Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

La croyance en la résurrection dans les religions païennes du Proche-Orient

L’apôtre saint Paul est catégorique sur l’importance de la Résurrection de Jésus dans la religion chrétienne (I CO-14). Cependant, certains peuples païens de l’Antiquité ont cru en la résurrection comme les Égyptiens et les Phéniciens. Les premiers dans le culte d’Osiris, et les seconds dans les mythes de Baal et d’Adonis. Ce dernier est plus populaire, et son prénom est encore donné au Liban d’aujourd’hui aux garçons. I - Le point d’interrogation de Ghineh. Ce village libanais, à quelques kilomètres de Ghazir, possède une stèle rupestre très curieuse, mais fort endommagée, datant de la basse époque et représentant, dit-on, l’épisode de la mort d’Adonis qui lutte avec un monstre : lion ou sanglier, difficile à identifier à cause de l’érosion des siècles. Mais Mr Seyrig, dans un article paru autrefois dans la revue Syria, a mis en doute la relation de cette stèle avec le culte d’Adonis. Il n’y verrait qu’un monument funéraire semblable à ceux de Machnaka et de Jrebta dans les environs de Jbeil. Cet article fut écrit en 1940, mais on a découvert depuis, à quelque trois cents mètres de la stèle, les ruines d’un petit temple du IIIe siècle de notre ère avec mosaïques et chapiteaux à volutes. Les fouilles de Ghineh jetteront-elles un jour quelques nouvelles lueurs sur le culte d’Adonis au Liban de jadis ? II - L’imagination des poètes. Le nom et la légende d’Adonis sont mentionnés pour la première fois chez un poète grec, Panyasis, qui vivait au début du Ve siècle avant Jésus-Christ. Ovide, au livre X de ses Métamorphoses, écrit aussi que Vénus accourut pour panser les plaies d’Adonis blessé par un sanglier à la chasse, mais ne réussit pas à étancher le sang de la blessure. De ce sang naquit une fleur : l’anémone rouge qui tapisse au printemps les collines du Liban. Lucien rapporte aussi la croyance populaire phénicienne qui voyait dans les eaux rougeâtres du fleuve Adonis au printemps (aujourd’hui le Nahr Ibrahim) le sang du jeune dieu blessé par le sanglier. Ce fleuve prend sa source à Afka, en montagne, et jaillit d’une grotte en un site grandiose célébré par Renan, les Tharaud, Maurice Barrès, mais un homme de Byblos renseigna Lucien et lui dit que la coloration rougeâtre de l’eau de ce fleuve n’est pas due à du sang, mais à la nature du sol ocre dont le fleuve charrie les alluvions. III - Baal, Adonis, Osiris : un seul personnage en trois dieux ? On a beaucoup discuté sur l’origine de la légende d’Adonis. L’étymologie est très simple : « don », qui signifie « seigneur », et le suffixe grec « is ». Mais Baal également signifie « seigneur », et la légende de Baal a beaucoup de rapports avec celle d’Adonis. Les tablettes d’écriture cunéiforme découvertes à Ugarit (Ras-Chamra, près de Lattaquié en Syrie) nous renseignent sur la nature du dieu phénicien, souvent maudit par les prophètes de la Bible. La lutte de Baal (dieu de la pluie et de l’orage) et de Mot (dieu des moissons) symbolise le retour cyclique des saisons de l’année. Quand l’un meurt, l’autre ressuscite, et ceci indéfiniment. Certains archéologues voient aussi des rapports certains entre Baal-Adonis et le mythe égyptien d’Osiris tué par la jalousie de son frère Seth et ressuscité par son épouse Isis. Jawad Boulos écrit : « L’origine asiatique et probablement libanaise d’Osiris est attestée par le fait que ce roi préhistorique, devenu dieu agraire et esprit de la végétation, est représenté à l’origine par la silhouette d’un conifrère, “le zend”. » Et il poursuit en citant Moret : « C’est un arbre étranger à l’Égypte mais importé du Liban, sur les vaisseaux de Byblos, dont les relations avec le delta remontent aux temps les plus anciens... » Alors, où serait née l’idée de résurrection chez les hommes ?... En Égypte ou en Phénicie ?... IV - Jalon pascal ? D’après les légendes du cycle breton d’Arthur qui relatent les exploits invraisemblables d’Érec, d’Yvain, de Lancelot, de Perceval... le héros parfait est celui qui triomphe en définitive de la « pesme aventure » ou la « pire aventure » qui soit, c’est-à-dire le combat victorieux contre la mort. À cette angoisse de l’homme devant sa condition éphémère, le mystère de la vie et de la Résurrection du Christ apporte une réponse définitive. Si Dieu s’est servi de l’épopée mésopotamienne de Gilgamesh pour nous donner un enseignement moral sur le Déluge, soit l’immense miséricorde de Dieu pour les hommes repentants, par le symbole de l’arc-en-ciel, pourquoi ne pas supposer que toutes ces légendes d’un dieu qui meurt et ressuscite n’ont été que les jalons, encore très lointains certes, sur la voie de la révélation parfaite des livres saints ? Yves CARIOU
L’apôtre saint Paul est catégorique sur l’importance de la Résurrection de Jésus dans la religion chrétienne (I CO-14). Cependant, certains peuples païens de l’Antiquité ont cru en la résurrection comme les Égyptiens et les Phéniciens. Les premiers dans le culte d’Osiris, et les seconds dans les mythes de Baal et d’Adonis. Ce dernier est plus populaire, et son prénom est...