Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

ÉCLaIRAGE - Le n° 2 de l’État souligne l’incurie de l’Exécutif, alors que des lois restent bloquées au Parlement Berry met le doigt sur la plaie, mais oublie de balayer devant sa porte

Même s’il pourrait sembler dommage que ses (ré)actions soient désormais principalement dictées par sa volonté d’officialiser, aux yeux des Libanais et de leurs voisins, sa brouille réelle ou virtuelle avec son allié des jours pairs, Rafic Hariri, il n’en demeure pas moins que Nabih Berry donne l’impression de retrouver depuis quelque temps, à l’instar de ses mots d’hier, les droits et les devoirs censés être ceux d’un président de la Chambre au Liban : questionner, interpeller, critiquer, mettre le doigt sur la plaie et demander, d’une manière ou d’une autre, des comptes au gouvernement. Et la manière de Nabih Berry, son savoir-faire, ses attaques, aussi truculents, sarcastiques et hugoliens puissent-t-ils paraître, sont particulièrement efficaces en ce sens qu’ils vont droit dans le mille, et amplifient à souhait – sans doute délibérément – l’écho du ras-le-bol populaire à l’encontre du gouvernement. Tout en libanisant fort à propos La Fontaine, son savetier et son financier. « Les Libanais doivent remercier encore plus Dieu parce que – et rendons grâce à Dieu – il n’y a ni Conseil des ministres ni session extraordinaire au Parlement. Et c’est tant mieux : les démunis n’ont pas à se soucier de l’art des finances. D’autant que cet état pourrait être amené à durer, puisque le peuple semble repu et satisfait », a dit l’ineffable n° 2 de l’État, cité par ses visiteurs d’hier. Dont ne faisait pas partie le Premier ministre, qui s’est pourtant rendu place de l’Étoile pour assister à la réunion de la commission parlementaire de l’Administration et de la Justice. Il est effectivement impossible de se brouiller plus officiellement que cela... Louable donc dans son entreprise actuelle – tirer à vue et à raison sur un Exécutif stérile, resquilleur, paresseux, coupable d’incurie et de non-assistance à citoyens en danger et qui a bien manœuvré, selon lui, pour éviter une session parlementaire extraordinaire –, Nabih Berry n’en devrait pas moins pourtant balayer d’abord devant sa porte. Qu’attend-il, en effet, pour débloquer la loi sur la CNSS, censée rééchelonner l’astronomique dette – 1 000 milliards de livres libanaises – que l’État doit à cet organisme ? Une CNSS à laquelle les médecins, les dentistes, les pharmaciens, les physiothérapeuthes, les propriétaires de laboratoires et les infirmiers demandent aujourd’hui de payer les 500 milliards de livres qu’elle leur doit. Qu’attend Nabih Berry, dans une autre mesure, pour débloquer la loi sur les loyers ? Ou bien d’autres encore, qui croupissent depuis des lustres dans ses tiroirs résolument bien cadenassés ? Le président de la Chambre joue certes serré pour négocier, auprès des décideurs du Barada, la reconduction de son contrat public une fois connu le successeur d’Émile Lahoud, une fois terminées les prochaines législatives. On dit que le locataire de Aïn el-Tiné ne serait pas contre une loi basée sur le caza comme circonscription électorale. Il lui reste donc, s’il veut regagner (ou conforter, c’est selon) sa popularité auprès de l’opposition, à se battre pour que cette loi voie le jour. Ce serait une bien belle manière de terminer un mandat – ou d’appréhender, plus sereinement, le prochain. Ziyad MAKHOUL
Même s’il pourrait sembler dommage que ses (ré)actions soient désormais principalement dictées par sa volonté d’officialiser, aux yeux des Libanais et de leurs voisins, sa brouille réelle ou virtuelle avec son allié des jours pairs, Rafic Hariri, il n’en demeure pas moins que Nabih Berry donne l’impression de retrouver depuis quelque temps, à l’instar de ses mots...