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Actualités - CHRONOLOGIE

Municipales - Les obstacles pour unifier l’opposition contre Hariri se multiplient Rien n’est encore joué, affirme Assem Salam

Malgré les appels lancés par les différentes forces politiques pour soustraire les municipales de Beyrouth aux tiraillements politiciens, les tractations menées en coulisses pour définir les listes en présence semblent aller en sens inverse. Ainsi, le scrutin de Beyrouth peut, à ce jour, se résumer somme suit : pour ou contre Hariri. Placée dès le début sous le signe d’une bataille contre le chef du gouvernement Rafic Hariri, le plus grand ténor sur la scène beyrouthine, cette échéance continue de générer, à ce jour, des alliances et contre-alliances dictées par cette logique avec toutes les conséquences politiques que cela suppose. À la lumière des tractations menées par l’opposition dont une partie cherche, à travers cette bataille, à contrer un Premier ministre qui semble indétrônable, la question posée est de savoir si la bataille de Beyrouth pourra se démarquer de la polarisation de la vie politique et du sempiternel bras de fer entre le chef de l’État et le chef du gouvernement. Pour Assem Salam, architecte et membre du Mouvement du renouveau démocratique de Nassib Lahoud, il n’est pas question d’hypothéquer cette échéance par des considérations politiciennes. Sollicité par différentes forces d’opposition pour présenter sa candidature, M. Salam pose ses conditions pour accepter de parrainer une liste de l’opposition. « Ma bataille n’est ni avec ni contre les Syriens. Elle n’est pas non plus une tribune pour ou contre le renouvellement du mandat du président Lahoud ni une attaque dirigée contre la politique du Premier ministre en tant que tel, mais plutôt une campagne menée face à la liste concurrente qu’il soutient », dit-il. Pour cet architecte connu pourtant pour son opposition farouche au Premier ministre, il s’agit d’un enjeu purement local, qui suppose « une indépendance totale » des pouvoirs politiques. Autre condition posée par M. Salam, « le ralliement de toutes les forces de l’opposition face au pouvoir ». Ce vœu pieux qui a été formulé par toutes les parties de l’opposition – et récemment renouvelé à la réunion de Sodeco – apparaît de plus en plus irréalisable, au vu des divisions qui marquent non seulement le camp de l’opposition chrétienne, mais aussi celui des musulmans, en passant par les divergences qui existent entre les deux communautés au sujet de la présence syrienne. Un « handicap » que les membres du CPL (aouniste) semblent avoir dépassé, affirme M. Salam, qui s’est déjà réuni avec plusieurs d’entre eux en vue de définir les bases d’une éventuelle alliance dans le cadre d’une liste qu’il serait appelé à présider. Toutefois, si les aounistes ont clairement exprimé leur soutien à Assem Salam, le rapprochement entre ce dernier et les membres de Kornet Chehwane apparaît de plus en plus difficile. Séduits par une éventuelle alliance avec le courant haririen, certains membres de KC ont déjà fait défection en posant des conditions rédhibitoires à une éventuelle alliance avec l’architecte. Quant aux FL, elles seraient également partagées sur la question – « certains préférant s’abstenir de prendre part aux élections de Beyrouth, d’autres ayant déjà choisi de rejoindre la liste soutenue par M. Hariri », indique M. Salam en allusion au courant qui soutient la candidature de Joe Sarkis, membre du conseil municipal sortant. D’autres inconnues, notamment la position de l’ancien chef de l’État Amine Gemayel, dont on dit qu’il est prêt à s’entendre avec le Premier ministre, viennent encore brouiller le paysage électoral, réduisant de plus en plus les chances d’une union au sein de l’opposition chrétienne. Le schéma ne semble pas plus transparent du côté de l’opposition musulmane. Car si l’objectif principal de M. Salam est de rallier le courant de l’ancien chef du gouvernement Sélim Hoss qui a ouvertement soutenu l’actuel membre du conseil municipal, Abdel-Hamid Fakhoury, un autre candidat anti-haririen ce dernier ne semble pas avoir tranché en faveur de la constitution d’une liste commune avec M. Salam. L’architecte a d’ailleurs critiqué la « manière dont M. Fakhoury s’est présenté à la tête d’une liste sans avoir consulté les rangs de l’opposition ». Quoi qu’il en soit, les deux candidats se disent prêts à collaborer dans le but d’unifier l’opposition, « seul moyen de pouvoir mener cette bataille qui s’annonce d’ores et déjà extrêmement dure ». L’alliance entre les deux hommes est d’autant plus incontournable qu’elle assure une « complémentarité » au niveau des voix recueillies, M. Salam étant censé attirer les électeurs chrétiens alors que M. Fakhoury compte essentiellement sur les votes des musulmans, notamment sunnites. Tous les deux affirment en outre avoir accepté le principe d’une présidence tournante – trois ans pour chacun – en cas de victoire. Reste la question de savoir qui va présider cette liste. « Un détail », dira M. Fakhoury, qui rappelle quand même « qu’il a été le premier à se présenter comme tête de liste ». « Un détail important », précise M. Salam, qui refuse de renoncer à la présidence. « Pour l’instant, poursuit l’architecte, rien n’est clair tant que les négociations sont en cours. » « Une chose est sûre, à savoir que cette bataille sera menée indépendamment des enjeux politiques ou ne sera pas menée du tout. Mon objectif est de faire parvenir une équipe qui sera responsable devant le peuple et non devant le pouvoir politique », insiste-t-il. Selon lui, le défi est grand et vaut certainement la peine : si les forces de l’opposition chrétienne et musulmane parviennent à se rallier dans le cadre de cette échéance, ce sera « une première », dit-il. Évoquant les démarches menées par l’ancien ministre des Affaires étrangères, Fouad Boutros, en vue de convaincre les chrétiens de former avec le Premier ministre une liste consensuelle, Assem Salam estime que cette logique est « antidémocratique » puisque la loi électorale – « et heureusement d’ailleurs » dit-il – ne prévoit même pas cette « répartition artificielle » qu’est la parité confessionnelle. « L’argument de Rafic Hariri vise à effrayer les chrétiens et à les mettre devant le fait accompli. Or ils doivent comprendre que leur seule garantie est la formation d’une liste d’opposition qui puisse obtenir un large soutien populaire. » Un scénario d’autant plus envisageable que contrairement à la situation qui prévalait durant la consultation de 1998, le Premier ministre « est aujourd’hui relativement affaibli », conclut le candidat. Jeanine JALKH
Malgré les appels lancés par les différentes forces politiques pour soustraire les municipales de Beyrouth aux tiraillements politiciens, les tractations menées en coulisses pour définir les listes en présence semblent aller en sens inverse. Ainsi, le scrutin de Beyrouth peut, à ce jour, se résumer somme suit : pour ou contre Hariri. Placée dès le début sous le signe d’une...