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Essai apparemment raté pour les reconductionnistes Le projet de révision constitutionnelle jugé actuellement inopportun

On parle beaucoup d’un panel de réformes constitutionnelles. Il s’agit de savoir dans quelle mesure le projet est sérieux. Et s’il s’agira de réformes visant à corriger des failles ou d’un rééquilibrage en profondeur des pouvoirs. Le président Hariri résume le problème par la question de base : quel système voulons-nous ? Présidentiel, comme en France et aux USA, parlementaire à l’italienne, ou tout simplement libanais à la Taëf ? Dans le premier cas, il est évident que le chef de l’État devra être élu par le peuple. Après abolition du confessionnalisme politique. Le suffrage universel lui redonnerait automatiquement le pouvoir exécutif. Et il devrait dès lors se présenter en base d’un programme. Si le système devait être parlementaire, ce serait alors la majorité parlementaire qui gouvernerait via un gouvernement la représentant. Enfin, si l’on pense que Taëf c’est encore le mieux, puisqu’il a été taillé pour ce pays même, il faut alors en respecter l’esprit et l’appliquer à la lettre. En cessant de l’enfreindre à tout bout de champ et à tous les niveaux. Par des pratiques répétées qui visent à établir la force de la coutume. Pour pervertir le système et le rendre à la fois semi-présidentiel et incohérent. Le président Hariri dénonce ainsi le mépris dans lequel on tient le pacte et la Constitution qui en est issue. Pour souligner que c’est le manque de cohésion au sein du pouvoir qui alourdit la dette publique. Et bloque les réformes administratives ou financières, ainsi que les privatisations promises à Paris II. Sans compter que le Liban a beaucoup perdu de sa crédibilité à l’étranger. Tandis que la gabegie, le gaspillage et la corruption continuent à battre leur plein, dans les administrations, dans les offices et les conseils. Ajoutant que dans un État constituant une entité bien cimentée, du président de la République au président du Conseil, en passant par le gouvernement et le Parlement, il serait facile d’engager une vraie réforme de fond, réduisant du même coup l’ardoise financière. Du moment que cette nécessaire unité étatique se trouve trahie depuis des années, le président Hariri émet le souhait de ne plus participer au pouvoir. Pas seulement au cas où la reconduction aurait lieu, mais aussi si l’on devait, sous un nouveau régime, perpétuer les mêmes pratiques aberrantes au niveau de l’appareil d’État. Pour le moment, il évite les sujets brûlants autant que faire se peut, à cause de la gravité de la situation régionale, qui interdit des débordements intérieurs susceptibles de déstabiliser le pays. Il ne souhaite pas indisposer la Syrie. Toujours est-il qu’afin de libérer l’action de l’État, bloquée par ces failles qui portent le régime à contourner la Constitution, certains proposent une révision en bloc, à l’occasion de l’amendement de l’article 49. En faisant mine d’oublier que tout changement des règles constitutionnelles de base nécessite un consensus national. C’est-à-dire cette vraie entente qui n’existe malheureusement pas. Les avis divergent sur chaque point soulevé. Alors que le moindre détail compte. On entend ainsi le président Hussein Husseini soutenir que l’idée d’établir la durée du mandat présidentiel à cinq ans renouvelables une fois constitue tout simplement une tentative de torpiller le système dans son ensemble. Ce qui risquerait de faire refleurir la mauvaise graine menaçant la paix civile. Globalement, le projet de révision constitutionnelle s’est trouvé si mal accueilli que ses propagateurs semblent s’apprêter à y renoncer. Et parlent de le geler. De tous côtés, on leur a en effet remontré qu’engager un débat aujourd’hui sur la Constitution serait jouer avec le feu. Et risquer de provoquer de graves césures dans le pays, à un moment où, plus que jamais, il doit tenir ensemble. Tout le monde convient de la nécessité d’une révision. Mais elle doit s’opérer à tête reposée, sans heurts. Chaque article doit être mûrement étudié, discuté, négocié, l’objectif étant d’assurer à ce pays composite de meilleurs équilibres. Notamment au niveau des pouvoirs publics. En conservant, bien entendu, les fondements sains élaborés à Taëf. Comme la définition d’un Liban patrie de tous ses fils, arabe d’identité comme d’appartenance, où le peuple souverain est source de tous les pouvoirs, qui n’ont aucune légalité s’ils enfreignent le pacte de coexistence. Par raccourci, le respect de ce principe implique que le président de la République ne doit pas être élu au suffrage universel. Pourquoi ? Parce que, même s’il était maronite, il devrait son poste à une majorité mahométane, dont il se sentirait ensuite obligé de défendre plus spécialement les intérêts. Au risque de perdre, contre sa propre communauté, son sens d’impartialité. En fait, le suffrage universel ne peut bien fonctionner que dans un système vraiment laïcisé, dans la mentalité générale comme dans les règles écrites. Comme on n’en est visiblement pas proche, c’est au principe pacifiant de la coexistence qu’il faut se raccrocher. Émile KHOURY
On parle beaucoup d’un panel de réformes constitutionnelles. Il s’agit de savoir dans quelle mesure le projet est sérieux. Et s’il s’agira de réformes visant à corriger des failles ou d’un rééquilibrage en profondeur des pouvoirs. Le président Hariri résume le problème par la question de base : quel système voulons-nous ? Présidentiel, comme en France et aux USA,...