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Actualités - OPINION

L’avenir est au pardon

Frère, Dans tes yeux clairs ne se reflétera plus l’azur de la Méditerranée, mais ton souvenir restera parmi nous comme un oranger amer aux fleurs odorantes. De là où ton âme respire la paix, tu prieras désormais sans crainte pour ta vie. Je ne sais pourquoi ton nom et tes yeux sont fixés à jamais, pour moi, dans ce pré aride de Marj el-Zouhour, où vous avez grelotté tout un hiver, entre la Palestine et le Liban, indésirables ici et là. C’est encore une fois pour la paix que je plaide aujourd’hui devant toi, et que je te demande de plaider devant le Très-Haut. La rancune, la rancœur, c’est comme si l’on conduisait en regardant en arrière. La collision est assurée. Les souvenirs, ce sont des rétroviseurs qui nous permettent de repérer un espace, un champ qui est devant nous. Ce ne devrait jamais être autre chose. C’est en regardant vers l’avenir qu’il faut vivre, non vers le passé. Que ta mort le dise une fois de plus aux vivants. Pour ton peuple et pour toi, pour nos enfants et les leurs, encore une fois laisse-moi dire que seul l’avenir parviendra à nous sortir de la prison du passé, et que l’avenir est au pardon. « Vengeance ! Vengeance ! » crie la foule de tes frères. « Pardon ! Pardon ! » dis-je avec ceux qui croient comme nous. La vengeance ne fera que renforcer le camp de vos bourreaux. Laissons faire le jugement de Dieu, même s’il tarde. Laissons agir la colère, c’est elle qui fera justice. Oui, j’ose le dire, ma douleur de te savoir parti est tempérée de savoir que tu n’as pas tué. Permets-moi d’être heureux que les choses se soient passées ainsi. Maintenant, c’est ton propre sang qui a gagné en audace et en éloquence. Ce n’est plus une lettre ouverte que je t’adresse aujourd’hui, mais une prière qui s’élève vers le Très-Haut et que, mystérieusement, je le crois, ses anges te feront parvenir. Repose en paix, et qu’une brise d’air pur nous vienne de Palestine avec ton souvenir. Fady NOUN
Frère,
Dans tes yeux clairs ne se reflétera plus l’azur de la Méditerranée, mais ton souvenir restera parmi nous comme un oranger amer aux fleurs odorantes. De là où ton âme respire la paix, tu prieras désormais sans crainte pour ta vie.
Je ne sais pourquoi ton nom et tes yeux sont fixés à jamais, pour moi, dans ce pré aride de Marj el-Zouhour, où vous avez grelotté...