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Actualités - REPORTAGE

GUIDE DES MÉTIERS - Une discipline qui fera bientôt son entrée à l’AUB De nombreux débouchés pour la médecine vétérinaire

Il peut paraître surprenant d’aborder, dans le cadre de cette rubrique, une spécialisation qui n’est pas encore enseignée au Liban, mais le métier de vétérinaire ne manque pas de passionner tous ceux qui aimeraient dédier leur vie aux soins des animaux. En attendant qu’un projet de faculté de médecine vétérinaire, conçu il y a une vingtaine d’années à l’Université libanaise (UL), puisse être concrétisé, et qu’un projet en cours de réalisation à l’AUB soit achevé au printemps 2005 en principe, les personnes désirant emprunter cette voie doivent jusqu’à nouvel ordre se spécialiser à l’étranger. La médecine vétérinaire offre cependant un vaste éventail de spécialisations et de débouchés. Au Liban, le domaine ne semble pas encore tout à fait saturé, à condition de trouver son créneau. Un chat ou un chien qui se font docilement (ou pas) ausculter pour un mal qu’ils sont incapables d’identifier... voilà une scène quotidienne dans la clinique d’un vétérinaire. Mais le travail au sein d’une clinique privée n’est pas le seul débouché de ce métier aux multiples facettes. Les vétérinaires sont employés dans les grandes fermes, dans les ministères (de l’Agriculture, de l’Économie...), dans les laboratoires de recherche, dans les sociétés pharmaceutiques pour médicaments d’animaux, dans les pâturages, dans le domaine académique (ils enseignent certaines matières dans le cadre des facultés d’agronomie), dans les abattoirs, dans le contrôle alimentaire de la viande abattue, importée ou locale... D’où le fait qu’ils assument un rôle crucial dans la société, non seulement pour la santé animale mais pour la santé humaine également, par le biais de la sécurité alimentaire. Ce qui n’est pas négligeable, notamment au vu des grands scandales de ces dernières années liés aux aliments d’origine animale, comme la crise de la vache folle par exemple. Quel profil pour adopter cette discipline? Le Dr Nicolas Berbéri, vétérinaire, fait remarquer qu’il ne suffit pas d’aimer les animaux pour embrasser cette profession. «Il faut avoir le courage nécessaire pour approcher l’animal, ne pas en être dégoûté, apprécier la médecine, être proche de la nature et aimer l’aventure, notamment pour ceux qui se spécialisent dans les soins pour animaux exotiques», dit-il. La principale difficulté rencontrée par les vétérinaires dans l’exercice de leur métier, selon lui, vient naturellement du fait que les patients n’ont pas les moyens d’indiquer la nature et l’emplacement de leur mal. Le vétérinaire doit donc établir par lui-même un bon diagnostic et poser les bonnes questions au propriétaire de l’animal. Selon le président de l’Ordre des vétérinaires du Liban, le Dr Jean Hokayem, le nombre de spécialistes atteindrait les cent quarante et un dans le pays (il serait légèrement supérieur si l’on compte ceux qui n’ont pas adhéré à l’Ordre). Il y aurait déjà quelque 35 cliniques vétérinaires, sans compter les hôpitaux vétérinaires d’une certaine envergure qui ont ouvert leurs portes ces dernières années. Le Dr Hokayem pense que le métier n’est pas encore tout à fait saturé chez nous, mais qu’il fait face à des problèmes actuellement. «Ce métier doit être soumis à un contrôle plus rigoureux de la part des responsables», estime-t-il. «Il existe des personnes qui exercent sans diplôme la profession et prescrivent des médicaments, les vendant dans le cadre d’un commerce de fourrage notamment. Les médicaments, surtout, doivent être disponibles en pharmacie ou chez le médecin et être délivrés sur prescription. Un autre problème est celui de certains vétérinaires étrangers, syriens pour la plupart, qui traversent les frontières pour exercer au Liban sans permis. Nous avons effectué les contacts nécessaires pour tenter de mettre fin à cette pratique.» Le Dr Élie Barbour, professeur à l’AUB et détenteur d’un doctorat en sciences vétérinaires, affirme, pour sa part, que son université a été intéressée par l’ouverture d’une telle branche, vu la demande en vétérinaires diplômés qui reste importante dans le pays, notamment dans le secteur privé. Ce n’est pas tout à fait l’avis du Dr Berbéri, qui pense qu’il est aujourd’hui plus dur pour un vétérinaire de s’imposer sur le marché qu’il y a une vingtaine d’années. Quatre lois en puissance En effet, pour ce qui est de la possession d’animaux domestiques, les régions où cette pratique est courante sont plutôt limitées dans le pays, la crise économique ne favorisant pas vraiment le développement de cette habitude chez nous. Les régions rurales où l’élevage est courant restent cependant en manque de personnel qualifié, selon le Dr Hokayem, qui souhaite que «des étudiants issus de régions lointaines entreprennent de telles études et reviennent exercer dans leur localité d’origine, afin que les vétérinaires ne se concentrent pas tous à Beyrouth et au Mont-Liban». Il affirme par ailleurs que l’Ordre a présenté trois propositions de loi, dont la Chambre des députés a été saisie. Il explique que les lois portent sur une réorganisation du règlement intérieur de l’Ordre, sur la création d’une base pour une éthique professionnelle, sur l’application de certaines taxes dont les revenus iraient à la caisse de retraite. Un quatrième texte de loi a été rédigé et attend de trouver son chemin jusqu’au Parlement: il s’agit de la création d’une pharmacie vétérinaire placée sous l’autorité de l’Ordre. Quel est le regard porté sur les vétérinaires aujourd’hui au Liban? Le Dr Hokayem assure que «depuis qu’il y a un Ordre, l’attitude envers les vétérinaires a foncièrement changé». Le Dr Berbéri trouve, lui, que «le vétérinaire n’a pas encore accédé au statut socioculturel et économique exigé, et qu’il faut continuer à améliorer son image». Suzanne BAAKLINI Une formation diversifiée et difficile Les études de médecine vétérinaire durent près de cinq ans. Les personnes interrogées insistent sur la difficulté de cette formation. Dans les pays où de telles études universitaires sont disponibles, un test d’admission sévère est exigé. Le Dr Élie Barbour, professeur à l’AUB, affirme que quand cette discipline sera instaurée dans son université, au printemps 2005 en principe, «il faudra obtenir une moyenne très élevée pour être admis dans ce département». La difficulté réside dans la diversité des cours mais aussi dans la diversité des sujets étudiés: des animaux domestiques au bétail, des volailles aux chevaux, etc. Il n’est pas nécessaire, comme certains le pensent, de commencer par des études de médecine générale proprement dites avant d’aborder la médecine vétérinaire. Toutefois, les deux formations ont plusieurs points communs: les étudiants prennent des cours de sciences (biologie, physique, chimie), d’anatomie animale, ainsi qu’une formation médicale vaste, englobant l’immunité animale, les maladies et leurs causes (bactéries, champignons...), l’anesthésie, la chirurgie, la radiologie, la pharmacologie, etc. Les études qui seront assurées à l’AUB dureront quatre ans, suivis d’une année de stage dans la ferme de l’université, dans la Békaa. La durée des études est à peu près la même dans les différentes universités du monde. Le Dr Nicolas Berbéri conseille cependant aux étudiants de ne pas se limiter aux études de médecine vétérinaire générale. Il est possible en effet de suivre l’une ou l’autre des spécialisations. Lui, à titre d’exemple, s’est spécialisé dans les soins pour chevaux. Il existe aussi des branches pour les animaux de compagnie (chiens, chats, oiseaux, lapins...), les animaux de ferme, les animaux exotiques (pour travailler dans les zoos notamment), la recherche, la pharmacologie... Pour ceux qui désirent suivre des études à l’étranger, il faut savoir que l’Ordre des vétérinaires du Liban tente d’avoir accès à un nombre restreint de bourses par an, comme nous l’explique son président, le Dr Jean Hokayem. Pour plus de renseignements, il est possible d’appeler le 03-214080, ou le 01-871590. Par ailleurs, si des études de médecine vétérinaire sont prévues pour bientôt à l’AUB, un tel département aurait dû ouvrir ses portes il y a une vingtaine d’années à l’Université libanaise (UL). «En 1974, un décret pour la création d’une faculté de médecine vétérinaire à l’UL a été promulgué», explique le Dr Hokayem. «La guerre qui a éclaté un an plus tard a mis un terme au projet.» Il affirme avoir déterré ce dossier dès son accession au poste de président de l’Ordre et de l’avoir présenté à tous les responsables concernés, sans succès jusqu’à présent. «Et pourtant, poursuit-il, le ministère de l’Agriculture possède à Ghazir (Kesrouan) un bâtiment aujourd’hui désaffecté, et qui devait servir d’école d’agronomie. Il serait parfait pour abriter une faculté de médecine vétérinaire, surtout que la région comporte de nombreux élevages, et qu’il serait possible de coordonner avec les agriculteurs pour d’éventuels stages de formation. On pourrait faire appel aux vétérinaires diplômés ou à des spécialistes de l’étranger pour les cours.» Moyenne des tarifs Si les cliniques et les hôpitaux vétérinaires n’imposent pas tous les mêmes tarifs, il faut savoir qu’une consultation coûte en moyenne 20 dollars au Liban, les vaccins de 25 à 30 dollars, les interventions chirurgicales de toutes sortes de 100 à 500 dollars et les opérations esthétiques (pour certains chiens notamment) de 100 à 200 dollars. Avec l’apparition d’hôpitaux et de cliniques très bien équipés, le panel d’intervention sur les animaux s’est considérablement élargi.
Il peut paraître surprenant d’aborder, dans le cadre de cette rubrique, une spécialisation qui n’est pas encore enseignée au Liban, mais le métier de vétérinaire ne manque pas de passionner tous ceux qui aimeraient dédier leur vie aux soins des animaux. En attendant qu’un projet de faculté de médecine vétérinaire, conçu il y a une vingtaine d’années à...