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Actualités - CHRONOLOGIE

VARIATIONS SUR PLATINE - Une femme aux manettes DJette L., elle en jette !

La vie de nuit est leur univers, la musique leur passion. On les a longtemps appelés, mais c’est tellement démodé, disc-jockeys. On pourrait les surnommer «créateurs d’ambiances». Ces noctambules invétérés feraient tout pour la musique. Leur musique est devenue, avec l’expérience, une signature que les fêtards professionnels peuvent à présent facilement identifier. Pour débuter ce voyage au bout de la nuit et pénétrer le monde vaporeux de ces lieux devenus mythiques, ladies first, une femme, une des rares au Liban, en a fait sa raison d’être. Elle s’appelle Laïla mais, dans le métier, on l’appelle DJette L. Laïla Sarkis a 26 ans, et c’est un peu sur mesure qu’elle a été surnommée ainsi ; presque tendrement et en hommage à un métier qui était, il n’y a pas très longtemps, strictement masculin. Un DJ, selon le dictionnaire – et en anglais dans le texte – est un nom masculin qui désigne un animateur de soirées. Pourtant, DJette L. brandit fièrement son nom, son métier et son savoir-faire. Fièrement aussi elle raconte, et nombreux peuvent en témoigner, le mal qu’elle se donne pour faire une musique différente, qui se reconnaisse et se distingue. Très vite, Laïla a trouvé sa place dans le paysage «deejayien.» Photo: un air de garçon manqué qui lui va bien, une longue mèche rebelle sur le front, des yeux à faire craquer et un sourire tendre qui cache souvent un caractère décidé. Car la jeune femme sait, et depuis longtemps, ce qu’elle veut faire. Née au Nigeria, elle y vivra jusqu’en 1996, y finira ses années scolaires avant de retrouver le Liban. Des études en graphisme, un diplôme en juillet 2002 et un premier emploi. «J’ai essayé de travailler avec deux agences, mais j’en ai eu marre. Elles étaient trop incorrectes.» Pas de compromis pour la douce Laïla. Douce en apparence, car elle sait refuser, jusqu’à l’entêtement, ce dont elle n’est pas convaincue ; et au nom d’une liberté d’être et de faire qu’elle semble chérir par-dessus tout. «J’ai préféré être free-lance.» Le graphisme sera pour elle une parenthèse qu’elle ouvre – et ferme – au besoin et quand elle en a envie. La photographie, sa matière de prédilection, une deuxième passion qu’elle souhaite pousser loin. «Je rêve d’avoir un endroit à moi, où je peux accrocher mes photos et mettre de la “lounge music” toute la journée.» Depuis peu, Laïla est devenue, par un beau concours de circonstance, DJette L. Beyrouth by night Le 2 mai 2002, elle passe une soirée agréable dans un bar-restaurant de la ville qui lui propose d’animer une soirée. «Les gens ont écouté.» Suivra une série de propositions, dans les endroits in de la ville. Pour en citer quelques-uns, le Taboo, le Veto, ou encore le Pacifico. «Pour m’écouter, il faut me suivre. Ma musique n’est pas commerciale, mais plutôt underground, je sais que les gens qui sont là sont ouverts et apprécient.» Laïla s’arrête un moment pour finir sa dernière année universitaire et décrocher son diplôme car, dit-elle, «la préparation de mes soirées me prend un temps considérable. Je fais beaucoup de recherches, je vois ce qui est nouveau, ce qui capte. Puis je fais mes contacts pour avoir les CD à temps, car tout arrive en retard au Liban. J’aime la perfection.» Petite escale au Nigeria, et c’est le grand retour. Laïla choisit les endroits qui lui inspirent des musiques particulières et atterrit enfin à trois adresses: le Casablanca, les vendredis et samedis; le Mint, les dimanches et, enfin, le Orange Fabric, les jeudis. «Là, précise-t-elle, je suis partenaire avec une amie et nous y organisons des soirées à thème», «Madonna Night», «Hot Wine Night» ou encore «Remix Night» en furent quelques-uns. Qu’elle soit Lounge, House ou Electronic Danse, notre DJette locale aime travailler seule, sans contraintes ni obligations. «Quand je mets de la musique, je suis dans mon monde, puis je m’arrête pour regarder. Je peux savoir, de la manière dont les gens se tiennent, s’ils veulent bouger encore plus ou pas. Je peux sentir l’ambiance dans laquelle ils ont envie d’être ou de rester.» La musique dans le sang Quand elle met de la musique, un casque sur la tête, les mains mobiles, se déplaçant d’un clavier à l’autre, sur un beat de plus en plus rapide, elle semble absente. Seuls ses yeux, brillants comme ceux d’un chat, communiquent son énergie. Elle est sereine. «J’ai commencé à m’intéresser à cet art dès l’adolescence; ça m’a toujours attirée. Au réveil, quand je suis bien, quand je suis mal, ma vie est rythmée par des airs différents. Je n’ai pas de style particulier.» Ambitieuse, elle voit grand et rêve aujourd’hui d’une carrière internationale. Repérée à plusieurs occasions par des étrangers de passage, noctambules ou professionnels, elle est attendue à Dubaï ce mois-ci pour participer, auprès de deux DJ internationaux, DJ Paulette de Londres et DJ Sunshine de Suède, à un grand événement: «Chicks on the Mix». 1800 à 2000 personnes y sont attendues. Toujours sereine, elle confie: «Je tiens à dire que je suis une personne très spirituelle. Sans le pouvoir de Dieu, je ne serais jamais arrivée jusqu’ici.» Et de conclure, sur un autre registre: «On grandit avec les autres. Si on n’est pas suivi, on ne peut pas être un leader.» Carla HENOUD
La vie de nuit est leur univers, la musique leur passion. On les a longtemps appelés, mais c’est tellement démodé, disc-jockeys. On pourrait les surnommer «créateurs d’ambiances». Ces noctambules invétérés feraient tout pour la musique. Leur musique est devenue, avec l’expérience, une signature que les fêtards professionnels peuvent à présent facilement identifier....