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L’incapacité étatique reste l’une des principales causes des épreuves du pays

Un ancien responsable relève, sans trop s’en étonner, la similitude de comportement des rouages étatiques d’aujourd’hui et d’hier. Sous Charles Hélou, rappelle-t-il, une petite quarantaine de fedayine s’était installée dans le Arkoub. Le gouvernement quadripartite d’alors, incapable d’accorder ses violons sur cette question, avait volé en éclats. Tandis que la présence armée palestinienne croissait et se multipliait allègrement dans plusieurs régions. Menant, en définitive, à une effroyable guerre intestine de quinze ans, dont les séquelles se font encore sentir lourdement. Mais à l’origine, le président Hélou, pour sa propre part, avait réussi à faire reporter le grand choc. Qui aurait pu se produire dès 1969, s’il avait refusé d’avaliser la convention du Caire. Et qui n’a eu lieu qu’après son départ du pouvoir, en 1975, sous Frangié. C’est la même méthode de renvoi qui est adoptée dans le domaine financier, ou structurel, depuis les premières secousses sérieuses, en 1992. Les gouvernements successifs éludent tout traitement de fond pour se rabattre sur des palliatifs. Aucun d’eux n’a entrepris de combattre effectivement la corruption ni d’amorcer une véritable réforme administrative. Aucun d’eux n’a appliqué une politique d’austérité effective, pour réduire le déficit budgétaire. Ils ont tous, au contraire, recouru à l’endettement, devenu, avec le paiement des intérêts, la principale cause de ce même déficit budgétaire. C’est de la superhoméopathie en somme, puisque l’on traite un mal par un mal pire encore. Ou, si on veut rester dans le champ médical, comme si on installait un centre de soins urgents à un tournant dangereux, au lieu de l’élargir. L’explosion socio-économique se trouve donc retardée, comme l’avait été la guerre intestine, mais pas prévenue. Au contraire même, puisque la méthode suivie ne fait qu’aggraver la récession. Rien n’illustre mieux le caractère temporisateur du cadre choisi que le swap, qui n’est qu’une opération de report des dates d’échéances. Beaucoup de pays recourent certes au swap, pour des raisons de commodité ou de taux d’intérêt. Mais en général, ils sont parfaitement solvables. Dans l’absolu, le Liban aussi. Mais en pratique, pour le moment, ce n’est pas le cas. Et ce le sera encore moins quand, en 2007, la dette aura atteint les 45 milliards de dollars, comme le prévoit Hariri. Heureusement, personne, à l’extérieur ou à l’intérieur, ne nous met le couteau sur la gorge, pour nous faire rendre gorge justement. Sans aller jusqu’à cette extrémité, c’est-à-dire sans envisager la perspective d’une mise en faillite, il est logique de penser qu’un jour viendra où le Liban ne trouvera plus assez d’oxygène auprès des banques. Il lui sera difficile alors d’empêcher la population, la rue de bouger. Le vétéran cité se demande si certains esprits brillants ne misent pas, en réalité, sur des probabilités surréalistes. Comme l’effacement d’une grosse partie de l’ardoise, en cas de paix régionale. En oubliant que, justement, le gros de la dette n’est pas dû à des États, mais à des banques qui ne peuvent absolument pas gommer les créances. Ces mêmes rêveurs comptent peut-être aussi sur le paquet (25 milliards de dollars ?) qui nous serait remis pour que nous acceptions l’implantation. Ou euphorisent en pensant aux nappes de pétrole qui seraient enfouies par 4 000 m de profondeur aux larges de nos côtes. Bref, ces optimistes croient au père Noël. Au lieu de colmater la grosse brèche dans la coque signalée par James Wolfensohn, le président de la Banque mondiale, il y a plus de trois ans. Le Trésor ressemble de plus en plus au tonneau percé des Danaïdes. Que l’on tente de remplir avec des dettes. Mais aussi avec des impôts, qui font grincer des dents une population exsangue. Et que l’on menace derechef de plonger dans le noir, dès la fin de l’été, puisque le problème de l’EDL n’a pas été réglé. Tandis que prospèrent les parasites, fonctionnaires surnuméraires ou caisses et conseils aussi inutiles que dispendieux. Le Conseil des ministres se contente donc, conclut l’ancien responsable, de gérer le chaos. Un jour, cela ne sera plus possible. Émile KHOURY
Un ancien responsable relève, sans trop s’en étonner, la similitude de comportement des rouages étatiques d’aujourd’hui et d’hier.
Sous Charles Hélou, rappelle-t-il, une petite quarantaine de fedayine s’était installée dans le Arkoub. Le gouvernement quadripartite d’alors, incapable d’accorder ses violons sur cette question, avait volé en éclats. Tandis que la...