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ÉCLAIRAGE L’Administration, une machine à broyer l’argent du contribuable Jisr : 87 % des dépenses du ministère de l’Éducation vont aux salaires

Visiblement, ce n’était pas là son intention... mais le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, M. Samir el-Jisr, a réussi à donner un formidable coup de pied dans la fourmilière de l’Administration qui, d’après les chiffres effarants cités hier encore, apparaît de plus en plus comme une monstrueuse machine à broyer l’argent du contribuable. C’est à l’occasion d’un séminaire à but strictement pédagogique que M. Jisr a notamment déclaré au palais de l’Unesco : « Les études ont montré que 87 % des dépenses du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur vont aux salaires. » En outre, les dépenses publiques consacrées au secteur constituent 11,4 % du PIB, « un des pourcentages les plus élevés du monde », a-t-il précisé, avant d’ajouter : « Il est même supérieur à ce que les pays industrialisés les plus avancés investissent dans ce domaine. » Mais les solutions que préconise M. Jisr sont sans doute plus graves encore que le problème. Il rappelle en effet qu’étant donné l’augmentation de la dette publique, « il convient de chercher de nouvelles ressources financières indispensables au développement de l’enseignement. On peut envisager dans ce cadre une participation de la société civile ». Selon lui, celle-ci « pourrait assurer une partie de ces fonds ». Le ministre se rattrape toutefois en soulignant la nécessité de « contrôler les dépenses à tous les niveaux ». Il est vraiment dommage que ces propos s’incrivent dans un contexte qui a très peu à faire en réalité avec le mal endémique dont souffrent toutes les Administrations du tiers-monde : le gaspillage des deniers publics. De fait, le discours de M. Jisr était axé sur l’élaboration d’une stratégie pédagogique visant à promouvoir l’enseignement non plus seulement au niveau du primaire, mais aussi et surtout à ceux du complémentaire et du secondaire. En effet, si 97 % des Libanais s’inscrivent à l’école primaire, ce taux va en diminuant dans les cycles supérieurs... Le débat sur la question est certes d’un grand intérêt, mais il faut reconnaître qu’au regard de l’accroissement permanent de la dette publique, il demeure accessoire. Les dernières déclarations de M. Jisr sont ainsi inquiétantes à plus d’un titre : elles prouvent d’abord que malgré les dizaines de milliards de dollars empruntés par l’État aux frais du contribuable, les responsables officiels n’ont aucun scrupule à envisager une participation encore plus accrue de la société civile. S’il reconnaît d’autre part la nécessité de « contrôler les dépenses », il s’agit là d’une vague ébauche de solution dont le bien-fondé reste d’ailleurs lui-même discutable. On peut se permettre ainsi de douter de la bonne volonté de M. Jisr dans la mesure où ce dernier avait décidé d’embaucher au mois de mars quelque 1 600 enseignants contractuels, en plus des 14 000 existants. À l’un de ses collègues qui l’interrogeait sur la nécessité d’engager un nombre supplémentaire d’instituteurs contractuels, alors qu’il y en a déjà 8 000 de trop, le ministre de l’Éducation avait répondu : « Certains d’entre eux sont trop vieux ou atteints de folie et de maladie psychique. » Bel argument, qui donne de surcroît une idée rassurante de l’état dans lequel se trouve l’Administration libanaise... José JAMHOURI
Visiblement, ce n’était pas là son intention... mais le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, M. Samir el-Jisr, a réussi à donner un formidable coup de pied dans la fourmilière de l’Administration qui, d’après les chiffres effarants cités hier encore, apparaît de plus en plus comme une monstrueuse machine à broyer l’argent du contribuable....