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Actualités - CHRONOLOGIE

DANSE - La chorégraphie de May Chelhot, interprétée par Zeina Hanna, au théâtre Béryte jusqu’à demain « Mobile/Stabile » : fragments de vie, maison sur l’eau

May Chelhot, qui présente au théâtre Béryte, ce soir et demain à 20h30 (*), sa quatrième création, Mobile/Stabile, rend hommage à Calder, comme le titre de la chorégraphie l’indique, mais aussi et tout simplement à la danse contemporaine. À travers six tableaux, s’articulent et se désarticulent les deux grands mouvements historiques de la danse : classique et contemporain. Si le premier se définit selon des critères d’esthétique statique et tempérée, l’autre, qui épouse son temps, l’est selon des repères de vérité, de dynamisme et d’exaltation – ces précisions sont données dans le feuillet distribué avant le spectacle. Mais pour May Chelhot, il ne s’agit pas de dénigrer l’un pour porter l’autre aux nues. Difficile, en effet, d’imaginer qu’un spectacle de cette qualité soit construit ailleurs que sur les bases, à la rigueur redoutable bien connue, d’une formation classique. En accord avec l’époque actuelle Pourtant, l’ensemble de ce Mobile/Stabile se développe sur scène avec des moyens largement en accord avec l’époque actuelle: éclairage (signé Tarek Mourad), costumes (confectionnés par Milia Maroun), musique (Haendel, François Rabbath et René Aubry), images vidéo (réalisées par Rana Sabbagha, Rawan Nassif et Élie Habib) et surtout sculptures, celles de Calder, réalisées pour l’occasion par Anita Toutikian. Dans une chorégraphie particulièrement intime, où il est facile de détecter des fragments de vie, l’artiste a tout de même voulu, à travers le corps de son élève Zeina Hanna, présenter une gamme d’émotions, d’affects et de situations tout à fait harmonieuse. Humour, nostalgie, souffrance, solitude et sensualité se taillent la part belle dans ces enchaînements qui respectent absolument le corps du danseur tout en l’incitant à se dépasser constamment. En moins de 45 minutes – la modestie de May Chelhot, alliée à une intelligence intuitive du spectacle en tant que tel, tranche ici avec la prétention d’autres créateurs qui accablent leur public de tambouilles soi-disant contemporaines, d’une longueur presque idiote et à coup sûr assommante –, Mobile/Stabile dynamise l’image que l’on se fait d’une danse sortie du corset de ses débuts. Pas d’avant-gardisme poussé donc, mais une brillante présentation de ce que les arts peuvent faire les uns pour les autres, teintée, il faut le dire, d’un léger didactisme qui aurait pu être pompeux si la structure avait été plus faible. Détails suggérés par le corps Et si Calder a décidé de donner à la sculpture la légèreté d’une plume, May Chelhot va plus loin et met en contact direct le corps et le mobile, qui dansent ensemble et dont le bref effleurement suggère des élans inconnus et, pour ainsi dire, non maîtrisables. Car c’est aussi cela, la danse contemporaine, comme semble le souligner l’artiste: la liberté devant le travail extrême du muscle, la respiration devant la douleur de l’échauffement, l’improvisation devant le normatif, l’inachevé, enfin, opposé à la certitude des positions face à la barre. Mobile/Stabile fourmille, et c’est là que réside sa principale réussite, dans cette infinité de détails suggérés par le corps, par un extrait de musique, par un mouvement de mobile et par une lumière sur le «stabile», à savoir une sculpture stable. Le rythme s’arrête et reprend, heurté et fluide tout à la fois. Le corps s’emballe, s’assagit, selon qu’il est poussé par une force mystérieuse venue de son être le plus profond – les fugitifs gestes issus des arts martiaux sont là pour le rappeler. Échafauder sans construire de certitudes, à la manière des maisons en bois sur l’eau, voilà, en quelques mots, à quoi pourrait être comparé le très beau travail de May Chelhot et de Zeina Hanna. Le mieux serait d’aller le voir. Diala GEMAYEL (*) Renseignements au 01/611642.
May Chelhot, qui présente au théâtre Béryte, ce soir et demain à 20h30 (*), sa quatrième création, Mobile/Stabile, rend hommage à Calder, comme le titre de la chorégraphie l’indique, mais aussi et tout simplement à la danse contemporaine. À travers six tableaux, s’articulent et se désarticulent les deux grands mouvements historiques de la danse : classique et...