Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

L’ÉDITORIAL de Issa GORAIEB En ondes troubles

On n’arrête pas le progrès. Et c’est le cas de le dire, bien malheureusement, à propos de cet épouvantable fléau qu’est le terrorisme pratiqué par l’organisation el-Qaëda. Déjà en septembre 2001, les Boeing percutant les gratte-ciel de New York ou allant s’écraser sur l’enceinte du Pentagone annonçaient une sophistication dans le meurtre de masse sortie tout droit du plus délirant des scénarios catastrophe. Au hit-parade de l’horreur, l’avion de ligne aux réservoirs pleins de kérosène venait de détrôner la classique fourgonnette bourrée de TNT. Et ce n’est plus à coups de téléphone anonymes ou de communiqués sommairement ronéotypés que les terroristes se présentent au public. La bande vidéo, la télévision, les satellites, Internet, le webcam, tout cela, jour après jour, semaine après semaine, a fait d’Oussama Ben Laden ou de ses acolytes encagoulés des figures tout à la fois effrayantes et étrangement, désagréablement familières : les monstres sont désormais parmi nous, ils ont fait irruption dans nos livings, ils s’invitent à dîner par tube cathodique interposé. La technologie de pointe au service du plus rétrograde des obscurantismes : le diabolique cocktail ne relègue pas pour autant au musée ce bon vieux sabre recourbé qui vous fauche net, comme herbe haute, une tête humaine. Il y a quelques semaines était impitoyablement décapité Nick Berg, un technicien américain capturé en Irak. Le week-end dernier, c’était au tour d’un autre Américain, l’ingénieur Paul Marshall Johnson, d’être supplicié en Arabie saoudite. Une tête posée sur un dos gisant dans une mare de sang, cela ne s’oublie pas vite ; et, comble de la perversion, cela a le mérite de terroriser non plus seulement pendant ou après, mais avant. Car c’est bien l’impact des images antérieures, de l’épouvantable déjà-vu démontrant l’implacable détermination de ces assassins, qui rendait particulièrement insoutenable la mort annoncée de Kim Sun-il : une mort rejetée de toutes ses forces, des sanglots dans la voix, par l’infortuné interprète sud-coréen que montrait dès dimanche la chaîne qatariote al-Jazira ; une mort repoussée de quelques heures, le temps d’une impossible tentative de négociation à laquelle s’était pourtant résigné le gouvernement de Séoul. Et pour finir le macabre, l’inévitable épilogue d’hier soir. Toutes ces affaires soulignent, avec plus d’acuité que jamais, le rôle que peuvent jouer, même de bonne foi, les médias dans la diffusion du message terroriste. On ne peut qu’applaudir al-Jazira quand elle dénonce les abus de l’invasion puis de l’occupation américaines de l’Irak. Et on ne peut que désapprouver al-Jazira quand elle se pose en porte-voix et en porte-image, sinon en porte-parle, d’el-Qaëda : c’est bien sur ses ondes en effet que les terroristes se font voir, se font entendre et surtout se font craindre. Ils ont découvert l’avion, le téléphone satellitaire et autres gadgets électroniques ? Refusons du moins l’atout télé aux tueurs rescapés du Moyen Âge.
On n’arrête pas le progrès. Et c’est le cas de le dire, bien malheureusement, à propos de cet épouvantable fléau qu’est le terrorisme pratiqué par l’organisation el-Qaëda.
Déjà en septembre 2001, les Boeing percutant les gratte-ciel de New York ou allant s’écraser sur l’enceinte du Pentagone annonçaient une sophistication dans le meurtre de masse sortie tout...