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Actualités - ANALYSE

ÉCLAIRAGE - Hay el-Sellom : « Il s’agissait bien d’une explosion sociale », tendent à conclure les enquêteurs La vérité sur les émeutes du 27 mai déplaît à tout le monde

La vérité sur les émeutes de la banlieue sud, le 27 mai dernier, ne plaît à personne. Le soir même des incidents, qui ont fait cinq morts et des dizaines de blessés, les spéculations les plus folles circulaient dans les divers milieux politiques, pour expliquer pourquoi et comment ce grave dérapage s’était produit. Dans les journées qui ont suivi, ces spéculations se sont transformées en véritables théories. Il s’agissait tantôt d’un complot ourdi par le palais présidentiel et les « services » pour provoquer la chute de Rafic Hariri, tantôt encore d’une tentative d’Amal pour discréditer le Hezbollah et se renflouer, après l’échec des municipales, tantôt encore d’une action subversive de l’ambassade des États-Unis. Toutes ces théories reflétaient un refus tenace de voir tout simplement, dans les émeutes qui ont marqué la journée de grève générale, une véritable explosion sociale aiguisée par l’envolée du prix de l’essence. Pourtant, c’est vers une conclusion de cet ordre que s’oriente, en grande partie, l’enquête menée auprès de quelque 240 personnes interpellées et interrogées dans les journées qui ont suivi la journée du 27 mai. La frustration des manifestants, la présence à Hay el-Sellom, face à face, de propriétaires de minibus en colère et d’une unité de l’armée, une balle tirée en l’air et qui aurait ricoché, tuant l’un des manifestants, étaient autant d’éléments fortuits, dont la conjonction a débouché sur le drame. Il ne fait pas de doute, toutefois, que des éléments suspects ont profité du climat d’émeute qui a prévalu, durant quelques heures, pour atteindre d’autres objectifs. C’est du reste pourquoi le parquet militaire enquête dans plusieurs directions et considère que le dossier de l’incendie du ministère du Travail est tout à fait distinct de celui des affrontements de Hay el-Sellom, ou de l’attentat à la grenade perpétré contre une patrouille de l’armée, sur le boulevard de l’AIB. Alors que les juges d’instruction militaires poursuivent leurs interrogatoires méticuleux, le procureur général de la Cour de cassation, Adnan Addoum, s’est réuni hier avec le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, Jean Fahed, et avec le commandant de la police militaire, le brigadier Nabil Ghafari, pour un premier bilan des interrogatoires que les deux hommes vont établir, séparément, et transmettre au Conseil des ministres. Dans les faits, le premier juge d’instruction militaire Riad Talih a interrogé hier Maher Mokdad et ordonné son arrestation, pour incitation aux troubles, résistance aux forces de police et violence à agent. Mokdad avait été montré du doigt par le secrétaire général du Hezbollah, comme étant l’un des maîtres d’œuvre des émeutes. Interrogé d’abord par les services de renseignements de l’armée, l’homme a prouvé que, le jour des émeutes, il se trouvait dans la Békaa, et qu’il ne s’était précipité à Beyrouth qu’après avoir appris que son frère avait été blessé par les tirs de l’armée. De ce fait, certains pensent que l’insistance du Hezbollah à vouloir l’impliquer dans les émeutes n’est pas innocente et relèverait d’une volonté d’éliminer tous ceux qui contestent son leadership, y compris le mouvement Amal. Le premier juge d’instruction militaire doit interroger aujourd’hui Abdallah Hamadé, président du syndicat des propriétaires de minibus. Hamadé est étroitement impliqué dans les émeutes du 27 mai, à titre d’acteur. Mais, là aussi, on est loin de la théorie du « complot » que certains ont imaginée, selon les milieux de l’enquête. Sur le déroulement des affrontements de Hay el-Sellom, la justice militaire a établi que, prise sous une pluie de pierres, l’armée a riposté par des tirs en l’air. Malheureusement, l’une des balles a ricoché et tué un manifestant, ce qui a déclenché le climat de panique qui a suivi. Notons toutefois que, selon les milieux de l’enquête, plus de 70 militaires ont été blessés au cours de ces émeutes, en divers points de la banlieue sud, y compris par les éclats d’une grenade à main lancée contre un véhicule militaire. L’auteur de cet attentat et l’homme qui lui a remis la grenade sont sous les verrous. Ce dernier, Rabih Aouad, a été interrogé hier par le premier juge d’instruction militaire. Fady NOUN

La vérité sur les émeutes de la banlieue sud, le 27 mai dernier, ne plaît à personne. Le soir même des incidents, qui ont fait cinq morts et des dizaines de blessés, les spéculations les plus folles circulaient dans les divers milieux politiques, pour expliquer pourquoi et comment ce grave dérapage s’était produit. Dans les journées qui ont suivi, ces spéculations se...