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Actualités - interview

Interview Express - Le report du Sommet arabe de Tunis passé au crible par le secrétaire général du PNL Élias Abou Assi : Les régimes arabes doivent prendre l’initiative des réformes

Le Sommet arabe de Tunis n’aura pas lieu. Interrogé sur la portée de cette annulation, M. Élias Abou Assi, professeur de relations internationales à l’Institut de sciences politiques de l’Université Saint-Joseph (USJ-rue Huvelin), secrétaire général du Parti national libéral et membre du Rassemblement de Kornet Chehwane, évoque quatre axes d’analyse : une déficience au niveau des préparatifs de la conférence, la présence sur le tapis de « questions qui fâchent », la nécessité pour les pays arabes d’initier des réformes et, enfin, le « choc incontournable et positif » que doit susciter cette situation au niveau des pays arabes et de la Ligue. Au niveau des préparatifs du sommet, M. Abou Assi revient sur les responsabilités de chacun, notamment ceux du secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, du Conseil de la Ligue et de l’État-hôte, la Tunisie. « Le secrétaire général doit s’assurer de la bonne marche du sommet. S’il y a des entraves, c’est à lui d’intervenir, de prendre les choses en main. Sinon, il faillit à sa mission. Témoin de ce qui allait se produire, il aurait pu demander que soient prolongés d’une semaine les préparatifs. Par ailleurs, le Conseil de la Ligue doit accorder la priorité aux questions principales et reporter l’examen des problèmes secondaires. Cela n’a pas été fait. Enfin, on peut considérer que l’État-hôte a été berné. La Tunisie misait sur une participation massive et sur une représentation de haut niveau, ce qui est légitime, pour la réussite du sommet. Or le président du dernier sommet arabe n’était pas présent pour la traditionnelle passation des pouvoirs. En outre, plusieurs pays ont décidé d’abaisser leur niveau de représentation. Partant, la Tunisie, qui s’est sentie bernée, a décidé “souverainement” de reporter le sommet », affirme M. Abou Assi. Concernant les questions « qui fâchent », le secrétaire général du PNL évoque tout naturellement « le cas des États qui commencent à accepter l’idée de réformes aux niveaux culturel et politique, abstraction faite de la position américaine ». Mais il évoque aussi et surtout les divergences au sujet du terrorisme, en rappelant que « l’admission de la Syrie au partenariat européen a été reportée lors de la dernière réunion du Conseil européen à Bruxelles en raison de son refus de coopérer dans le cadre du dossier de la suppression des armes de destruction massive ». Il rappelle également l’insistance de certains pays à polémiquer sur la définition à donner au terrorisme. La question des réformes La question des réformes est, bien entendu, au cœur du problème. D’autant plus, souligne M. Abou Assi, que pour certains pays, ces réformes sont désormais de l’ordre de l’acceptable, alors que d’autres États y sont toujours résolument opposés. « On a tendance à oublier le plus important dans tout cela : les réformes ne sont ni un luxe ni une fantaisie. Il s’agit d’une exigence de la grande masse arabe, insistances américaines mises à part », affirme-t-il. « Le projet de “Grand Moyen-Orient” est, dans ce sens, une sorte d’aiguillon américain pour inciter les régimes arabes à adopter un calendrier de réformes et susciter une prise de conscience générale à ce niveau. Personnellement, je pense que les Arabes devraient eux-mêmes prendre l’initiative d’initier des réformes. S’ils l’avaient fait, le projet US n’aurait été qu’un coup d’épée dans l’eau. Le PNL avait d’ailleurs adressé un mémorandum à la Ligue arabe pour réclamer une série de réformes au plan arabe », indique-t-il. Cela dit, les pays arabes devraient « essayer de tirer profit de ce qui s’est produit à Tunis, et transformer la déconvenue en choc positif et salutaire », estime Élias Abou Assi. « Un choc positif qui devrait sensibiliser les chefs d’État arabes et les amener à changer, tant soit peu, leur manière de gouverner et de traiter avec la politique étrangère. Rejoindre la mondialisation n’est pas une fantaisie. Ne pas le faire serait synonyme de régression, de retour en arrière, alors que le monde entier évolue », dit-il. En conclusion, M. Abou Assi évoque trois points : – La nécessité pour la Ligue arabe de se remettre en question, de faire la part des choses. « Le sommet était une occasion ratée pour relancer l’initiative et les négociations de paix. Mais la portée de l’événement est bien plus importante : la Ligue doit cesser d’“exister pour exister”. Elle doit justifier son existence par une action. Les promesses et les principes généraux ne suffisent pas. La Ligue fait acte d’absence, elle ne propose rien. Par conséquent, elle doit se reconstruire », précise-t-il. – Dans la continuité de cette idée, M. Abou Assi estime que « les Libanais ne tirent pas profit » de l’action de la Ligue. « Pourquoi ne superviserait-elle pas l’application totale de l’accord de Taëf, c’est-à-dire le retrait total des forces syriennes du Liban ? » s’interroge-t-il. – Enfin, un constat s’impose, pour le professeur de relations internationales : le report du sommet constituait une porte de sortie pour tous les protagonistes. « Dans ce sens, le fait de faire assumer la responsabilité du report aux Américains est en soi un constat d’échec de la part des régimes arabes. Américains et Arabes se partagent la responsabilité de cet échec », ajoute-t-il. Michel HAJJI GEORGIOU
Le Sommet arabe de Tunis n’aura pas lieu. Interrogé sur la portée de cette annulation, M. Élias Abou Assi, professeur de relations internationales à l’Institut de sciences politiques de l’Université Saint-Joseph (USJ-rue Huvelin), secrétaire général du Parti national libéral et membre du Rassemblement de Kornet Chehwane, évoque quatre axes d’analyse : une déficience...