Les qualifications de Porto et, surtout, du Deportivo La Corogne aux dépens du Milan AC, tenant du titre, pour les demi-finales de la Ligue des champions de football mercredi, ont confirmé qu’un vent de fraîcheur soufflait sur une compétition revigorée par sa nouvelle formule. Après les exploits, mardi, de Monaco, tombeur du Real Madrid (2-4, 3-1), et de Chelsea, qui a enfin réussi à vaincre Arsenal (1-1, 2-1), c’est le Depor qui a écrit une page de légende. Sévèrement battu à l’aller à San Siro (4-1), les Galiciens ont renversé la situation au Riazor corrigeant (4-0) un champion d’Europe qui n’avait pourtant encore concédé aucun but en déplacement cette saison en C1. « On est capable du pire mais aussi du meilleur. La preuve ! Le miracle s’est produit ce soir », se réjouissait après coup Javier Irureta, l’entraîneur d’une équipe qui jusque-là avait fait surtout parler d’elle après sa défaite « historique » à Monaco (8-3) en 1re phase. Comme Chelsea, le Depor sera présent pour la première fois de son histoire dans le dernier carré de la C1. Si la qualification du FC Porto, bien supérieur à son adversaire français, était plus attendue face à Lyon (2-0, 2-2), ces résultats confirment que la nouvelle formule de la C1 (abandon de la seconde phase au profit de huitièmes à élimination directe) a redonné un coup de fouet à une épreuve qui nivelle les forces. L’illustration en est donnée par l’élimination surprise des leaders des trois plus riches championnats (Italie, Espagne, Angleterre). Véritables mentors Des quatre favoris des quarts, seul le FC Porto, tenant de la Coupe de l’UEFA, a tiré son épingle du jeu. Les Portugais seront d’ailleurs les seuls anciens détenteurs du trophée (1987) présents en demi-finales. L’Italie est le principal pays à faire les frais de cette redistribution des cartes. Des trois clubs présents en demi-finales la saison passée (Inter, Milan AC et Juventus), il n’en reste plus aucun. « La fin du monde au Riazor », titrait hier La Gazzetta dello Sport, quotidien milanais, stupéfait par les prestations inhabituelles des piliers de la défense Cafu-Nesta-Maldini crédités d’un médiocre 4/10. Maigre consolation, les deux gardiens de Monaco et Chelsea, qui s’affronteront en demi-finale, sont deux Italiens (Roma et Cudicini ou Ambrosio), des hommes qui ont pourtant peu de chances d’aller à l’Euro. Plus globalement, la présence de Monaco, de Chelsea, du Depor et de Porto – qui s’affronteront dans l’autre demi-finale – récompense quatre clubs où l’entraîneur a pris une place prépondérante à l’inverse du Portugais Queiroz, condamné à composer avec le recrutement illogique de son président Fiorentino Perez, sacrifiant ses remplaçants pour s’offrir une vedette de plus. Chez les plus anciens, Irureta se voit récompensé d’une constance remarquable au plus haut niveau européen avec La Corogne, tandis que l’Argentin Ranieri a réussi à bâtir un collectif à Chelsea malgré la pluie d’individualités qui s’est abattue sur le club depuis l’arrivée du milliardaire russe Roman Abramovitch. Du côté des plus jeunes, Deschamps, 35 ans, et Mourinho, 41 ans, sont encore plus emblématiques tant ils ont dépassé leurs fonctions en devenant de véritables mentors. Le Portugais, fin tacticien, adepte de la créativité, à donné des leçons de tactique à Manchester United puis à Lyon. Quant à Deschamps, il parvient remarquablement à transmettre à ses joueurs cette fameuse « culture de la gagne » qui avait déjà fait de lui, sur le terrain, le leader des Bleus champions du monde et d’Europe. Les bookmakers anglais, qui ont fait des affaires en or, attendent désormais avec impatience les 20 et 21 avril, dates des demi-finales aller où tout est désormais possible.