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Actualités - CHRONOLOGIE

CIMAISES - Rétrospective exceptionnelle du grand peintre new-yorkais Edward Hopper, une mélancolie américaine à la Tate Modern

L’œuvre du peintre new-yorkais Edward Hopper (1882-1967), l’un des plus poignants regards portés sur l’Amérique du XXe siècle, fait actuellement l’objet d’une rétrospective exceptionnelle à la Tate Modern, le grand musée d’art contemporain de Londres. L’exposition couvre plus de six décennies de vie artistique, montrant à la fois la permanence d’éléments-clefs (la solitude, la lumière, la tension psychologique), et l’évolution de Hopper vers une peinture de plus en plus minimale dans les années 50. Formé jusqu’en 1906 à New York, Hopper effectue ensuite de longs séjours en France, mais reste à l’écart du foisonnement artistique de Montparnasse. Il est dédaigné par la critique à son retour aux États-Unis. Le jeune peintre souffre pour s’émanciper peu à peu de son métier d’illustrateur publicitaire. Sa carrière prend son envol définitif grâce à une exposition en 1924, la quarantaine passée. Dès 1933, le prestigieux Musée d’art moderne de New York (Moma) lui consacre une rétrospective. Edward Hopper s’impose dès lors comme l’un des grands peintres réalistes de la modernité américaine, l’un de ceux qui ouvrent la voie au pop art et à l’hyperréalisme des années 60. Des êtres désœuvrés évoluant dans un décor glauque Mais Hopper ne peint pas l’Amérique à la manière optimiste d’un Norman Rockwell, par exemple. Ses toiles sont souvent hantées par la solitude de la grande ville. Elles montrent des êtres désœuvrés, évoluant dans un décor glauque, comme embué. La lumière et les ombres jouent souvent un rôle majeur dans les compositions du peintre, comme dans Nighthawks (Les noctambules, 1942), visible à la Tate. L’œuvre sans doute la plus connue de Hopper montre une femme et trois hommes accoudés de nuit au comptoir d’un « dîner », cet ancêtre des cafétérias et des fast-foods impersonnels. L’image est saisie à travers une baie vitrée, depuis la rue déserte. L’éclairage cru du restaurant se disperse en un halo gris sur le trottoir, et l’abondance de lumière participe à la mélancolie de ce spectacle. L’exposition montre, de la même façon, de nombreuses scènes de personnages esseulés sous les néons (New York Interior, Intérieur new-yorkais, 1921), voire sous le soleil de midi, dont ils paraissent ignorer la lumière chaude, presque criarde (Summertime, En été, 1943). Hopper pensait qu’on traquait trop la représentation de la solitude dans ses toiles. Le thème n’est, à coup sûr, pas le seul dans son œuvre. L’exposition londonienne le montre notamment avec des paysages de bord de mer de la Nouvelle-Angleterre, au nord-est des États-Unis. Quel que soit le thème, l’œuvre du peintre paraît familière et facile d’accès à ceux qui la découvrent en 2004. C’est peut-être parce que le langage visuel du cinéma, art populaire du siècle par excellence, a tant été inspiré par Hopper. Des cinéastes lui ont rendu un hommage explicite. Alfred Hitchcock reproduit ainsi dans Psychose la maison de The House by the Railroad (La maison près de la voie ferrée, 1925). Wim Wenders, dans La fin de la violence, recrée la scène de Nighthawks. Mais presque tous les réalisateurs ont cherché, souvent sans le savoir, des cadrages et des éclairages imités du regard que Hopper portait sur le monde qui l’entourait. L’exposition Edward Hopper, la première en Grande-Bretagne depuis 20 ans, est visible tous les jours jusqu’au 5 septembre. Des renseignements pratiques sont disponibles sur le site Internet du musée, www.tate.org.uk.
L’œuvre du peintre new-yorkais Edward Hopper (1882-1967), l’un des plus poignants regards portés sur l’Amérique du XXe siècle, fait actuellement l’objet d’une rétrospective exceptionnelle à la Tate Modern, le grand musée d’art contemporain de Londres.
L’exposition couvre plus de six décennies de vie artistique, montrant à la fois la permanence...