OPPOSITION - Le Front national de réforme appelle les dirigeants à faire preuve de responsabilité Le FNR accuse Hariri de manœuvrer pour revenir en force au pouvoir

Le Front national de réforme a appelé hier les dirigeants à faire preuve d’un « minimum de sens des responsabilités » et a accusé le Premier ministre, Rafic Hariri, de manœuvrer lorsqu’il affirme qu’il ne désire pas être à la tête du gouvernement au cours de la prochaine étape. Le Front a tenu hier une réunion au domicile de M. Sélim Hoss en présence, aux côtés de ce dernier, des députés Nayla Moawad, Hussein Husseini, Omar Karamé et Boutros Harb. Leurs discussions ont été essentiellement centrées sur la situation locale. Dans son communiqué, le FNR s’est dit étonné « de la manière avec laquelle les affaires du pays sont gérées », reprochant au pouvoir de ne pas assumer ses responsabilités à l’égard du peuple, à savoir de ne pas proposer de solutions aux problèmes qui se posent dans le pays. Il a également déploré « le démembrement du Conseil des ministres dont la tenue dépend désormais de l’humeur des responsables ou de leurs voyages au moment où les crises politiques, économiques, financières et sociales s’accumulent ». « La situation dans le pays, ainsi que les échéances importantes qui se profilent à l’horizon et les développements qui s’accélèrent dans la région commandent une présence exceptionnelle et responsable des autorités, une présence vigilante et unifiée, permettant de faire face aux problèmes qui se posent et de suivre de près les échéances internes, ainsi que les développements internationaux et régionaux », a indiqué le FNR avant d’ajouter : « Mais cela, nous ne pouvons pas l’espérer du gouvernement actuel et surtout pas avec la mentalité qui prévaut au niveau de la gestion des affaires publiques. Nous souhaitons encore une fois que les gens du pouvoir réalisent la gravité de la situation et l’importance des responsabilités qui leur incombent. Ils doivent, ne serait-ce que provisoirement, faire preuve d’un minimum requis de sens des responsabilités à l’égard d’un pays et de l’État. » Le Front a aussi estimé que la société libanaise « ne peut plus supporter la dégradation de la situation en attendant l’élection d’un nouveau président et d’un nouveau Parlement pour que le début de l’opération de changement et de réforme soit possible, surtout que le pays est devenu le théâtre des conflits entre les membres de l’autorité politique et des manœuvres de certains parmi eux ». Il s’est arrêté, dans ce cadre, sur les propos tenus mercredi par M. Hariri, qui a affirmé ne pas désirer être à la tête du gouvernement au cours de la prochaine étape si la situation dans le pays demeure inchangée. Il a jugé que c’est « une sortie tactique » du pouvoir, à laquelle le Premier ministre fait allusion, « dans le cadre d’une manœuvre qui lui permettra de retourner avec force (à la tête du gouvernement) après avoir fait assumer à d’autres le poids du lourd legs laissé par les équipes présidées par M. Hariri depuis 1992 ». Selon le FNR, le Premier ministre « a déjà eu recours à ce genre de manœuvre et en a tiré profit au cours de la dernière échéance législative ». Dans son communiqué, le Front national de réforme s’est aussi arrêté sur les propos du président syrien, Bachar el-Assad, selon lesquels il appartient aux Libanais de choisir leur président et la Syrie appuiera leur choix. Il s’en est félicité, jugeant qu’il s’agit là d’une « position responsable du chef d’un État que des relations privilégiées lient au Liban ». Le FNR a réaffirmé que l’échéance présidentielle « doit être une étape démocratique dont le résultat sera l’expression d’une volonté nationale libanaise authentique et réformatrice et le reflet des aspirations du peuple à un avenir meilleur ».