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Actualités - OPINION

Pas de politisation du dossier économique Des paris sur la durée du nouveau gentleman’s agreement

On est en plein gentleman’s agreement. Tout est de savoir combien de temps, cette fois, il va durer. La semaine qui commence sera probablement calme. L’été qui est là apporte un fumet de relaxation. Et de farniente, qui veut dire littéralement : ne rien faire. On prévoit dès lors que l’Exécutif, après son record de trois séances en deux jours la semaine dernière, va se détendre. À tous les sens du terme. À moins que du côté des décideurs, on ne donne le feu vert pour la grande empoignade de la présidentielle. Ce que beaucoup de professionnels estiment peu vraisemblable. Dans la mesure où il est encore trop tôt. Quoi qu’il en soit, le Conseil des ministres a franchi sans encombre l’obstacle du swap. En coupant la poire en trois : deux parts pour les lahoudistes, à savoir l’adoption du mécanisme pour l’échéance 2005. Et une part pour les haririens : le report de l’opération en ce qui concerne l’échéance 2006. Cette proportion s’est reflétée du reste au cours du débat : aux côtés, pour ainsi dire, du chef de l’État, on a trouvé le gouverneur de la Banque centrale et le directeur des Finances. Tandis qu’en face, Siniora ferraillait tout seul pour Hariri. D’ailleurs, c’est pour le principe, ou pour la galerie que le ministre a livré son baroud d’honneur. On le devine facilement à son rire d’après-séance quand, répondant à une question sur la partie apparemment perdue, il a indiqué que l’autre partie avait su se montrer convaincante... En fait, selon des sources ministérielles et néanmoins fiables, l’accord sur le swap a été finalisé, juste avant le Conseil, au cours d’une rencontre discrète entre Hariri et l’un des assistants du président de la République. Dans ce contexte, il a été convenu de passer à l’acte en septembre prochain pour les traites de 2005. Afin de n’avoir pas de soucis côté finances à se faire lors de la présidentielle puis des législatives. Mais d’éviter, par une initiative prématurée, de brider le pouvoir de décision, pour 2006, du prochain Exécutif. Bien plus important semble être le pacte d’ordre général dont l’accord cité n’est qu’une résultante. Il se confirme, en effet, de sources officielles concordantes, qu’il a été décidé de ne plus politiser les questions économiques ou financières. De leur réserver un traitement purement technique. Sans tout mélanger. C’est ainsi que le président Lahoud, interrompant le ministre Siniora qui extrapolait sur l’état général des finances publiques (en réclamant un débat spécial pour ce dossier), a fait remarquer que l’on devait pour l’heure s’en tenir à discuter du swap. Le président Hariri pour sa part, sans se mettre hors sujet, a lancé un appel pressant pour un programme ciblé visant à réduire la dette publique et son service (paiement des intérêts) qui est l’une des principales causes du déficit budgétaire ainsi que du marasme économique. Pour bien marquer son point de vue par un effet frappant, le président Hariri a prédit que la dette publique crèverait le plafond des 45 milliards de dollars en moins de trois ans, si l’on n’y remédiait sans plus tarder. Plusieurs ministres sont du même avis. Ils rappellent que le swap n’est qu’un expédient temporisateur. Et qu’il faut des réformes administratives, financières et politiques. Ainsi qu’un train de privatisations, pour amorcer le redressement. Que l’on doit en somme remettre Paris II, côté engagements libanais, sur le métier. En tout cas, pour l’heure, tout baigne dans l’huile côté pouvoirs. Dans ce sens que les dirigeants, d’après les mêmes ministres, se sont entendus sur deux points aussi capitaux que complémentaires. Le premier est que nul ne doit exploiter les dossiers économiques ou financiers à des fins politiques ou électorales. Le deuxième, qu’il est indispensable de s’atteler tous ensemble au traitement des multiples problèmes endémiques qui tissent la crise socio-économique. Dont l’électricité. Mais une solution de fond est souvent impossible dans les mois à venir. On l’a vu justement avec l’électricité. À cause de la flambée du pétrole, le Conseil des ministres a dû se résoudre, encore une fois, à recourir à un simple palliatif. En accordant à l’EDL une avance, afin qu’elle couvre la saison d’été, pas plus. Donc, si d’une manière générale les lahoudistes laissent Hariri reprendre la main pour ce qui est de l’économique, ils n’ont pas d’inquiétudes à se faire. Il devra en effet s’abstenir d’utiliser cet atout dans le cadre de sa lutte d’influence politique. Et puis il n’aura ni le temps ni les moyens d’enregistrer une grande victoire en amorçant effectivement le redressement avant d’avoir à rendre son tablier, fin novembre prochain. Cela étant, tout le monde se félicite de la détente, gage d’une meilleure stabilité politique et d’une saison touristique d’été riante. Il restera à voir si le front uni du pouvoir restera soudé à la fin du mois en cours, si les syndicats s’agitent de nouveau comme ils en ont fait l’annonce. Philippe ABI-AKL

On est en plein gentleman’s agreement. Tout est de savoir combien de temps, cette fois, il va durer. La semaine qui commence sera probablement calme. L’été qui est là apporte un fumet de relaxation. Et de farniente, qui veut dire littéralement : ne rien faire. On prévoit dès lors que l’Exécutif, après son record de trois séances en deux jours la semaine dernière, va...