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Actualités - CHRONOLOGIE

Francophonie - Le député de Baabda représentait le Liban à l’Assemblée des parlementaires à Vientiane Honein : Seules les valeurs laïques peuvent faciliter une intégration plus égalitaire des minorités

Le député de Baabda, Salah Honein, a représenté le Liban à l’Assemblée annuelle des parlementaires francophones, qui s’est tenue les 8 et 9 courant à Vientiane, la capitale du Laos. C’est au sein de la commission des Affaires parlementaires qu’il a prononcé un discours accueilli avec beaucoup de chaleur par ses collègues francophones. Un discours entièrement axé sur les minorités, notamment dans le cadre d’un XXIe siècle qui « se désintéresse totalement de l’État-nation et nous plonge dans une nouvelle donnée politique et économique galopante : la mondialisation ». Le député de Baabda a insisté en outre sur le nécessaire respect de la démocratie et de la tolérance par un État qui souhaite prendre soin de ses minorités, soulignant que « seules les valeurs laïques peuvent faciliter une intégration plus égalitaire des minorités, tout en sauvegardant leur identité ». Voici de larges extraits de l’intervention de M. Honein : « Des tragédies du Proche-Orient à celles de Yougoslavie ou d’Afrique, des événements meurtriers viennent secouer notre planète, qui se trouve embrasée par le soulèvement de certaines minorités, alors que le discours sur ces mêmes minorités piétine. Incapacité théorique à saisir le problème dans son ensemble, et inefficience pratique à résoudre cette question si délicate. “ Le terme de minorité – accompagné d’une épithète précisant son identité par rapport à l’environnement – désigne des groupes humains qui se trouvent “marginalisés”, en position d’infériorité numérique – sauf exception, exemple l’Afrique du Sud lors de l’apartheid – et en même temps politique, sociale ou économique, voire culturelle. Le fait d’être en minorité implique, en même temps, celui d’être juridiquement, ou sociologiquement, mineur.” « Cette définition de Pierre Georges, en apparence simple, cache évidemment des réalités complexes, mouvantes, sources d’affrontements et de guerres sanglantes. À cette définition il faudra ajouter qu’une minorité collective n’existe que si elle a conscience d’exister. Aussi, se définit-elle moins par le nombre de ses membres que par le statut et le pouvoir dont elle dispose, ou non, au sein de la société qui l’englobe. « Les tentatives de codification de cette notion, en droit international, sont anciennes et se heurtent toujours à des obstacles considérables. Comment s’entendre sur une définition uniforme des minorités, alors que leur sort revêt des aspects particuliers, dans chaque État où elles se trouvent ? Mais aussi, qui est en droit de décider si des minorités existent, au sein d’une entité politique donnée ? Doit-il s’agir d’un nombre important d’hommes que l’appartenance ethnique, la langue, la religion ou les convictions distinguent des autres ? Doit-il s’agir d’anciennes communautés, ou de groupements établis récemment ? Autant de questions qui nécessitent autant de réponses. « La réponse politique à ces questions s’est concrétisée, historiquement, par l’avènement de l’État-nation qui a impliqué un éloignement des traditions, accompagné de la primauté du progrès et de la raison. Dans ce contexte, les minorités apparaissent comme des groupes relevant d’un stade inférieur de l’évolution humaine, les derniers bastions de la tradition et de l’archaïsme. On ne peut toutefois ignorer que c’est au cœur de certaines minorités que se sont épanouies des réflexions génératrices de changement. « Dans ce contexte idéologique, la notion de citoyen prévaut sur celle des particularismes des minorités et n’est plus sujette aux déterminismes sociaux. Face à la difficulté des individus de se distancer de leur particularisme d’origine pour entrer dans l’ensemble national, la période des nationalismes a illustré la déviation de l’État-nation vers les totalitarismes, lesquels poussent vigoureusement au déracinement culturel et déploient tous leurs efforts pour substituer à une communauté culturelle commune, construite et soudée, une culture imposée, hégémonique, qui non seulement engendre une société aveugle aux différences, qui supprime les identités, mais aussi hautement discriminatoire par elle-même, d’une manière sournoise. « Il serait cependant utopique de vouloir se soustraire à certaines réalités, dont celle du rapport de l’État avec l’intégration et l’assimilation de ses ressortissants, pour consolider une société. En d’autres termes, pour clarifier l’avenir des minorités, il s’agit de trouver l’équilibre entre la cohésion sociale et politique d’une part, et la revendication d’une identité différente d’autre part, tout en tenant compte d’une donnée politique, qui est l’existence même de l’État. « Néanmoins, le traitement des minorités ne saurait être envisagé sans un État démocratique et tolérant à leur égard. Encore faut-il que la démocratie s’accompagne d’un réel effort de reconnaître les droits du voisin, de l’autre, de l’étranger. Des droits qui sont loin d’être garantis, car la peur de l’autre semble une donnée permanente de nos civilisations, vu qu’elle est fondée sur un sentiment perpétuel d’insécurité de l’individu, comme des communautés. « Toutefois, le meilleur moyen d’apaiser peur et insécurité est de passer par la connaissance de l’autre et le respect de son identité. Au lieu d’enfermer l’homme, il faut le rendre plus ouvert à l’autre et l’encourager au dialogue, à l’échange et à la créativité qu’excluent nécessairement les tentatives totalitaires ou fondamentalistes. Dans cet échange à construire, les minorités ont une place privilégiée, pour la définition d’un avenir plus humain. « Le XXIe siècle se désintéresse de l’État-nation et nous plonge dans une nouvelle donnée politique et économique galopante : la mondialisation. À présent, il semble que nous vivons dans une ère avancée, caractérisée par un monde qui ne dispose plus de valeurs indiscutables, mais qui repose sur une pluralité de points de vue, et où l’activité sociale est dissociée des contextes locaux, et se trouve réorganisée sur une vaste échelle, celle de la mondialisation. « Aussi, les nations sont remplacées par un monde où le pouvoir économique et technologique est concentré et associé à une culture dominante et omniprésente, souvent perçue comme oppressive. Dans ce monde, le fossé paraît immense entre le domaine de l’économie et de la technologie, et celui de l’identité culturelle de chacun. « En effet, la révolution des technologies de l’information, l’organisation globale des marchés financiers, le pouvoir croissant des sociétés transnationales et le développement inédit du commerce international provoquent une interdépendance mondiale des économies, qui rend caduc le principe territorial. Et cela a des conséquences fondamentales sur les minorités. »
Le député de Baabda, Salah Honein, a représenté le Liban à l’Assemblée annuelle des parlementaires francophones, qui s’est tenue les 8 et 9 courant à Vientiane, la capitale du Laos. C’est au sein de la commission des Affaires parlementaires qu’il a prononcé un discours accueilli avec beaucoup de chaleur par ses collègues francophones. Un discours entièrement axé sur...