes et développera les échanges entre étudiants et professeurs. L’accent est mis aussi de plus en plus sur les formations “professionnalisantes”, celles qui permettront aux étudiants de trouver leur place sur le marché de l’emploi. Ma première préoccupation sera de donner toute leur place en Europe et en France à nos formations. » Et M. Maïla de poursuivre: « L’Institut catholique est aussi une institution qui possède une identité forte qui puise ses racines dans une vision chrétienne et humaniste de l’homme. Il faudra préserver cette identité et la renforcer dans un monde de plus en plus individualiste, technicien et finalisé à la consommation. » « Je ne peux pas oublier le Liban dans le contexte d’une coopération plus large. Le Liban a une tradition universitaire ancienne, de qualité, ouverte sur le monde. J’ai eu la chance de bénéficier de l’excellence de cette éducation. Je n’oublie pas tout ce que je dois à mes maîtres, les pères jésuites, de Notre-Dame de Jamhour à l’Université Saint-Joseph, dans laquelle j’ai eu aussi l’honneur d’enseigner. Je suis le fils et le disciple de cette tradition éducative. Elle est pour moi un héritage culturel et spirituel. Je m’efforcerai de m’acquitter de cette dette contractée envers mes professeurs et plus largement envers tous ceux qui se consacrent à la formation des jeunes de mon pays dans un esprit de tolérance, de dialogue et de liberté, en travaillant à la coopération la plus large entre les facultés et les organismes de la “Catho” et les universités du Liban », a-t-il ajouté. Joseph Maïla a fait ses études au Collège Notre-Dame de Jamhour puis à l’Université Saint-Joseph, où il a obtenu une licence en droit et une autre en sciences politiques. Il devait obtenir par la suite une maîtrise en philosophie de l’École des lettres de Beyrouth. À Paris où il poursuit ses études, Joseph Maïla devient docteur en philosophie, docteur en sciences sociales, lauréat (major de promotion) de l’Institut d’études politiques puis diplômé d’études approfondies de droit international public. De 1978 à 1984, il était chef du département de philosophie et vice-doyen de la faculté des lettres et de sciences humaines de l’USJ, dont le doyen était alors le RP Sélim Abou. Depuis sept ans, le Dr Maïla était doyen de la faculté de sciences sociales et économiques de l’Institut catholique de Paris. Il est également directeur du Centre de recherches sur la paix ainsi que de l’Institut parisien de formation à la médiation et à la négociation. Spécialiste de la géopolitique et plus particulièrement de l’islam et du Moyen-Orient, Joseph Maïla est expert auprès d’organisations internationales. En 1994, il avait été chargé par l’Unesco de concevoir le Centre international des sciences de l’homme de Byblos et de préparer les accords entre le Liban et l’Unesco qui régissent cet institut. Joseph Maïla collabore aux revues Esprit et Études. Il est éditorialiste du quotidien La Croix. Après la signature des accords de Taëf, Joseph Maïla avait rédigé une étude sur le document publié à Oxford en 2003. L’année dernière, il a cosigné avec Mohammed Arkoun un ouvrage sur le 11 septembre et ses répercussions intitulé De Manhattan à Bagdad. Au-delà du bien et du mal. Le service de presse de l’ambassade du Liban a diffusé lundi dernier un communiqué annonçant la nomination de Joseph Maïla au rectorat de l’Institut catholique de Paris présidé par le cardinal Lustiger. Le communiqué précise que le nouveau recteur est libanais et français et qu’il est père de deux enfants. Joseph Maïla a reçu de nombreuses félicitations de personnalités françaises, libanaises et étrangères ainsi que de centaines de Libanais de France.
Paris, d’Élie MASBOUNGI

Pour la première fois depuis sa création en 1875, l’Institut catholique de Paris a élu un laïc comme recteur. Il s’agit du Dr Joseph Maïla, un Libanais de 56 ans qui dirigera, à partir de la prochaine rentrée, une université de plus de 20000 étudiants regroupant une quarantaine de facultés et d’écoles supérieures dont la spécialisation...