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Richesse naturelle et facteurs de dégradation à Aarsal

La route menant de Baalbeck à Aarsal est frappante par la désertification progressive qu’on y observe. Le village, quant à lui, donne une impression d’une mer de béton perdue dans un paysage sablonneux, écrasé par le soleil, à l’étrange beauté. Et pourtant, dans cet endroit où l’eau s’est toujours faite rare, la végétation est particulièrement riche en espèces sauvages aujourd’hui menacées. Dans le site régulièrement visité par l’équipe du projet d’agrobiodiversité du Pnud, des arbres fruitiers parsemés sont les rares témoins d’une autre époque, il y a quelques décennies seulement, quand toute la vallée était recouverte d’arbres semblables. Aujourd’hui, plusieurs parcelles sont plantées. Dans les hauteurs, les traces du lotissement sont bien visibles. L’introduction des machines et des nouvelles technologies a permis aux communautés locales d’accéder à des terrains auparavant inaccessibles, et donc de transformer le maximum d’entre eux en cultures. Et pourtant, les amandiers, les poiriers et autres arbres sauvages ont ce charme de la nature qui rend chaque spécimen unique, ayant évolué librement. Ils contrastent avec les champs d’arbres uniformes, de même aspect, de même hauteur. Une conversation avec Mahmoud Flité, secrétaire général et ancien président de l’Association du développement rural de Aarsal, permet d’apprendre que l’introduction de la notion d’agrobiodiversité dans cette lointaine localité, connue aussi pour ses multiples carrières de pierre, n’aura pas été vaine. « Par de multiples tables rondes, la sensibilisation à la préservation de la diversité naturelle a été introduite chez nous, alors qu’elle était inexistante jusque-là, raconte-t-il. D’autre part, sur le terrain, les agriculteurs et les apiculteurs ont appris à compter sur de nouvelles techniques agricoles, notamment la lutte biologique contre les fléaux naturels. » Un résultat tangible de cette coopération avec l’équipe du projet : la création d’une pépinière où se trouvent des plants d’arbres sauvages à Aarsal même. Cette pépinière, qui sera prise en charge par l’association, produit et distribue quelque 8 500 plants par an. M. Flité déclare qu’un terrain de quatre hectares a été planté, devenant pratiquement une sorte de réserve et un lieu de promenade et d’observation. L’association se plaint surtout de la désertification qui frappe de plein fouet ce village, le plus grand du Liban en tant que superficie (1/22e du territoire national). Le projet a été d’un précieux secours dans la lutte contre ce fléau, dit son secrétaire général, par le biais de conférences sur les techniques d’irrigation, notamment. Un projet de camp de jeunesse pour la lutte contre la désertification, comprenant 40 élèves de 13 à 18 ans, est sur les rails. Par ailleurs, l’autre facteur pouvant nuire à l’agrobiodiversité dans le village est représenté par la présence de pâturages excessifs. En effet, Aarsal, c’est aussi le plus grand troupeau du Liban, avec 63 000 têtes de moutons et de chèvres dont vivent 165 familles. Pour combattre cela, des plantes fourragères ont été introduites, afin de diminuer la pression sur les régions sauvages. Pour ce qui est des carrières (toujours en activité parce que cette région fait partie du nouveau plan directeur), M. Flité affirme que l’association a établi des contacts avec les responsables concernés pour essayer d’obtenir une organisation du secteur. Cela dit, les carrières de pierre restent la première source de subsistance des plus de 30 000 habitants de Aarsal (de 5 à 6 millions de dollars par an), dont 70 % vivent au village, été comme hiver, et dont beaucoup sont engagés dans le secteur de la pierre. Comme agriculture, les terrains de Aarsal comptent environ deux millions de cerisiers et d’abricotiers, sur un tiers de la surface totale. Aujourd’hui, la formation des femmes se poursuit pour la préparation des aliments traditionnels à base de produits naturels ou d’herbes médicinales. Parmi les coopératives du village, l’une, fondée en 1999 par quatorze jeunes femmes et cinq jeunes hommes, s’occupe de ce genre d’activités, dont certaines dans le cadre du projet d’agrobiodiversité.
La route menant de Baalbeck à Aarsal est frappante par la désertification progressive qu’on y observe. Le village, quant à lui, donne une impression d’une mer de béton perdue dans un paysage sablonneux, écrasé par le soleil, à l’étrange beauté. Et pourtant, dans cet endroit où l’eau s’est toujours faite rare, la végétation est particulièrement riche en espèces...