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Actualités - CHRONOLOGIE

Une bataille pour le futur Byblos, mère de toutes les cités

On se focalise beaucoup sur Beyrouth. Question dimensions physiques ou dimension nationale, c’est bien normal. Mais sur le tableau des perspectives politiques, d’autres points sur la carte sont aussi importants. Dans la capitale, en effet, les enjeux tournent autour d’éléments du simple présent : avec ou contre Hariri ; avec ou contre la dualité conseil municipal-mohafez ; avec ou contre la prise en compte de courants émergents comme Kornet Chehwane. Étant entendu que la règle du consensus de parité islamo-chrétienne n’est contestée par personne. En revanche, et par un effet de miroir, à Jbeil, à Byblos, la plus vieille cité du monde, c’est l’avenir de la mosaïque libanaise qui est en balance. Un avenir différent, dans la mesure où tout annonce un rééquilibrage global sur la scène locale. En faveur du camp dit chrétien, jusque là frappé de discrimination. Et que les décideurs syriens eux-mêmes se disent prêts à rétablir dans ses droits spoliés. En matraquant sans cesse, à l’adresse de leurs fidèles, que cette fois il faudra tenir compte des desiderata de Bkerké. Par rapport à la présidentielle, appelée à servir de tournant. Et, par voie de conséquence directe, par rapport aux constantes nationales que le patriarcat défend depuis Taëf. Or, à travers les municipales, à Jbeil sans doute plus qu’ailleurs, l’Est cherche à dessiner la configuration, hétéroclite ou rassemblée, qu’il offrira lorsqu’il sera politiquement réhabilité. Donc cette première échéance préfigure les choix, d’ordre plus général, qui seront faits dans le cadre des législatives de l’an prochain. Scrutin destiné, répétons-le, à renouveler fondamentalement le paysage politique libanais. Des macrospéculations, pour de microréalités. Dont la toute première, inquiétante à première vue, est qu’à Jbeil, la compétition « pour faire acte de présence », et prendre une option sur l’avenir, est d’ores et déjà serrée, pour ne pas dire féroce. On s’y achemine en effet, à brides abattues, vers une bataille acharnée entre trois listes. Avec un effet immédiat assez particulier: les considérations de familles ou de clans s’effacent relativement devant les clivages politiques quasi idéologiques. Ce qui n’est pas peu dire, s’agissant d’une élection qui est par nature même d’ordre bien plus « administratif », au sens gestionnaire du terme, que politique. La politisation du débat ne présente même pas l’avantage de simplifier les choses. Car les rivalités opposent des opposants entre eux, des loyalistes à des loyalistes et, naturellement, des opposants à des loyalistes ! Dans les faits, à Jbeil, contrairement à ce qui se passe ailleurs au Mont-Liban, la Rencontre de Kornet Chehwane et le courant aouniste n’ont pas pu accorder leurs violons. Une première formation, dirigée par Tanios Zaarour, couple le Bloc national et le courant aouniste. Labellisée Entente jbeyliote, la deuxième liste met en tandem le Dr Joseph Chami (fils de l’ancien pôle « eddéiste ») et Gino Kallab. Qui se sont mutuellement promis une présidence rotative en cas de victoire. Cette équipe est soutenue par le député Nazem el-Khoury et par Jean Hawatt. Le troisième équipage mélange opposants et loyalistes. Drivée par Tanios Cardahi, elle est évidemment soutenue par son frère, le ministre lahoudiste Jean-Louis Cardahi. Mais également par Kornet Chehwane ! Du moins à en croire le cousin des Cardahi, Kamal, qui se réclame du mouvement de la réforme Kataëb. Bref, une mère n’y retrouverait pas ses petits. Ce qui n’est pas très rassurant a priori. Sauf que tout le monde n’est pas vraiment à couteaux tirés avec tout le monde. Aussi bien Jean Hawatt que Farès Souhaid et Mansour el-Bone ont effectué auprès de Michel Aoun des visites de climat qualifiées, de part et d’autres, de positives sinon d’amicales. Il y a donc de l’esprit sportif en l’air, sur le thème : « que le meilleur gagne ». Mais les résultats risquent de provoquer des ressentiments durables. Avec des envies de revanche lors des législatives. On ne peut donc pas dire que l’Est y gagne. J. I.
On se focalise beaucoup sur Beyrouth. Question dimensions physiques ou dimension nationale, c’est bien normal. Mais sur le tableau des perspectives politiques, d’autres points sur la carte sont aussi importants. Dans la capitale, en effet, les enjeux tournent autour d’éléments du simple présent : avec ou contre Hariri ; avec ou contre la dualité conseil municipal-mohafez ;...