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L’ancien président justifie les décisions de 95 Hraoui répond à Pakradouni sur la prorogation de son mandat

La reconduction, prise comme sujet de polémique, engendre des variantes rétroactives. En effet, une vive controverse sur le précédent Hraoui agite actuellement les milieux politiques. Le principal intéressé intervient lui-même. Par la force des choses, pour ainsi dire, car il s’est trouvé ciblé directement par Karim Pakradouni. Qui, dans un article de presse, fait état d’une lettre posthume du président Sarkis, décédé il y a vingt ans, déconseillant à l’ancien chef de l’État d’accepter une rallonge. Ce texte, une construction de l’esprit, serait de la main de Pakradouni. C’est ce que relève Hraoui. Relancé par téléphone, l’ancien président déclare en substance qu’il n’a pas connaissance d’une telle missive du regretté président Sarkis. « Son auteur, Karim Pakradouni, l’émaille de conseils à mon égard me recommandant de refuser la prorogation. J’ignore également où se trouvait Pakradouni le jour où il a rédigé cette lettre par procuration. Était-il occupé à visiter l’Irak ou la Libye, je ne sais pas… » Il indique ensuite qu’à travers cette lettre, c’était la première fois qu’il prenait connaissance d’arguments déterminés, présentés sous forme de batterie analytique. Pour souligner une omission, qu’il entreprend de réparer tout de suite : l’évocation des circonstances et des raisons qui l’avaient poussé à accepter de rester. Il affirme d’abord que nombre de leaders, dont le regretté Raymond Eddé, l’avaient encouragé. Ainsi que le gouvernement tout entier, son chef principalement. Selon lui, c’est cette vague libanaise qui avait incité le président Hafez el- Assad à lui lancer, lors d’une entrevue de plus de cinq heures, que « la conjoncture régionale implique que l’on ne s’aventure pas à tenter des changements au niveau des autorités. Car, nous avons besoin de continuité sur le plan politique, maintenant que les négociations de Madrid ouvrent la voie à une paix possible. La confiance et la coopération qui existent entre nous nous facilitent la tâche. Nous pourrons de la sorte faire face, solidement et avec optimisme, à la prochaine phase. C’est pourquoi je vous suggère de proroger, sans pleurer. » Ensuite, « j’ai dit : alors que cela soit pour trois ans. Il m’a répondu d’accord. Considérons cela comme une compensation pour les trois ans et huit mois que vous avez dû subir en déraciné au début du régime. » Puis Hraoui affirme qu’il avait quand même objecté, en se référant au sort peu enviable des précédents reconductionnistes. Mais Assad lui aurait rétorqué que la situation était alors tout à fait différente. L’ancien chef de l’État reprend les indications fournies dans son ouvrage Retour de la République, des mini-États à l’État. À savoir que le 16 octobre de cette année-là il avait été surpris par le rush des médias au palais présidentiel. Pour apprendre que le président Hariri les avait convoqués, en vue d’une proclamation importante. Auparavant, le Conseil de cabinet, réuni à Sanayeh, avait à l’unanimité émis une pétition demandant au chef de l’État de requérir un projet de loi pour la prorogation, via l’amendement de l’article 49 de la Constitution. Simultanément, le président Berry publiait une demande dans le même sens, au nom des blocs parlementaires. En rendant hommage au courage du président Hraoui, à ses efforts en faveur de la paix civile, à sa coordination avec la Syrie. Bref, après une séance du Conseil des ministres à Baabda, au cours de laquelle le gouvernement a rendu hommage à son tour au chef de l’État, pour le prier de rester, un projet de loi d’amendement de l’article 49 a été transmis à la Chambre, Pour une dérogation de prorogation valable une seule fois et devant se terminer le 23 novembre 1998. L’histoire va-t-elle repasser le même plat ? La reconduction ou la prorogation du mandat présidentiel sont-elles possibles ? En 1995, l’armée américaine n’était pas en Irak, les relations syro-américaines n’étaient pas tendues, les espoirs de pourparlers de paix fructueux n’étaient pas abandonnés. Et sur le plan intérieur, l’opposition à l’amendement était loin d’être aussi forte qu’aujourd’hui. Certains pensent cependant que le maintien d’un haut degré de tension régional, et dans les relations syro-américaines, pourrait favoriser la prorogation. Au titre de l’argument déjà évoqué par le président Hafez el-Assad devant le président Hraoui. À savoir que la gravité de la situation régionale n’autorise pas les changements de direction. Mais d’autres estiment que la pression extérieure est si forte que toute décision s’apparentant à un défi, comme la reconduction, est à exclure. Émile KHOURY
La reconduction, prise comme sujet de polémique, engendre des variantes rétroactives. En effet, une vive controverse sur le précédent Hraoui agite actuellement les milieux politiques. Le principal intéressé intervient lui-même. Par la force des choses, pour ainsi dire, car il s’est trouvé ciblé directement par Karim Pakradouni. Qui, dans un article de presse, fait état...