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Actualités - ANALYSE

ÉCLAIRAGE - Hariri prône l’alternance, Sabeh se déchaîne contre Michel Murr et Souhaid pour un changement en profondeur Les milieux hostiles à la prorogation du mandat présidentiel haussent le ton

Les milieux politiques les plus ouvertement hostiles à la prorogation du mandat du président Émile Lahoud, c’est-à-dire d’une part le chef du gouvernement, Rafic Hariri, et ses partisans, et de l’autre l’opposition chrétienne, paraissent déterminés à accroître progressivement la pression d’ici à l’automne prochain, afin d’empêcher tout amendement de la Constitution permettant au chef de l’État de prolonger son séjour à Baabda. Une fois de plus, les haririens et les Assises de Kornet Chehwane se sont donc embarqués dans une alliance non déclarée, cimentée par leur opposition commune au mandat actuel, une opposition qui obéit toutefois à des motivations différentes chez les uns et les autres. Toujours est-il que les amis de M. Hariri et les ténors de l’opposition chrétienne ne sont pas les seuls, loin s’en faut, à souhaiter un changement de personne à la tête de l’État. D’autres parties, également désireuses de tourner la page, préfèrent pour le moment garder un profil bas et trouvent commode de pousser en avant dans la bataille contre les partisans de la prorogation les deux fers de lance que sont les haririens et Kornet Chehwane. Quitte à se dévoiler en temps opportun. C’est, bien entendu, le cas du chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, mais aussi du président de la Chambre, Nabih Berry. Pour ce qui est de KC, il est question que ce dernier se réunisse dans un délai d’une semaine ou deux pour prendre une position unifiée contre tout amendement de la Constitution, en conformité avec les constantes défendues par le rassemblement. Ainsi, Kornet Chehwane, tant menacé dans son existence même au cours des derniers mois du fait des dissensions entre ses piliers, aura trouvé dans le combat contre la prorogation du mandat présidentiel le ciment d’une unité renouvelée. Pour ce qui est des positions exprimées hier, c’est d’abord le Premier ministre lui-même qui a donné le ton, en louant les vertus de « l’alternance » dans un pays comme le Liban. M. Hariri a pris le risque d’utiliser cet argument tout en sachant qu’il est à double tranchant, puisqu’il ne devrait pas s’appliquer uniquement au mandat présidentiel, mais aussi à la présidence du Conseil des ministres. C’est dire la détermination avec laquelle le Premier ministre compte s’opposer au projet des « prorogationnistes ». « Le Liban n’a rien à cacher. Nos qualités et nos défauts sont exposés dans les journaux et nos tiraillements politiques sont connus. Toujours est-il que le Liban se distingue par son régime démocratique et l’alternance au pouvoir. Nul n’y est immuable », a ainsi déclaré M. Hariri à l’ouverture de la Xe conférence de l’investissement et des marchés arabes des capitaux, à l’hôtel Phoenicia. « Dans les mois prochains, une étape délicate nous attend. Nous espérons qu’elle pavera la voie à de nombreux changements quant aux questions dont les investisseurs, les citoyens et nous-mêmes nous plaignons », a-t-il dit. Le Premier ministre a d’ailleurs une nouvelle fois averti que « si la situation restait inchangée, la dette du Liban augmenterait, dans les trois prochaines années, de 35 à 45 milliards de dollars ». Selon lui, cela signifie que « nous devrions changer notre méthode de travail actuelle et prendre la voie de la réforme, des privatisations, des titrisations et de la réduction des taux d’intérêt, en vue de développer le secteur privé et de réduire le déficit budgétaire ». Les allusions de M. Hariri sont on ne peut plus lumineuses, mais elles restent servies par un ton et un vocabulaire qui se veulent techniques et neutres. Ce n’était pas le cas hier du député haririen de Baabda, Bassem es-Sabeh, appelé à commenter les propos tenus la veille par l’ancien vice-président du Conseil, Michel Murr. Ce dernier avait pratiquement décrété la veille que la décision d’amender la Constitution pour paver la voie à une prorogation ou un renouvellement du mandat interviendrait en septembre prochain. « J’ai pris connaissance hier de l’exhortation spirituelle, politique et économique que nous a livrée hier Son Excellence Michel Murr, en sa qualité de guide suprême des règles de la prorogation sous le mandat actuel », a ironisé M. Sabeh. Poursuivant sur le même ton, il a souligné que « la bonne nouvelle annoncée aux Libanais par M. Murr est une bonne nouvelle noire, de la plus grande noirceur qui soit ». « Cette pratique consistant à imposer une opinion aux Libanais de tous bords est incontestablement contraire aux règles minimales de la démocratie. Affirmer qu’une décision sera prise en septembre, c’est, en quelque sorte, enfermer les Libanais dans un camp de détention politique à la veille de l’expiration du mandat », a-t-il dit. Pour sa part, le député de Jbeil et membre de KC, Farès Souhaid, a estimé hier à la LBCI qu’il « n’y aura ni renouvellement ni prorogation (du mandat présidentiel), mais un respect des délais constitutionnels ». M. Souhaid a souligné que le Liban « n’a pas besoin d’un changement de pure forme, mais d’une transformation radicale de sa politique générale et d’un État qui se respecte ». Rappelant que la loi fondamentale a coûté près de 140 000 morts, M. Souhaid s’est opposé à tout amendement constitutionnel, affirmant que « toute atteinte à la Constitution risque de susciter un conflit confessionnel ». Élie FAYAD
Les milieux politiques les plus ouvertement hostiles à la prorogation du mandat du président Émile Lahoud, c’est-à-dire d’une part le chef du gouvernement, Rafic Hariri, et ses partisans, et de l’autre l’opposition chrétienne, paraissent déterminés à accroître progressivement la pression d’ici à l’automne prochain, afin d’empêcher tout amendement de la...