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Actualités - OPINION

Macroéconomie Comment réduire la dette publique?

Par Charbel Cordahi * La dette du Liban pose un problème de taille, quelle que soit la méthode de calcul adoptée. Ceci est confirmé par les indicateurs modernes de mesure, comme l’inflation, les actifs immobilisés de l’État et les engagements non pris en compte dans les documents budgétaires. La seule possibilité «sérieuse» à la disposition des autorités serait de réduire substantiellement les dépenses publiques et d’accompagner cette mesure par une réduction fiscale importante. Le Trésor peut encourager cette politique en émettant des obligations indexées, qui le détourneraient définitivement de la « planche à billets ». Fin 2003, la dette du Liban s’élevait à 31 milliards de dollars, soit approximativement 8 850 dollars pour chacun des 3,5 millions de Libanais. On saisit l’ampleur du problème lorsque nous rapportons cette somme à ce que gagne, en moyenne, un Libanais pendant sa vie active, soit environ 55 000 dollars. La dette du Liban représente 190 % du PIB et le place en tête du classement des pays endettés. La particularité de cette dette tient à son caractère historique ; alors qu’en général les pays s’endettent durant les périodes de guerre et remboursent leurs emprunts en temps de paix, la dette du Liban s’est accrue durant les années qui ont suivi l’arrêt des hostilités. Si nous éliminons l’impact de l’inflation, la dette actuelle diminue seulement de 1 %. Si nous prenons en compte les actifs immobilisés de l’État (téléphonie mobile, EDL, etc.), elle ne décroît que de quatre milliards de dollars. Si nous calculons les engagements non pris en compte dans les documents budgétaires, tels que les sommes dues aux hôpitaux et aux cocontractants, elle augmenterait davantage que les chiffres publiés et atteindrait les 34 milliards. Les politiques budgétaire et fiscale du gouvernement reposent sur un niveau d’imposition élevé et un secteur public disproportionné avec la taille de l’économie. Il faudrait pouvoir réduire simultanément les impôts et les dépenses publiques. Une réduction fiscale stimule les dépenses de consommation et accroît à court terme la demande totale de biens et services. L’expansion de la demande accroît la production nationale et permet de réduire le chômage. Cependant, si la baisse des impôts est financée par davantage de déficit budgétaire, la dette publique et les taux d’intérêt tendent à augmenter. La hausse des taux d’intérêt décourage l’investissement et efface les effets initiaux de la réduction fiscale. C’est pourquoi cette mesure doit être accompagnée par une réduction soutenue et importante des dépenses publiques. Sinon, les consommateurs comprendront qu’ils devront payer plus tard, sous forme d’impôts, le prix de la réduction fiscale d’aujourd’hui. Ainsi, au lieu d’accroître leurs dépenses de consommation, ils épargneront davantage pour payer l’impôt qui leur sera demandé à l’avenir. L’expérience a montré que, pour relancer une économie, les consommateurs doivent avoir le sentiment que la réduction fiscale n’exigera aucune hausse des impôts dans le futur. Notons que si la progression de la dette se poursuit, la tentation de non remboursement deviendra plus forte et provoquera une fuite des capitaux étrangers. La mise en place d’une nouvelle politique budgétaire et fiscale peut être soutenue par le Trésor, qui peut remplacer une partie des bons du Trésor en circulation par des obligations dont le rendement est lié à l’inflation. Cette politique le détournerait définitivement de la possibilité de susciter délibérément l’inflation et enverrait un signal clair aux investisseurs qu’ils sont à l’abri des risques liés à cette dernière. (*) Économiste, chercheur au Centre de recherches et d’études doctorales (Cred) de l’Esa. En coopération avec l’ ESA
Par Charbel Cordahi *

La dette du Liban pose un problème de taille, quelle que soit la méthode de calcul adoptée. Ceci est confirmé par les indicateurs modernes de mesure, comme l’inflation, les actifs immobilisés de l’État et les engagements non pris en compte dans les documents budgétaires. La seule possibilité «sérieuse» à la disposition des autorités serait de...