Rechercher
Rechercher

Actualités

ENVIRONNEMENT - « Le traitement des ordures est une responsabilité partagée », déclare Hatjian Un sit-in écologiste pour sortir des oubliettes le dossier des déchets ménagers

Un sit-in, même symbolique, de la Campagne pour la gestion des déchets ménagers, devant le ministère de l’Environnement samedi, aura eu pour effet de relancer le débat sur un sujet qui n’est plus très présent dans l’actualité depuis quelque temps, alors qu’il est loin d’être résolu. Avec la décharge de Naamé (qui accueille les ordures ménagères de Beyrouth et de plusieurs autres cazas) quasiment saturée, avec le refus populaire opposé aux différentes propositions de sites pour décharges faites par le gouvernement, et avec les grands et petits dépotoirs qui polluent toujours la côte et les différentes régions, la prestation officielle en la matière reste bien en deçà de ce qui est nécessaire pour sortir le pays de la pollution ambiante. C’est le message qu’étaient venus transmettre les écologistes, un message auquel a répondu le directeur général du ministère, Berge Hatjian, quelques heures plus tard, appelant « à la poursuite du dialogue ». Quelques dizaines de manifestants écologistes (dont des membres d’ONG et un nombre important d’étudiants) s’étaient donné rendez-vous devant le ministère de l’Environnement à 10h. Ils sont arrivés avec leurs bannières et leurs slogans condamnant l’apathie officielle ou exigeant l’adoption des bonnes stratégies pour résoudre ce problème à tous les niveaux : « Non aux décharges, oui au tri à la source », « Boueiz, améliorez votre stratégie », « Zéro déchets », « Qui demandera des comptes aux sociétés ? Qui contrôle le non-respect des contrats ? Où est le ministère de l’Environnement ? » etc. La Campagne pour la gestion des déchets ménagers est un mouvement civil qui regroupe sous sa houlette plus de 80 ONG. Il se propose de faire pression sur le gouvernement pour l’adoption d’une stratégie et des méthodes adaptées au cas du Liban. « C’est la première fois que la société civile a l’ambition d’apporter elle-même des réponses qu’elle met à la disposition des officiels », a déclaré sur place Habib Maalouf, président d’une des ONG membres du réseau. Il a fustigé « l’absentéisme du ministère de l’Environnement dans ce dossier » et révélé que « le contribuable libanais s’acquitte de 200 millions de dollars par an pour payer les sociétés qui se chargent du traitement des déchets, des sommes astronomiques pour un pays comme le nôtre ». Il a expliqué l’objectif de la campagne, qui rejette la construction de décharges sanitaires sur l’ensemble du territoire : selon lui, des décharges accueillant toutes sortes de déchets (sachant que plus de 60 % des ordures au Liban sont organiques) résulteraient en une pollution systématique des nappes phréatiques, d’autant plus que leur entretien et leur réhabilitation après leur fermeture reviennent très cher (la réhabilitation de l’ancien dépotoir du secteur de Normandy devrait coûter 106 millions de dollars, selon lui). La stratégie proposée par les ONG englobe tri à la source, recyclage, compostage des matières organiques et réduction de la production d’ordures à la base. Et, pour repartir du bon pied et rétablir la confiance avec les citoyens, les écologistes proposent que la gestion passée du dossier soit réexaminée, et que « des comptes soient demandés aux sociétés n’ayant pas respecté les contrats ». Rapport du comité technique dans une semaine Vers 10h30, un fonctionnaire du ministère dépêché sur les lieux a proposé aux meneurs des manifestants de rencontrer le directeur général, le ministre étant absent. La rencontre n’a finalement pas eu lieu, les écologistes considérant que leur point de vue était suffisamment connu du directeur général, et que leurs revendications étant « politiques » par excellence, ils désiraient en discuter avec le ministre Farès Boueiz. Celui-ci, selon eux, « n’a pas ouvert la voie au dialogue avec la société civile ». Ils se sont dispersés quelques moments plus tard. Les choses auraient pu en rester là, si M. Hatjian n’avait pas convié les journalistes à une conférence de presse à 13h, « pour clarifier la position du ministère, à la demande du ministre », comme il a déclaré. Adoptant un ton mesuré, il a fait remarquer que la stratégie mise au point par le ministère a effectivement été soumise par M. Boueiz au Conseil des ministres, « qui n’a pas encore tranché le débat autour de ce document ». Il a rappelé que cette stratégie abordait les différents aspects du problème : la dimension technique, le cadre administratif (pour assurer la perennité de l’entreprise), le cadre juridique qui devrait définir la relation entre les municipalités concernées par les mêmes centres de traitement et les sources de financement (prêts, contrats en BOT, etc.). M. Hatjian a par ailleurs considéré que « la question du traitement des déchets est une responsabilité partagée entre différents partenaires ». Répondant aux manifestants, il a affirmé que « la position du ministère est claire », et que « celui-ci privilégie le dialogue ». Où se place la stratégie du ministère alors que le travail de la commission ministérielle actuellement en charge du dossier se poursuit, et que celle-ci a recommandé que chaque caza assume la responsabilité de ses ordures ? Le directeur général a assuré que « la commission adopte une attitude très malléable » et que « les discussions sont toujours en cours ». Il a également déclaré que le comité technique chargé d’examiner le même dossier, dont il fait lui-même partie, « continue de respecter les critères mondiaux, sachant que les retards sont dus à la difficulté de trouver des sites de décharges qui font l’unanimité ». Selon lui, le rapport de ce comité devrait être présenté au Conseil des ministres d’ici à une semaine, pour être débattu au cours des deux semaines qui suivront. Ces délais seront-ils respectés en cette veille d’élections municipales ? Il y a lieu d’en douter... En réponse à une question, M. Hatjian a révélé qu’ « une loi pour l’organisation du secteur est en préparation dans le cadre d’un projet financé par la Banque mondiale ». À quoi servira une loi si elle est adoptée après la mise en place d’une stratégie nationale ? « C’est justement la raison pour laquelle la stratégie sera assez flexible pour comporter des modifications en cas de nécessité », conclut-il. Suzanne BAAKLINI
Un sit-in, même symbolique, de la Campagne pour la gestion des déchets ménagers, devant le ministère de l’Environnement samedi, aura eu pour effet de relancer le débat sur un sujet qui n’est plus très présent dans l’actualité depuis quelque temps, alors qu’il est loin d’être résolu. Avec la décharge de Naamé (qui accueille les ordures ménagères de Beyrouth et de...