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Les contradictions internes semblent relativisées Apparemment à contre-courant, une bonne dynamique d’investissements en marche

Au Liban, ça va mal ? Peut-être, mais ailleurs c’est encore pire, ou guère mieux, à tout prendre. Et puis qui ne risque rien n’a rien. Plus la cote d’un outsider est élevée, plus il est intéressant à jouer, car il rapporterait beaucoup plus gros, en cas de victoire, qu’un favori. Or, on sait que le capital ne connaît pratiquement pas de juste milieu. Ou bien il est extrêmement frileux et prudent, à l’instar des banques solides. Ou bien il est furieusement joueur, comme le sont les pontes boursicoteurs genre Georges Soros. En tout cas, en ce qui nous concerne, nous représentons apparemment un bon rapport qualité/prix pour nombre de capitaux étrangers. C’est du moins ce que l’on peut penser, en les voyant affluer chez nous, certes avec la discrétion qui s’impose en finances, mais assez massivement, toutes proportions gardées. Il faut à ce propos souligner une chose : les responsables, comme pour se racheter des effets néfastes de leurs querelles, y mettent beaucoup du leur, côté promotion de la place libanaise. Ils ne cessent d’inviter, de recevoir, des groupes, des organisations, des instances qui se trouvent à la source de crédits importants à placer. Comme, récemment, l’Ascame qui n’est rien moins que la ligue, pour ainsi dire hanséatique, des Chambres de commerce du pourtour méditerranéen. Ou encore comme l’Opec elle-même, excusez du peu, qui a tenu assemblée chez nous à l’heure même du pic retentissant des 43 dollars le baril. Ce qui fait que le monde entier avait les yeux braqués sur notre capitale. Dont Hariri propose du reste de faire le siège permanent de cette organisation vitale. C’est encore une prestation plus directement ciblée qui se déroule ces temps-ci avec un congrès tout bonnement appelé de l’investissement. Qui regroupe des délégués des marchés arabes du capital. Cet événement reflète une confiance extérieure d’autant plus marquée que nul n’ignore quelle phase délicate ce pays traverse. Tant en raison de la conjoncture régionale qu’à cause de la prochaine présidentielle, creuset de tous les conflits. Les financiers arabes ont tout l’air de penser qu’une fois cette étape franchie, le Liban devrait prendre son essor vers la relance et la croissance économiques. Avec un possible retour à la prospérité d’antan. Cet optimisme se fonde en réalité sur ce simple constat : malgré toutes les convulsions, extérieures ou intérieures, le Liban s’affiche comme un pays solidement stable sécuritairement. Autre avantage, qu’il serait erroné d’ignorer : vu du dehors, ce pays dispose d’un atout de poids en la personne, et en l’activité, de Rafic Hariri, qui est au centre d’un large réseau international, autant d’affaires que de diplomatie. Le marché des finances se nourrit partout de toute information, politique en premier, comme indice d’orientation. L’on n’a donc pas manqué d’y apprendre qu’après le 27 mai, le président du Conseil libanais a repris la main en matière d’économie. Qu’il redevient un interlocuteur accrédité, ce qui rassure plutôt ses pairs à l’étranger. Effort collectif Ces derniers notent d’ailleurs avec intérêt que Hariri promet de changer aussi bien les lamentables mentalités levantines (bon enfant mais peu professionnelles et qui multiplient les promesses en l’air) que les techniques archaïques de traitement du dossier financier ou économique. Mais les autres dirigeants ne sont pas en reste. Aussi bien le chef de l’État que les ministres de l’Intérieur et de la Défense veillent à cette ligne rouge essentielle qu’est la sécurité. Et encore plus, la sûreté de l’État. Ainsi, on n’a pas laissé les Palestiniens, qui avaient effectué une tentative en mai, déborder des camps pour utiliser de nouveau le territoire libanais contre Israël. Tout comme on veille, par une coordination étroite qui a l’aval primordial de Damas, à ce que le Hezbollah ne s’engage pas dans la voie de l’escalade explosive à partir de Chebaa. Parallèlement, le détail n’est pas négligeable, le pouvoir a pris soin de protéger la saison touristique, ou de villégiature, estivale, en se fendant une nouvelle fois, à fonds perdus, d’une avance au Trésor consentie à l’EDL, afin que le courant soit assuré partout. Tant qu’il fera beau. Ce qui est le cas actuellement sur le front politique. Mais une trêve ne suffit pas, quand on veut non seulement attirer, mais encore retenir le capital. Car il peut fuir à tout moment. Aussi le président Hariri propose-t-il la conclusion d’un pacte d’honneur national autour des réformes, notamment dans le domaine financier. Il a souligné, lors du 62e anniversaire de l’Association des industriels, que sans un tel consensus, la dette crèverait dans les trois ans le plafond des 45 milliards de dollars. Ce qui signifie que le budget de l’État, dont le déficit subit déjà une forte opération cosmétique pour le rendre présentable (par l’omission, entre autres, de nombre de créances), plongerait dans d’effroyables abysses. Avec au bout une agitation sociale aux conséquences incalculables. Mais pour conclure sur une note optimiste, voire rose, il convient de souligner qu’en dépit de leur récent mémoire alarmant, sinon alarmiste, les organismes économiques se félicitent aujourd’hui de l’afflux des investisseurs à gros potentiel. Dont l’un des exemples est le grand projet dit du Sannine. Ou encore les progrès de Solidere, sans parler d’autres plans géants comme à Kanat Bakiche, aux Cèdres ou à Laklouk. Un détail réconfortant : si les investisseurs arabes sont majoritaires, les Libanais émigrés y vont volontiers de leur écot. Tout le monde souhaitant toutefois ouvertement, et c’est la moindre des demandes quand on risque des centaines de millions de dollars, que les dirigeants du cru mettent fin pour de bon à leurs zizanies déstabilisatrices. Pour coopérer harmonieusement, dans l’intérêt du pays. Certes, nombre de pôles suggèrent que l’on dissocie la politique et l’économique, c’est-à-dire que l’on tienne ce dernier domaine à l’écart des conflits politiciens. Mais les hommes d’affaires répondent que cela ne suffit pas. Qu’il faut, tout simplement, qu’il n’y ait plus de frictions entre responsables. Et même qu’ils travaillent la main dans la main. Comme ils ont su le faire pour l’EDL ou, finalement, pour le swap, au sujet duquel Rafic Hariri a rengainé ses réserves initiales. Philippe ABI-AKL

Au Liban, ça va mal ? Peut-être, mais ailleurs c’est encore pire, ou guère mieux, à tout prendre. Et puis qui ne risque rien n’a rien. Plus la cote d’un outsider est élevée, plus il est intéressant à jouer, car il rapporterait beaucoup plus gros, en cas de victoire, qu’un favori. Or, on sait que le capital ne connaît pratiquement pas de juste milieu. Ou bien il est...