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Actualités - CHRONOLOGIE

CÉLÉBRATION - 2004, année du centenaire du Nobel de littérature Pablo Neruda : l’amour du peuple et du pays

2004 est l’année Pablo Neruda. Le poète chilien est né il y a cent ans à Parral. Il est décédé en 1973. Beaucoup le connaissent comme le poète de l’amour grâce au film magnifique «Il Postino». Mais Neruda a encore beaucoup d’autres choses à offrir : il est le poète du peuple, le poète de l’engagement. Toute son œuvre est caractérisée par l’amour de son pays et de son peuple, l’espoir de la libération et la perspective d’un avenir meilleur. Depuis ses «Vingt poèmes d’amour et une chanson désespérée» – l’un de ses ouvrages les plus traduits au monde – jusqu’aux «Vers du Capitaine», Neruda se penche sur le cosmos, les principaux éléments comme la terre, l’eau, l’air, évoque aussi le continent latino-américain, ses racines historiques, la responsabilité sociale du poète et célèbre l’amour. Une vie marquée par les voyages, l’exil et l’engagement politique D’origine modeste, Ricardo Neftali Reyes Basoalto, dit Pablo Neruda, a commencé très jeune à écrire des poèmes. Il a publié son premier recueil, Crépusculaire, en 1923. Menant de front une carrière littéraire et politique, sa vie a été marquée par les voyages et l’exil. Dès 1927, Pablo Neruda occupe plusieurs postes consulaires. Il sera ainsi témoin de la résistance du peuple espagnol contre les groupes fascistes qui sèment mort et désolation. Pendant la guerre civile, Neruda renonce à sa mission diplomatique et rejoint les rangs des républicains, d’abord en Espagne, puis en France. Ces événements et surtout le meurtre de son ami, le poète espagnol Garcia Lorca, l’affectent profondément. En 1943, il retourne au Chili. Son souci des plus démunis et la guerre civile espagnole, pendant laquelle il publiera Espagne au cœur, le poussent vers l’engagement politique et il deviendra le 4 mars 1945 sénateur de la coalition Progressiste nationale, avant d’adhérer au Parti communiste sous l’influence de sa deuxième épouse, Delia del Carril. En 1947, il proteste vigoureusement lorsque le gouvernement réprime une grève des mineurs. Menacé à cause de son engagement, il est obligé de plonger dans la clandestinité. Deux ans plus tard, il fuit vers le Mexique. En 1970, il est nommé ambassadeur du Chili du président socialiste Allende. En 1971, il reçoit le prix Nobel de littérature pour une œuvre poétique colossale, teintée de lutte politique et de révolte avec le Chant général (1950), mais aussi d’un lyrisme délicat avec Vingt poèmes d’amour et Une chanson désespérée (1924). Neruda est aussi le poète de la terre et de l’amour. Il meurt (d’un cancer) peu après le putsch militaire de septembre 1973 qui renverse le gouvernement socialiste et instaure la dictature de Pinochet. Ses obsèques se transforment en une manifestation de protestation de dizaines de milliers de personnes contre la dictature. Plus tard, sa veuve décrira la scène dans sa biographie: «De toutes les rues, des gens viennent rejoindre le cortège. Des camions apparaissent également avec des militaires qui pointent leurs mitrailleuses. Toujours plus de personnes se joignent au cortège et tous élèvent la voix en criant:“ Pablo Neruda, présent, maintenant et à jamais! ”» Ses anecdotes – Le jeune Ricardo Neftali Reyes Basoalto, se sentant l’âme d’un poète, choisit à 16 ans son nom de lettres «Pablo Neruda» en hommage au poète tchèque Jan Neruda (1834-1891). – Pablo Neruda a vécu dans sa maison d’Isla Negra, située à 100 km à l’ouest de Santiago, les dernières années de sa vie auprès de sa dernière épouse – et muse – Matilde Urrutia. Cette maison est une véritable caverne d’Ali Baba, un capharnaüm qui ferait le délice des enfants. «Dans ma maison sont réunis des jouets, petits et grands, sans lesquels je ne pourrais pas vivre, disait-il. L’enfant qui ne joue pas n’est pas un enfant, mais l’homme qui ne joue pas perd pour toujours l’enfant qui vivait en lui (…). J’ai construit ma maison comme un divertissement et je joue dedans du matin au soir.» – Pablo Neruda était un naturaliste et un humaniste en oiseaux. Arbres, montagnes, herbes, coléoptères... et menues choses qui traînent dans la nature le fascinaient. Entre autres, il possédait une remarquable collection de coquillages digne des plus grands musées maritimes. Arpenteur inlassable des côtes du Pacifique, il collectionnait aussi tout ce qui échouait sur les plages: proues de goélettes, dents de cachalots, ancres, plumes d’albatros... Les oiseaux du Chili ont par ailleurs inspiré un recueil, sorte d’inventaire poétique des oiseaux de son pays. Arte de Pájaros (L’art des oiseaux) a été publié en 1965. Ses citations – «Le printemps est inexorable.» – «La vérité, c’est qu’il n’y a pas de vérité.» – «Le déracinement pour l’être humain est une frustration qui, d’une manière ou d’une autre, atrophie la clarté de son âme.» – «La parole est une aile du silence.» Quelques œuvres marquantes – C’est à 20 ans que Neruda a composé son premier chef-d’œuvre: Vingt poèmes d’amour et une chanson désespérée. Les lecteurs francophones, qui le connurent bien plus tard, ont toujours eu du mal à détacher ce livre du Neruda de la maturité: c’est que le jeune homme, avec sa mélancolie traversée d’accès d’une vitalité pleine de sève, est resté, malgré l’usure de la vie et de ses combats, malgré la monumentalité de l’œuvre qui suivit, le même. Vingt poèmes d’amour et une chanson désespérée a été traduit dans des dizaines de langues et réédité à de nombreuses reprises. – Canto General a été édité pour la première fois en 1950, au Mexique. Dans cette œuvre monumentale – 342 poèmes réunis en quinze cycles – Neruda brosse l’histoire de l’Amérique latine d’un point de vue marxiste. Il y déploie sa vaste connaissance de l’histoire, de la géographie et de la politique de ce continent. Le thème central est la lutte pour la justice sociale. «Pour les peuples latino-américains, le Canto appelle aussi des perspectives d’avenir. L’image de la résistance inébranlable et des luttes héroïques de leurs ancêtres, durant la période des révoltes nationales vers 1810, éveille la conscience indépendantiste de ces peuples et les unit dans la lutte pour une véritable libération nationale. Tous les peuples, des îles Caraïbes jusqu’aux régions antarctiques, se sont fondamentalement reconnus dans cet ouvrage», écrit le grand poète allemand Erich Arendt. En 1971, Neruda reçoit le prix Nobel de littérature. Lors de la remise du prix, le Canto General est glorifié comme «un hymne qui a rendu à tout un continent une langue et un visage». – «Vous allez me demander pourquoi votre poésie ne parle-t-elle pas du rêve, des feuilles, des grands volcans de votre pays natal? Venez voir le sang dans les rues, venez voir le sang dans les rues, venez voir le sang dans les rues !» La célèbre fin de J’explique certaines choses, l’un des premiers grands poèmes politiques de Neruda (1936), fut pour beaucoup dans la légende – vraie – de Pablo Neruda grand poète militant. Elle fut aussi à l’origine d’une profonde méconnaissance de la multiplicité des dimensions du grand homme de lettres et du grand homme politique qu’il était. – À lire: J’avoue que j’ai vécu, son autobiographie. Événements pour marquer le centenaire Dans son pays natal, un conférence intitulée «Les miroirs du moi: le Chili et l’Amérique latine dans l’œuvre de Neruda» est prévue à l’Université du Chili à Santiago du 12 au 15 juillet. La France a notamment prévu une grande conférence de spécialistes mondiaux du poète du 22 au 25 juin à l’Université de Poitiers, sur le thème: «Les miroirs de l’autre: l’Europe et le monde dans l’œuvre de Neruda». L’artiste français Ernest Pignon-Ernest, avec le soutien de l’ambassade de France au Chili, invitera le grand public à une visite littéraire, à Santiago, de «La Chascona», la maison du poète. À Paris, la maison de l’Amérique latine organisera un récital de poésie et une exposition de peintures de Federica Matta, fille du peintre chilien Roberto Matta, mort récemment. Un concours de poésie est également organisé par le ministère français de l’Éducation nationale. * Neruda 2004: informations sur les activités célébrant son centenaire www.neruda.be M.G.H.
2004 est l’année Pablo Neruda. Le poète chilien est né il y a cent ans à Parral. Il est décédé en 1973. Beaucoup le connaissent comme le poète de l’amour grâce au film magnifique «Il Postino». Mais Neruda a encore beaucoup d’autres choses à offrir : il est le poète du peuple, le poète de l’engagement. Toute son œuvre est caractérisée par l’amour de son pays...