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Actualités - CHRONOLOGIE

Présidentielle - Les objectifs des grands électeurs américain et syrien ne concordent plus Spéculations sur les tests probatoires que les candidats devront subir

En vingt-huit ans, c’est bien normal, les choses ont changé du tout au tout. En 1976, la brève question-clé posée par l’émissaire américain Dean Brown aux présidentiables libanais portait sur l’approbation de la présence armée syrienne. Les candidats répondant par un refus, dont Raymond Eddé, avaient été éliminés. Élias Sarkis, qui avait dit oui, avait été pris. L’examen, qu’il soit syrien ou américain, n’est plus le même. D’autant qu’il est différent selon le grand électeur concerné. En effet, selon des sources informées, il importe plus que jamais à Damas d’avoir la garantie que le futur chef de l’État libanais continuera à justifier la présence syrienne dans ce pays. Jusqu’à ce qu’une paix globale intervienne dans la région. Tout comme il lui importe d’avoir une confiance solide dans le personnage choisi. D’être sûr à cent pour cent qu’il ne changerait pas de cap une fois élu. Comme tous les postulants plausibles semblent disposés à promettre le maintien du statu quo sur le terrain, les faveurs de Damas iraient à celui qui lui paraîtra le plus sincère. En revanche, l’Administration US, qui se défend d’intervenir, pose aux candidats, par ses positions de principe même, la question inverse suivante : seriez-vous disposés à demander le retrait syrien ? Seule une réponse positive rendrait une personnalité passible d’être agréée, de ne pas faire l’objet d’un veto. Pour bien marquer ce point, le porte-parole du département d’État, Nabil Khoury, déclare que les raisons qui avaient pu motiver l’entrée des Syriens au Liban n’ont plus lieu d’être. Qu’il n’existe plus d’excuse justifiant leur présence dans ce pays. Notamment parce que l’idée que la Syrie peut se défendre, par le flanc libanais, contre une attaque israélienne est devenue maintenant, avec les nouvelles technologies militaires, tout à fait obsolète. Nabil Khoury va plus loin en affirmant que son gouvernement n’accepte en aucune façon que le front libano-israélien serve de carte à la Syrie. Il confirme par là les exigences avancées par Powell : la Syrie doit neutraliser le Hezbollah en tant que formation combattante pour que l’armée libanaise se déploie sur la ligne bleue. Elle doit, dans le même esprit, mettre au pas les organisations palestiniennes installées chez elle. Et veiller à ce que des éléments incontrôlés ne débordent pas des camps de réfugiés au Liban-Sud. Dans tous les cas de figure, Damas ne doit plus jouer à sa guise, ou selon ses intérêts du moment, de la situation au Sud, des escalades ou des répits. Nabil Khoury n’absout pas pour autant les Libanais. Il relève par ailleurs que nombre de politiciens locaux utilisent le rôle syrien pour servir leurs intérêts propres. Ce qui fait qu’on ne trouve pas une opinion unifiée au Liban sur ce que doit être la relation avec la Syrie. Pour lui, ces rapports doivent changer au bénéfice d’une véritable indépendance libanaise. Il faut, dit le cadre diplomatique US, que la souveraineté effective du Liban s’étende sur tout son territoire national. Alors qu’actuellement le tiers du pays se trouve soumis au contrôle d’une partie non gouvernementale ou d’une influence non libanaise. Bref, les colorations requises par chacun des deux grands électeurs étrangers sont cette fois opposées. La question est donc de savoir quelle pourrait être la texture politique du prochain président de la République. S’il va accepter le maintien de la présence syrienne sans poser de questions. Ou s’il va tenter de normaliser les relations, au profit commun des deux pays et dans le respect mutuel de leur souveraineté comme de leur indépendance. À partir de là, la campagne présidentielle, une fois officiellement ouverte, devrait s’articuler autour de la présence syrienne. Sans chercher à l’esquiver ou à l’édulcorer. Les candidats ne doivent pas prendre le risque de se retrouver en porte-à-faux par rapport aux trois éléments constitutifs du choix que sont l’opinion libanaise, la Syrie et l’Amérique. Il ne faudrait pas que les assertions de ceux qui dénoncent l’existence d’un terrorisme intellectuel, interdisant que l’on parle de la présence syrienne, se trouvent vérifiées. La démocratie implique que l’on traite librement, sans complexe, d’un sujet aussi important, aussi déterminant que les relations avec Damas. Émile KHOURY
En vingt-huit ans, c’est bien normal, les choses ont changé du tout au tout. En 1976, la brève question-clé posée par l’émissaire américain Dean Brown aux présidentiables libanais portait sur l’approbation de la présence armée syrienne. Les candidats répondant par un refus, dont Raymond Eddé, avaient été éliminés. Élias Sarkis, qui avait dit oui, avait été...