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Actualités - OPINION

Présidentielle - La reconduction sur la sellette La controverse sur l’article 49 se poursuit en coulisses

Aux loyalistes qui affirment que le président Lahoud est plus que jamais l’homme du moment, en ces temps de périls, les adversaires de la reconduction répliquent en développant les arguments suivants : – L’alternance est un principe incontournable en démocratie. Certes, les choix ne sont pas toujours extraordinaires. Mais le respect même des règles démocratiques compense largement tout désavantage. C’est ce qu’avaient bien compris des grands comme de Gaulle et Churchill, qui se sont soumis au verdict des urnes, pour se retirer sans tenter de s’accrocher au pouvoir. Il n’y a donc pas d’homme d’État indispensable. – De plus, l’on trouve parmi les candidats virtuels fréquemment cités, ou parmi ceux qui pourraient encore se déclarer, bien des personnalités à la hauteur. Capables d’initier le changement dont le pays a besoin. Et dont le crédit de confiance, à l’intérieur comme au-dehors, est considérable. Il est simplement souhaitable que les grands électeurs fassent un bon choix, afin que les Libanais reprennent espoir. – Cela étant, il serait normal que tout président de la République, même s’il n’est pas apprécié au départ par la Syrie, cherche à se mettre en bons termes avec elle. C’est le seul moyen de servir les intérêts communs, ainsi que l’intérêt national bien compris. Le chef de l’État libanais doit se montrer ouvert à l’égard de la Syrie. Lui promettre tout ce qui reste du domaine du raisonnable, lui prouver qu’il est sincère. Ce qui permettrait d’assainir des relations bilatérales défaillantes de l’aveu même des décideurs. Avec des résultats bien plus positifs, en définitive, pour la Syrie que sous un régime qui s’engage beaucoup en tenant peu. Car avec un président libanais franc, enclenchant une correction relationnelle réelle, tous les Libanais deviendraient des sympathisants de la Syrie. Du moment qu’elle se retrouverait équidistante de tous. Et qu’il n’y aurait plus de plainte d’immixtions abusives et discriminatoires. – Les transformations régionales en gestation, la gravité de la situation nécessitent plus que jamais la mise en place d’une équipe de pouvoir bien soudée, sans disputes entre les dirigeants. D’ailleurs la mésentente harasse la Syrie elle-même. Tout en accablant le Liban. Qui se demande quand il va pouvoir renoncer aux forces importées, pour recouvrer sa souveraineté. Ce qui est, d’ailleurs, un sujet à divisions internes. – Le mandat présidentiel est fixé à six ans. À quoi sert une Constitution, si on ne veut pas la respecter. – Le pays socio-économique ne peut plus assumer la présence d’un pouvoir en conflit avec lui-même. Qui se crêpe le chignon sur les prérogatives ou sur bien d’autres dossiers. Un plan rationnel Là se pose le problème endémique du fonctionnement des institutions. Notamment du ring de catch qu’est devenu le Conseil des ministres. Le vice-président du Conseil, Issam Farès, a préparé un projet à ce propos. Mais l’on n’a jamais encore trouvé le temps d’en débattre. Or ce serait d’une grande opportunité. Car Farès ne manque pas de proposer des mécanismes réglant les relations entre le chef de l’État et le président du Conseil. Il faut espérer que la récente exacerbation de la polémique sur les prérogatives incitera les dirigeants à mettre, enfin, le projet Farès à l’ordre du jour. Afin de tenter de transformer le Conseil des ministres en institution étatique normale. Dans les détails, on peut signaler que le document suggère de porter d’une semaine à deux le temps de réflexion attribué à l’étude des projets de lois organiques. Il avance le souhait d’une promotion des prérogatives du vice-président du Conseil, qui pourrait diriger les séances en l’absence du Premier ministre. Et contresigner, à la place de ce dernier, les décrets approuvés par l’Exécutif. De même, le vice-président dirige ipso facto les commissions ou sous-commissions ministérielles, sauf si le président du Conseil souhaite expressément le faire. Sur le plan technique, Farès conseille que l’on enregistre sur bande magnétique les minutes (le procès-verbal) des séances, un droit de regard ou plutôt d’audition étant naturellement accordé à chaque ministre qui en ferait la demande, à des fins diverses. Côté délais, le projet prévoit de ramener de dix à cinq jours les notifications réglementaires des résolutions adoptées. Pour un meilleur rendement global. Il répète une évidence, rarement respectée dans la pratique : les décisions doivent être acceptées, et dûment appliquées, par tous les ministres, sans réserve mentale ; et sans regimber. Dans cet esprit de cohésion ministérielle, tout ministre qui s’abstiendrait de parapher un décret dans un délai de dix jours se verrait rappeler à l’ordre par le président du Conseil, conformément à l’article 70 de la Constitution. Et serait passible, en cas d’obstination, de révocation, aux termes de l’article 69, alinéa 2, de la loi fondamentale. Émile KHOURY
Aux loyalistes qui affirment que le président Lahoud est plus que jamais l’homme du moment, en ces temps de périls, les adversaires de la reconduction répliquent en développant les arguments suivants :
– L’alternance est un principe incontournable en démocratie. Certes, les choix ne sont pas toujours extraordinaires. Mais le respect même des règles démocratiques compense...