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Actualités - CHRONOLOGIE

Les dirigeants irakiens se disent optimistes sur l’approbation aujourd’hui de la loi fondamentale Le QG de la coalition visé par des roquettes avant la signature de la Constitution

L’hôtel al-Rachid, situé dans le secteur du quartier général de la coalition à Bagdad, a été visé par des tirs de roquettes hier soir, à quelques heures de la signature annoncée de la Constitution provisoire irakienne. L’hôtel fait partie de la « zone verte », le périmètre le plus sécurisé de Bagdad, où se trouvent l’ancien palais présidentiel, actuel siège de la coalition, et le Palais des Congrès où doit être signée la Constitution. Selon le directeur adjoint des opérations de la coalition, le général Mark Kimmitt, un assaillant a tiré sept roquettes en direction de l’établissement, situé juste en face du Palais des Congrès à 19h25 heure locale (16h25 GMT), depuis un véhicule stationné à 400 mètres de l’hôtel, avant de prendre la fuite. « Trois roquettes ont touché (l’hôtel), faisant des dégâts mineurs et blessant légèrement un entrepreneur » employé par la coalition, a-t-il indiqué. L’hôtel al-Rachid avait été visé par des tirs le 26 octobre au moment où y logeait le secrétaire adjoint à la Défense américain, Paul Wolfowitz. Un soldat américain avait été tué et 17 autres blessés. Hier matin, des dirigeants irakiens et l’administrateur américain Paul Bremer se sont dit optimistes sur une signature aujourd’hui de la Constitution provisoire, avec trois jours de retard. « Un accord a été conclu et la signature aura lieu (...) lundi », a affirmé Mouaffak al-Roubaï, membre du Conseil de gouvernement transitoire irakien. Hier soir, le grand ayatollah Ali Sistani, figure de proue de la communauté chiite majoritaire, semblait avoir approuvé un article controversé du texte, qui devait donc être signé sans modification. « Il n’y a pas de changement dans le texte. (Le Conseil de gouvernement) est d’accord sur sa signification », a déclaré Entifadh Kanbar, un porte-parole du membre chiite du Conseil Ahmed Chalabi. Selon M. al-Roubaï, qui s’exprimait après des consultations avec Ali Sistani dans la ville sainte de Najaf (centre), le dignitaire « ne veut pas provoquer une crise dans le pays mais veut, au contraire, faciliter notre travail qui consiste à faire aboutir le processus politique dont il ne souhaite pas l’interruption ». Un autre dirigeant chiite, Mohammed Bahr el-Ouloum, président en exercice de l’Exécutif, a déclaré quant à lui : « Demain (lundi) sera un bon jour. » « J’ai reçu un appel téléphonique de Najaf et on m’a dit qu’un accord avait été scellé, que tout le monde avait accepté », a assuré pour sa part Mme Rajaa Habib Khouzaï, membre chiite de l’Exécutif, refusant de donner toute autre précision. De son côté, M. Bremer a dit espérer une signature aujourd’hui sans pouvoir confirmer un accord des responsables chiites. « Nous espérons que la cérémonie de signature aura lieu demain », a-t-il déclaré hier sur la chaîne américaine Fox. « Je pense qu’il est encore un peu trop tôt pour savoir » si un accord est intervenu avec les responsables chiites, a toutefois ajouté M. Bremer, qui a vu dans les dissensions entre dirigeants des balbutiements de la démocratie. Il a en outre réaffirmé que Washington était résolu à rendre à l’Irak sa souveraineté le 30 juin. Dans son alinéa c, l’article 61 de la Constitution donne la possibilité aux deux tiers des électeurs de trois provinces de bloquer la Constitution permanente qui devrait être rédigée par une Assemblée élue. C’est ce que contestent les chiites qui y voient une sorte de droit de veto accordé aux Kurdes. Prévue vendredi, la cérémonie de signature a été reportée à aujourd’hui en raison des réticences de dernière minute de membres chiites de l’Exécutif irakien, inspirées par des réserves de l’ayatollah Sistani. Le porte-parole de l’Exécutif, Hamid Kifaï, a indiqué que les 25 membres du Conseil, désignés par la coalition, devraient se retrouver aujourd’hui à 10h00 heure locale (07h00 GMT) pour décider l’heure de la cérémonie. Samedi, le président américain, George W. Bush, avait réaffirmé sa confiance dans le processus démocratique en Irak même si l’adoption de la Constitution a été retardée. « Les Irakiens font de grands progrès. Les membres du Conseil de gouvernement ont un débat libre et animé pour mettre au point un nouveau cadre pour gouverner leur pays. Cette loi administrative transitoire protégera les droits de tous les Irakiens et fera avancer le pays vers un avenir démocratique », avait affirmé M. Bush dans son allocution radio hebdomadaire diffusée depuis son ranch de Crawford (Texas). La Constitution provisoire « va baliser le chemin vers une transition totale de la souveraineté au 30 juin prochain. Notre coalition de 34 pays et les Nations unies continueront de coopérer étroitement avec les Irakiens pendant qu’ils avancent dans cette direction (...). Il reste du travail ardu pour créer un nouveau gouvernement en Irak. Mais les Irakiens sont à la hauteur de la tâche qui les attend et ont montré au monde qu’ils sont tout à fait capables de vivre en liberté », avait poursuivi le président américain. Sur le terrain encore, un soldat américain est mort hier « en dehors des opérations de combat », a indiqué un porte-parole militaire à Bagdad. « Le soldat faisait partie de la 2e brigade médicale », a ajouté le porte-parole, sans plus de précisions sur les circonstances de son décès. Par ailleurs, une forte déflagration a secoué la capitale irakienne, hier en milieu d’après-midi, et l’armée américaine a indiqué qu’il s’agissait d’« une explosion contrôlée ». L’armée américaine procède régulièrement à des destructions de munitions. De l’absence de démocratie consensuelle en Irak Il y a quelques années, les chiites du Liban, prenant conscience de leur poids démographique grandissant, réclamaient une loi électorale appliquant le principe majoritaire. Ils justifiaient leur revendication par les exigences de la démocratie dans le cadre de laquelle la majorité gouverne. Aujourd’hui, en Irak, après la chute du régime de Saddam Hussein, les chiites, libérés d’une longue dictature, réclament des élections pour, selon leurs dires, faire appliquer la démocratie. Cependant, ces mêmes chiites ont retardé vendredi la signature de la nouvelle Constitution provisoire, considérant qu’une clause sur le référendum offre une possibilité de veto aux Kurdes et par là même revient à imposer à la majorité la volonté d’une minorité. Aujourd’hui, au Liban, la population en général et les chiites en particulier ont compris que dans un pays multiculturel ou multicommunautaire la démocratie majoritaire n’est pas viable. Il faut donc se tourner vers un système plus adéquat, à savoir la démocratie consensuelle qui se résume en un partage du pouvoir fondé sur le respect des droits de tous, notamment des minorités. Il est ainsi impossible qu’une majorité prenne une décision pouvant bafouer le droit ou les intérêts d’une minorité. Le meilleur exemple étant le retrait, récemment, du projet de loi sur l’adhésion du Liban à l’Unesco islamique (Isesco), préservant ainsi l’intérêt national. En Irak, cependant, les chiites font le même calcul que les chiites libanais il y a quelques années et prônent un système concurrentiel, et non consensuel, pour arracher le plus de priviléges possible, oubliant que le vrai sens de la démocratie se situe au niveau du partage du pouvoir, du respect des droits des minorités et de l’intérêt de toutes les communautés. La logique du vainqueur et vaincu ne fera donc qu’attiser les frustrations, engendrant plus de conflits, prémices d’une guerre civile. Antoine AJOURY Une équipe américaine en Irak pour établir le dossier contre Saddam Hussein Le ministère américain de la Justice va envoyer une équipe de juristes et d’enquêteurs en Irak, sur ordre de la Maison-Blanche, pour monter le dossier judiciaire qui servira au procès de Saddam Hussein. La directive, signée par la conseillère pour la Sécurité nationale, Condoleezza Rice, enjoint le gouvernement US à prendre l’initiative dans la préparation du procès de Saddam Hussein. L’équipe sera placée sous l’autorité américaine d’occupation sous le nom de Bureau du conseiller sur les crimes du régime. Par ailleurs, les Irakiens sont déterminés à juger eux-mêmes leur ancien président malgré son statut actuel de prisonnier de guerre aux mains des forces américaines – ce qui prive l’Irak du droit de le juger –, affirme le ministre irakien des Affaires étrangères, Hoshiyar Zebari. Le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, a indiqué que Washington pourrait réexaminer le statut de prisonnier de guerre accordé à Saddam Hussein. Le feu vert britannique légal à la guerre a été donné cinq jours avant l’invasion L’ancien chef d’état-major britannique au moment de la guerre en Irak a indiqué qu’il avait reçu un feu vert légal « sans équivoque » sur la légitimité du conflit cinq jours seulement avant l’invasion par la coalition américano-britannique, dans des déclarations publiées hier par l’Observer. L’ancien chef d’état-major s’est refusé à dire s’il était prêt à démissionner s’il n’avait pas reçu un tel feu vert légal. L’amiral Michael Boyce a ajouté qu’il était personnellement en faveur de l’action pour renverser Saddam Hussein et qu’il croyait toujours à l’existence des armes de destruction massive irakiennes. Le CICR transmet une lettre de l’ex-dictateur à sa fille Raghad Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui a rendu visite à Saddam Hussein le 21 février en Irak, a transmis une lettre du président irakien déchu à sa fille aînée Raghad à Amman. Le CICR a souligné que, selon l’accord de Genève, la famille du président irakien déchu avait le droit de lui répondre selon la même procédure. Le CICR est prêt à se charger de remettre la réponse, sans préciser quand la Croix-Rouge recevra le message adressé à Saddam Hussein. Séoul exige des excuses US pour l’arrestation de journalistes La Corée du Sud exige des excuses de l’armée américaine en Irak après l’arrestation pendant plusieurs heures de trois journalistes sud-coréens soupçonnés de transporter des explosifs, a fait savoir hier le ministère des Affaires étrangères. Trois journalistes de la radio-télévision publique KBC ont été incarcérés sur une base militaire américaine de Bagdad samedi car un chien renifleur avait réagi à l’examen de leurs bagages. Les journalistes ont été menottés et fouillés avant d’être relâchés dans la journée. La Corée du Sud a prévu de déployer 3 000 soldats, dont 1 400 militaires de combat, en Irak en avril, pour participer aux efforts américains de reconstruction et de stabilisation du pays.

L’hôtel al-Rachid, situé dans le secteur du quartier général de la coalition à Bagdad, a été visé par des tirs de roquettes hier soir, à quelques heures de la signature annoncée de la Constitution provisoire irakienne.
L’hôtel fait partie de la « zone verte », le périmètre le plus sécurisé de Bagdad, où se trouvent l’ancien palais présidentiel, actuel siège...