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Actualités - OPINION

Parallèles - L’ordre de grandeur reprend sa place En économie, le charisme d’un pays peut compenser son déficit

Quoi qu’on en dise, quoi qu’il en paraisse, globalement le globe progresse. Ou plutôt se normalise. En retrouvant les lois élémentaires de la physique. Pendant des siècles et des siècles, l’impérialisme, le colonialisme et leur frère ennemi le communisme ont étouffé cette évidence d’enfant: quand il est de grande dimension, un pays doit être riche. Pendant des siècles et des siècles, le monde a vécu cet abominable, ce terrible contresens : des sous-continents entiers plongés dans la misère. La disparition des oppressions a rétabli la norme logique. Et il serait tout à fait faux de parler de miracle à propos du redressement, qui reste spectaculaire par sa rapidité comme par son étendue, de la Chine, de l’Inde, du Brésil, de la Russie. Il reste à tirer d’affaire l’Afrique, victime pantelante d’un postcolonialisme dévoyé. Mais quand on n’est pas grand, quel espoir peut-on avoir de sortir la tête hors de l’eau en cas de plongeon ? Il y en a peu si l’on ne se surdimensionne pas. Soit en s’intégrant à une ensemble plus élargi, comme le font l’Europe ou l’Amérique du Sud. Soit en jouant à la grenouille de la fable. Un peu à la manière de De Gaulle. Dont l’art de lévitation au-dessus du terre-à-terre, parfois jugé risible par les Anglo-Saxons, a quand même assuré à la France ce qu’elle appelle ses trente Glorieuses. C’est-à-dire trois décennies de prospérité. Gommées par le socialisme, qui n’avait pas encore connu l’ivresse de la perversion libérale, à la Blair, à la Schröder ou à la Strauss-Kahn. Quels moyens peut-on avoir de se rehausser du col quand on est à mille lieues de la grandeur gaullienne, pour imaginaire qu’elle fût ? Comment réécrire Alice au pays des merveilles, ou Les Voyages de Gulliver, quand on n’est pas seulement petit mais encore dominé ? Faut-il rêver avec Saïd Akl, ce chêne de Zahlé jamais vieilli ? Pourquoi pas, il n’y aurait pas de mal. Ce serait bon pour le moral. Mais pas vraiment pour la poche. Il est certain toutefois, et notre marge d’endettement en est une preuve, que lorsqu’on ne produit pas, il faut faire illusion. L’arme psychologique est absolument indispensable. Et son meilleur modèle est le charisme, qui se tisse aujourd’hui beaucoup plus par la communication et l’entregent que par le fluide mystérieux d’un Raspoutine ou d’une Evita Peron. Ainsi, sur le perron de Baabda, ces derniers jours, l’on a pu entendre l’Ascame (ligue méditérranéenne de chambres de commerce) puis une délégation italienne conduite par le ministre de la Défense, chanter sur un mode sincère « le splendide progrès économique du Liban ». Avec, pour les premiers hôtes, une mention spéciale décernée à Hariri. Homme d’entregent et de communication par excellence. Tout d’abord, voyant les choses de l’intérieur et vivant les affres d’une crise socio-économique certaine, on a un peu envie de ricaner quand on entend parler d’essor libanais. Mais à la réflexion, on se dit que mieux vaut faire envie que pitié. Qu’il y a même là un riche filon à exploiter. On se rend compte que si les riches Arabes du Golfe commencent à affluer pour la saison d’été, c’est un peu beaucoup à cause de notre renommée de pays agréable. Il reste à étendre cet effet, comme pendant notre âge d’or, jusqu’à en faire un vrai pondérateur charismatique d’ordre international. Qu’il faut savoir rationaliser. À travers le travail d’un « think tank » spécialisé, bénévole, qui établirait un programme prioritaire d’action inclus dans toute déclaration ministérielle. En effet, indépendamment de nos difficultés patentes, à cause d’elles d’ailleurs, nous devons à tout prix mettre le paquet sur la promotion du fascinant produit que nous sommes. Sur le charme de nos avantages humains, l’hospitalité souriante, chaleureuse, les services, la régularité autant que sur les charmes naturels. De notre beau et grand pays. Jean ISSA
Quoi qu’on en dise, quoi qu’il en paraisse, globalement le globe progresse. Ou plutôt se normalise. En retrouvant les lois élémentaires de la physique. Pendant des siècles et des siècles, l’impérialisme, le colonialisme et leur frère ennemi le communisme ont étouffé cette évidence d’enfant: quand il est de grande dimension, un pays doit être riche. Pendant des...