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Actualités - OPINION

DIPLOMATIE - Obeid dimanche à Ankara La Turquie veut renforcer ses relations politiques avec le Liban

Ankara souhaite renforcer ses relations politiques avec Beyrouth, à l’heure où le bilatéral économique se développe particulièrment bien, notamment au niveau des échanges commerciaux, même si la balance penche toujours en faveur de la Turquie (235 millions/65millions). Des sources diplomatiques estiment ainsi que l’intérêt notable de ce pays à l’égard du Liban n’est pas chose nouvelle : les relations ont toujours été « calmes et réalistes » au cours des dernières décennies, à l’exception des plaintes d’Ankara au sujet des manœuvres de l’Armée secrète arménienne de libération (Asala), très active dans les années 70 et 80 ; au sujet, également, des activistes kurdes installés au Liban. Sans compter que les relations libano-turques se sont relativement détériorées au moment où les rapports entre Ankara et Damas connaissaient des soubresauts notables. Des rapports aujourd’hui très bonifiés, notamment après la visite du n°1 syrien Bachar el-Assad en Turquie, il y a quelques mois. Ces sources visiblement inspirées par ce qu’elles entendent dans les milieux diplomatiques turcs indiquent également qu’Ankara reconnaît l’importance du Liban et de son rôle dans la région : un point d’entrée important vers le monde arabe, sans compter ses acquis au niveau de l’expérience démocratique, de l’ouverture et de la pluralité. Ces sources rapportent ainsi la réflexion que le ministre turc Abdullah Gül a partagée avec l’un de ses collaborateurs le jour où il quittait le Koweït pour regagner son pays : « J’ai négligé le Liban au cours de ma tournée régionale ; il faut que je compense cela en me rendant le plus tôt possible à Beyrouth. D’ailleurs, si le protocole me l’avait permis, j’aurais demandé à ce que l’avion atterrisse immédiatement » à l’AIB, avait dit celui qui, à l’époque, était le Premier ministre de Turquie. C’est donc dans ce cadre-là que s’inscrit la visite officielle du ministre des AE en Turquie qui débutera dimanche – et c’est une première pour un locataire du palais Bustros depuis vingt – et un ans. Jean Obeid et Abdullah Gül se sont d’ailleurs toujours très bien entendus, ils multipliaient même les apartés en marge d’un grand nombre de rencontres internationales (notamment en Crète ou à Téhéran). En fait, l’invitation du ministre turc date depuis la mi-2003, sauf que les occupations des deux ministres ont empêché sa concrétisation. L’agenda des rencontres libano-turques se divise en deux parties. D’abord, le report du sommet arabe – et cela permettra à Jean Obeid d’informer son homologue turc des derniers contacts destinés à faire en sorte que ce sommet se tienne en mai. À cet égard, le ministre des AE s’est entretenu hier au téléphone avec ses homologues syrien Farouk el-Chareh, et tunisien Habib ben Yéhia. Principal sujet de la discussion : la date d’une conférence ministérielle extraordinaire qui préparera le sommet des chefs d’État, qui avait été reporté le 29 mars dernier. Deuxième sujet à l’ordre du jour entre Jean Obeid et Abdullah Gül : le projet du « Grand Moyen-Orient ». Sachant que le chef de la diplomatie turque avait indiqué à plusieurs reprises que son pays partage la vision US des choses – une tendance et un enthousiasme à l’égard des propositions occidentales confirmés par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan lui-même à l’Université de Harvard. Persuadé qu’il est que le plan américain réserve un rôle de qualité à la Turquie dans la stratégie de Washington pour la région. Et que sa prise de position donne des atouts supplémentaires à Ankara en ce qui concerne son éventuelle entrée au sein de l’UE. Cela n’empêche pas les responsables turcs d’accompagner leur appel à la démocratie et aux réformes dans le monde arabo-musulman par une exhortation au règlement des crises palestinienne et irakienne, ainsi qu’au respect des spécificités des peuples et leur liberté de décision. Jean Obeid aura pour sa part un avis assez tranché sur la question, qu’il a eu l’occasion de réitérer à plusieurs reprises, tant devant des chefs d’État arabes que devant ses collègues de la région. À savoir que les réformes menacent l’unité et l’équilibre irakiens, à cause de ce que la Constitution provisioire recèle comme lacunes graves. Il insistera sur les revendications du Liban en faveur du retour rapide du pouvoir aux mains des Irakiens, et de l’unité du pays. Quant aux responsables arabes, ils estiment que les positions de la plupart des leaders arabes sur la situation en Irak « sont insuffisantes ». Autre point qui sera débattu entre Jean Obeid et Abdullah Gül : le conflit israélo-arabe. Sachant que la Turquie reste particulièrement précautionneuse lorsqu’elle aborde ce sujet, en raison de l’accord de coopération militaire qu’elle a signé avec Israël en 1996. Cela n’a pas empêché Ankara de rappeler à plusieurs reprises son attachement à l’initiative arabe de paix telle que décidée au cours du Sommet de Beyrouth, et sa disponibilité à jouer le rôle de « facilitateur » dans les négociations de paix entre les deux parties. La Turquie a également essayé de jouer les go-between entre la Syrie et Israël afin que ces deux pays acceptent de retourner à la table des négociations. Quant à Jean Obeid, il rappellera qu’Israël refuse toujours le moindre réglement, refuse le respect et l’application des résolutions onusiennes. Il rappellera également que personne ne s’emploie à demander des comptes de la part de l’État hébreu, ni en ce qui concerne ses agressions sauvages ni ses réserves quant à « la feuille de route ». Enfin, les sources en question soulignent que la volonté politique de redynamiser l’ensemble des liens bilatéraux entre le Liban et la Turquie ont commencé à donner leurs fruits, ne serait-ce que par les visites successives des ministres de l’Économie et du Commerce Marwan Hamadé, et des Travaux publics et des Transports Négib Mikati, en Turquie au cours de l’année en cours, ainsi que par les accords qui ont été signés entre les deux pays Des points positifs qui seraient amenés à redoubler après la visite en Turquie, prévue les 12 et 13 mai prochain, du Premier ministre Rafic Hariri (dont la dernière escale à Ankara remonte à 1993), qui sera couronnée par l’annulation de la double imposition et par un accord de protection et d’encouragement des investissements, puis celle du président de la Chambre, Nabih Berry. Khalil FLEYHANE
Ankara souhaite renforcer ses relations politiques avec Beyrouth, à l’heure où le bilatéral économique se développe particulièrment bien, notamment au niveau des échanges commerciaux, même si la balance penche toujours en faveur de la Turquie (235 millions/65millions). Des sources diplomatiques estiment ainsi que l’intérêt notable de ce pays à l’égard du Liban n’est...