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Actualités - OPINION

L’empoignade interne est quasiment absurde

Selon ce ministre influent, il ne sert à rien de se crêper le chignon localement tant que les décideurs ne se sont pas prononcés au sujet de la présidentielle. Si, en définitive, ils vont intervenir, il en sera fait à leur gré. Et s’ils restent officiellement neutres, comme l’a promis le président Assad, il faudra quand même voir de quel côté leur influence, également certifiée par le chef de l’État syrien, fera pencher la balance. Ce même ministre indique ensuite sa propre tendance. En affirmant que, dans tous les cas, le droit de parole ne doit pas être monopolisé par les partisans de la reconduction. Les opposants devant également avoir le champ libre pour s’exprimer. Ce qui est en fait le cas. Dès lors, la protestation de la source citée vise, sans doute, l’attitude de « fait accompli » adoptée par les reconductionnistes. On sait en effet que ces deux dernières semaines, ils ne cessent de répéter que leur option est déjà retenue. Le ministre en question estime à ce sujet que les décideurs manœuvrent pour renforcer leurs atouts. Ils laissent les reconductionnistes propager leurs certitudes, tandis que l’opposition reste discrète sinon muette. Pour négocier avec les Américains et avec les Français sur la base d’une reconduction voulue par les Libanais eux-mêmes. Alors qu’elle est évidemment refusée par les Occidentaux, comme par des parties locales. De la sorte, ajoute le ministre, les tuteurs disposent d’une large marge de troc. Ils feraient mine de céder sur la prorogation, moyennant un feu vert du dehors comme de l’intérieur pour parachuter un nouveau président leur convenant parfaitement. Selon ce ministre, si la Syrie veut vraiment laisser les coudées franches aux Libanais, alors elle doit les laisser tous proclamer librement leurs vues. Afin que le jeu démocratique se déroule normalement. Sans menaces voilées de pressions visant à assurer la majorité requise pour l’amendement de l’article 49. Pour que l’on détermine le volume de chaque camp, avec ou contre la reconduction. Et non qu’elle permette à une seule partie de mener campagne. Ce ministre estime par ailleurs que les reconductionnistes actuels accusent un net déficit d’argumentation convaincante. Il rappelle que du temps de Béchara el-Khoury, ses partisans avaient fait valoir qu’après avoir réalisé l’indépendance, il lui faudrait un deuxième mandat pour instaurer un État digne de ce nom. De même, les chamouniens devaient à leur tour affirmer que le maintien du président était gage de la poursuite de la prospérité qu’il avait générée. Quant aux chéhabistes, ils se réclamaient de la nécessité de ne pas compromettre, par un changement à la tête de l’État, les réformes initiées par le président-général. Mais le peuple a renversé le régime el-Khoury renouvelé, et les événements de 58 ont empêché le président Chamoun de rempiler. Quant au président Chéhab, il a renoncé, car il lui semblait impossible de réformer la politique, et le système économique, comme il l’avait fait pour l’Administration. Que dire alors du régime issu de Taëf, qui l’a privé du pouvoir exécutif ? Comment son titulaire peut-il espérer, sans en avoir les moyens, réaliser pendant un deuxième mandat ce qu’il n’a pu mener à bien lors du premier ? Il ne peut y parvenir qu’en contournant, ou en enfreignant, les dispositions constitutionnelles relatives aux prérogatives. Mais on tenterait, évidemment, de l’en empêcher. Et s’il y parvenait quand même, on entendrait de nouveau les protestations anciennes sur la participation, avec d’incessantes secousses ou crises politiques internes. Ce qui mettrait, comme jadis, la coexistence en péril. Tout cela étant connu, certains se demandent pourquoi le président Lahoud, suivant l’exemple du président Chéhab, ne prend pas l’initiative de proclamer qu’en tout cas, il refuse d’envisager un deuxième mandat. D’autres répondent en indiquant qu’en réalité, les décideurs ne souhaitent pas lâcher la carte négociatoire de la reconduction. Émile KHOURY
Selon ce ministre influent, il ne sert à rien de se crêper le chignon localement tant que les décideurs ne se sont pas prononcés au sujet de la présidentielle. Si, en définitive, ils vont intervenir, il en sera fait à leur gré. Et s’ils restent officiellement neutres, comme l’a promis le président Assad, il faudra quand même voir de quel côté leur influence, également...