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CONCERT - À l’amphithéâtre Aboukhater (USJ) Ghiwa et Ghadi Sayegh, ou le piano investi par la jeunesse

Une salle archicomble à l’amphithéâtre Aboukhater (USJ) dans le sillage des concerts présentés par le Conservatoire supérieur de musique. Un mardi pas comme les autres avec cette audience impatiente, jacassante et piaillante, pour le quart d’heure de retard sur l’horaire annoncé (incident technique oblige), véritable entorse à la régularité de métronome de ces soirées où domine habituellement la douceur de la musique de chambre. Sous les feux de la rampe deux pianistes, Ghiwa et Ghadi Sayegh (14 et 12 ans), frère et sœur soudés par l’amour de la musique, sous la férule de leur professeur Walid Moussallem. Au menu, des partitions qui dépassent de toute évidence ces deux interprètes qui n’ont presque pas encore abandonné l’enfance… Des pages de Bach, Liszt, Schubert, Schumann, Chopin, Brahms et Beethoven. De quoi laisser rêveur et un peu dubitatif tout amoureux du répertoire pianistique à panache et bravoure… Qu’à cela ne tienne, c’est avec aplomb et sans trac perceptible que les deux jeunes enfants affrontent la scène, le public (conquis d’avance et déjà ému) et surtout les partitions à glissades périlleuses… Costume sombre, chemise blanche, col fermé, cheveux noirs sagement peignés et lunettes de myopie, du haut de ses douze ans Ghadi attaque en ouverture le Prélude et fugue n°13 de Bach et, contre toute attente, les joue droits et purs comme un… grand. Moins heureux avec la Consolation de Liszt, plus réservé avec l’Impromptu (D935 n°2) de Schubert, presque compassé avec l’Arabesque de Schumann et franchement à côté de la fièvre et du brio mélancolique de la Polonaise n°14 en sol mineur de Chopin, le plus poète des pianistes. Mais du bon travail et de l’application pour ces partitions qui requièrent quand même de la précision du rythme et de la respiration d’une œuvre, sensualité, maturité de l’esprit et des sentiments, remous intérieurs et sensibilité d’adulte. Le jeu à quatre mains Entracte. Et arrive sur scène Ghiwa en robe satinée noire, cheveux dénoués et, du haut de ses 14 ans, inspire au public la présence d’une interprète à l’orée d’une jeune fille en fleur... Trop difficile ce redoutable Sospiro de Liszt, où les arpèges et les mains croisées mal maîtrisées sont comme des coups fatals à ce qui se dit en soupirs troublants du bout d’une âme meurtrie … Ballade (op 10 n°1) de Brahms aux accents indécis avec une Polonaise (op 26 n°1) qui manque de vibrato pour finir avec la sonate Pathétique de Beethoven au rondo gentiment mené. Bien sûr le public était impatient d’applaudir. Retour sur scène du frère et de la sœur, salut au public et voilà les Danses hongroises (nos4 et 5) de Brahms à quatre mains. On aurait voulu que cela soit du feu. Probablement les sarments et les brindilles ont manqué quelque part pour que cela crépite réellement. Toutefois, il faut saluer l’intérêt que notre jeunesse porte à un art difficile entre tous, celui de jouer du piano, et surtout avec cette dévotion absolue quand il s’agit de pages si ardues qu’elles font souvent trébucher même des maîtres du clavier. Et pas des moindres. Une rose blanche à la boutonnière du très jeune Ghadi, si sage et mesuré dans son jeu, et une rose rose dans les beaux cheveux de Ghiwa qui, sans avoir déjà valsé au bal des débutantes, a de la fougue et du tempérament. Chapeau bas et salut pour une jeunesse si belle, qui se voue entièrement à l’art, et rendez-vous très bientôt peut-être, avec le talent. Edgar DAVIDIAN
Une salle archicomble à l’amphithéâtre Aboukhater (USJ) dans le sillage des concerts présentés par le Conservatoire supérieur de musique. Un mardi pas comme les autres avec cette audience impatiente, jacassante et piaillante, pour le quart d’heure de retard sur l’horaire annoncé (incident technique oblige), véritable entorse à la régularité de métronome de ces...