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Actualités - ANALYSE

Perspective - Pour les loyalistes, Bkerké approuvera une reconduction si « l’intérêt national » l’exige Les propos de Sfeir à la presse augurent d’une véritable bataille présidentielle

Le patriarche Nasrallah Sfeir aurait-il enclenché la bataille présidentielle sans le vouloir ? Dans l’interview parue dimanche dans le quotidien an-Nahar, le prélat maronite estimait en effet qu’il était encore trop tôt pour se faire une idée précise sur la question. Mais les allusions et les sous-entendus se multiplient ici et là, en faveur ou non de tel ou tel autre candidat. Il y a d’ailleurs fort à parier que les positions politiques à ce sujet commenceront à se décanter petit à petit dès cette semaine avec les réactions que ne manqueront pas de susciter les propos du cardinal à la presse. Et même si Mgr Sfeir s’efforce d’observer une attitude neutre par rapport au président Émile Lahoud, son hostilité déclarée à tout amendement de la Constitution permettant de proroger le mandat présidentiel fait de lui – qu’il le veuille ou non – un opposant à une réélection du chef de l’État. Sollicitée par L’Orient-Le Jour, une source officielle s’est abstenue de tout commentaire et s’est contentée de rappeler la position de M. Lahoud, qui est « la même depuis le début », en l’occurrence : le président de la République n’est nullement concerné par les propos relatifs à la prorogation ou au renouvellement. Mais revenons à l’interview dans laquelle le patriarche affirme avoir toujours été hostile « par principe » à tout amendement de la Constitution. Il part aussi d’une « réalité » : selon lui, « chaque président dont le mandat a déjà été renouvelé a échoué dans sa tâche pendant toute la durée de la prorogation ». Et d’ajouter : « Je suis pour la Constitution et non pas pour ou contre le président Lahoud. » Visiblement soucieux de ne favoriser aucun candidat, le patriarche a constaté que « le pays est scindé en deux, une partie qui œuvre pour que le président Lahoud reste au pouvoir, et l’autre qui y est opposée, et chaque partie tente d’utiliser ma position dans son intérêt ». Cela ne l’empêche pas d’avoir une opinion claire à ce sujet. Il dénonce ainsi « la situation actuelle du pays qu’on mène à la faillite », mais affirme qu’il n’est « contre aucune personne déterminée ». Prié de commenter d’autre part les propos du président syrien Bachar el-Assad, qui avait affirmé le 7 juin que l’élection était une « affaire strictement libanaise », Mgr Sfeir a déclaré : « L’attitude du président Assad est bonne, mais que va-t-il se passer après cela ? Les candidats continuent à se rendre l’un après l’autre à Damas et l’influence syrienne demeure forte. » Et de se demander si la Syrie « laissera le pays élire son président ». Le prélat maronite doute d’autre part de la volonté de Damas de tenir compte de son avis sur la question, et ajoute enfin : « Aujourd’hui, le candidat loyaliste table sur l’appui syrien, alors que l’opposant compte sur le peuple. Mais la question est de savoir si celui-ci a encore son mot à dire. » La réaction des loyalistes Partisan d’un renouvellement du mandat actuel, le député Antoine Haddad a aussitôt réagi aux propos du patriarche en rappelant à L’Orient-Le Jour que « Mgr Sfeir a déjà dit aussi qu’il était pour un amendement de la Constitution si l’intérêt de la nation le commandait ». La position ambiguë du leader druze Walid Joumblatt n’arrange évidemment rien, celui-ci s’étant contenté de prendre acte hier de la possibilité d’une prorogation du mandat de M. Lahoud. Lors de l’inauguration du siège patriarcal melkite d’été à Aïn-Trez, il a déclaré, en provoquant les rires de l’assistance et du chef de l’État : « Nous espérons clore avec vous le dossier des réconciliations dans le Chahar et à Brih avant l’avènement d’un nouveau mandat ou d’un ancien mandat renouvelé. » De fait, contacté aussi par L’Orient-Le Jour, le député prosyrien Assem Kanso n’a pas manqué d’interpréter la dernière allusion de M. Joumblatt à « l’ancien mandat renouvelé » comme un appui incontestable du chef du PSP à une réélection de M. Lahoud. Mais un bémol à cette lecture simpliste s’impose, d’autant plus que M. Joumblatt se rendait le soir même chez le Premier ministre Rafic Hariri, l’opposant le plus farouche à la reconduction du président Lahoud. D’autre part, commentant l’entretien du cardinal Sfeir au Nahar, il a souhaité que « les responsables spirituels chrétiens et musulmans évitent d’intervenir dans les questions d’ordre politique ». « Après tout, il revient aux seuls députés d’élire un président de la République », a ajouté M. Kanso. José JAMHOURI

Le patriarche Nasrallah Sfeir aurait-il enclenché la bataille présidentielle sans le vouloir ? Dans l’interview parue dimanche dans le quotidien an-Nahar, le prélat maronite estimait en effet qu’il était encore trop tôt pour se faire une idée précise sur la question. Mais les allusions et les sous-entendus se multiplient ici et là, en faveur ou non de tel ou tel autre...