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La remise de l’ex-dictateur renvoie les habitants de la capitale à leurs querelles

Le destin du président déchu Saddam Hussein, passé hier sous la responsabilité juridique du gouvernement irakien, divise les habitants de Bagdad, encore perplexes sur le sens de leur souveraineté retrouvée. « Je suis complètement abattu ! » déclare Oudaï al-Obeïdi, 30 ans, un sunnite du quartier de Doura, dans le sud de la capitale. « La dignité de l’Irak a été piétinée avec la chute de Saddam, mais beaucoup d’imbéciles ne s’en rendent pas encore compte », affirme le jeune homme. Dans le quartier majoritairement sunnite d’Adhamiya, un repaire de nostalgiques de Saddam Hussein, l’humeur est morose dans la population préoccupée par l’insécurité et les difficultés économiques. « J’aime Saddam. Il ne m’a pas fait de mal, ni à moi ni à ma famille, il ne s’en prenait qu’à ceux qui lui faisaient du mal », affirme une femme d’âge moyen, refoulant ses larmes, qui refuse de donner son nom. Elle explique que son mari, officier sous l’ancien régime, est au chômage depuis la dissolution de l’armée. « Bien sûr qu’elle dit ça parce qu’elle et sa famille ont profité du régime de Saddam. Pour le reste d’entre nous, c’était un cauchemar », intervient Rahim Mayah-Rabia, 43 ans, qui peint une boutique à proximité et interrompt son travail. De l’autre côté du Tigre, dans le quartier essentiellement chiite de Kazimiya, les habitants jouissent pleinement de leur liberté d’exprimer leurs croyances, après des décennies de répression sous le régime déchu, dominé par les sunnites. « Saddam est inhumain et mérite de mourir un million de fois », estime cheikh Sultan al-Kazimi, qui écrit des poèmes à la gloire de Hussein, le deuxième imam du chiisme, chéri pour sa mort tragique. Il précise avoir souvent été emprisonné sous Saddam Hussein, et que trois de ses cousins ont été exécutés. « Saddam est mauvais ! » s’exclame Adel al-Khazaali, un travailleur d’une quarantaine d’années. « Il est comme un serpent : il faut lui couper la tête pour s’en débarrasser, ajoute-t-il. Les Irakiens ne seront libérés de leur cauchemar que lorsqu’il sera parti pour de bon. »

Le destin du président déchu Saddam Hussein, passé hier sous la responsabilité juridique du gouvernement irakien, divise les habitants de Bagdad, encore perplexes sur le sens de leur souveraineté retrouvée.
« Je suis complètement abattu ! » déclare Oudaï al-Obeïdi, 30 ans, un sunnite du quartier de Doura, dans le sud de la capitale. « La dignité de l’Irak a été...