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Actualités - OPINION

Paris encourage la libanisation de l’échéance présidentielle

Lors d’une occasion mondaine (l’on dit plutôt maintenant occasion « sociale », signe de l’évolution inquiète des temps), l’ambassadeur français, Philippe Lecourtier, a pu rencontrer nombre d’acteurs influents de la scène politique ou économique locale. Bien entendu, on l’a poliment interrogé sur les vues de son gouvernement concernant la région. Mais aussi le Liban à la lumière de la déclaration commune Chirac-Bush. Appelant à la souveraineté libanaise, au libre choix des enfants de ce pays dans la désignation de leur président. Sans pression ni intervention étrangère. Ce qui signifie que les deux leaders occidentaux souhaitent la libanisation de la présidentielle. Réputée soumise à la volonté syrienne. Comme l’illustre la franche déclaration d’Élie Ferzli affirmant que la carte de la présidentielle libanaise est entièrement, à cent pour cent, aux mains de la seule Syrie. Selon un témoin, le diplomate français s’est tout aussi poliment étonné que la proclamation Chirac-Bush n’ait suscité aucune réaction d’approbation de la part des hommes politiques libanais. Qui, à l’évidence et dans la mesure où l’intérêt bien compris de leur pays se trouve ainsi défendu, auraient dû abonder dans le même sens. En fait, c’est le président syrien Bachar el-Assad qui a pris l’initiative de répondre à la déclaration commune franco-américaine. Pour promettre que le choix serait effectivement laissé aux Libanais. Tout en rappelant que Damas garde ici une influence certaine. Cette indication, cette insinuation, lourde de sens, a été bien captée localement. D’où, sans doute, la surdité libanaise à l’appel occidental. Personne, apparemment, ne veut s’aventurer à indisposer les décideurs. Même pas les opposants de Kornet Chehwane. Qui ont pourtant toujours réclamé l’autonomie libanaise, présidentielle comprise. Il n’y a eu de ce côté, contrairement à ce que l’on pouvait normalement attendre, aucun communiqué approbateur à l’égard du souhait franco-américain. Et cela surprend plutôt les chancelleries. Qui se demandent, perplexes, comment les prosélytes d’un changement positif, articulé notamment sur le rejet de la reconduction et du statu quo, peuvent faire avancer les choses quand ils laissent autrui se montrer plus royaliste que le roi. En fait, c’est Hariri qui, du côté libanais, est le premier à réagir aux développements enregistrés au-dehors. De Sofia, il a semblé considérer, peut-être en base de sa lecture des propos d’Assad, que la reconduction est toujours à l’ordre du jour. En effet, il a affirmé qu’il ne s’accrocherait pas au pouvoir, et préférerait aborder les législatives de l’an prochain en opposant, si les choses devaient demeurer en l’état lors de la présidentielle. Cette position en flèche montre certes combien le président du Conseil est opposé à la reconduction. Mais elle sous-entend, ipso facto, que l’éventualité reste forte. Même si Hariri, en réponse à une question, affirme que la question n’est pas actuellement posée. Et qu’il ne prendra une position définitive que lorsqu’elle le sera. Mais même si la campagne de la présidentielle est loin d’être officiellement ouverte, même si les Libanais montrent plus de retenue à se déclarer que les étrangers, il est certain que tout le climat politique s’en trouve imprégné. À la suite de Hariri, beaucoup de pôles vont sans doute dire, ou confirmer, dans les prochains jours, ce qu’ils pensent de la reconduction. Puis commencer à clarifier leurs choix parmi les présidentiables plausibles. On attend notamment, avec curiosité, Kornet Chehwane. Qui, selon une source ecclésiastique, devrait se réunir prochainement pour entamer son débat interne sur la présidentielle. Et tenter de voir si ses membres, dont un certain nombre sont eux-mêmes cités comme candidats virtuels, peuvent accorder leurs violons. Mieux qu’ils n’ont paru le faire aux municipales. Ou lors des deux partielles du Metn. Il reste qu’à l’instar de la Rencontre, nombre de parties prosyriennes sont hostiles à la reconduction. Et plaident pour le respect des règles constitutionnelles ainsi que du principe de l’alternance démocratique. De son côté, le président Assad continue à conférer avec des pôles locaux. Il s’est ainsi entretenu récemment avec les députés Robert Ghanem et Oussama Saad. Philippe ABI-AKL
Lors d’une occasion mondaine (l’on dit plutôt maintenant occasion « sociale », signe de l’évolution inquiète des temps), l’ambassadeur français, Philippe Lecourtier, a pu rencontrer nombre d’acteurs influents de la scène politique ou économique locale. Bien entendu, on l’a poliment interrogé sur les vues de son gouvernement concernant la région. Mais aussi le...