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Actualités - interview

Interview - L’ancien chef du parti Kataëb assume actuellement la fonction de rassembleur au sein de l’opposition Élie Karamé : Non à la « dhimmitude » que l’on cherche à imposer aux chrétiens de Beyrouth

Depuis la crise de la MTV et l’annulation du mandat de député de Gabriel Murr, Élie Karamé ne perd pas le nord. Pour l’ancien chef du parti Kataëb, président de l’opposition Kataëb et membre du Rassemblement de Kornet Chehwane, il est indispensable, dans les circonstances actuelles, de réunir toute l’opposition, dans ses différentes tendances. Une exigence dont il a compris l’importance sur le terrain, lors de la partielle de Baabda-Aley, qui avait suscité des discordes entre les pôles de l’opposition. À la veille des trois élections qui pointent à l’horizon, Élie Karamé a décidé d’assurer, avec beaucoup de modestie, la jonction entre les courants politiques qui avaient appuyé la candidature du cadre aouniste Hikmat Dib à Baabda-Aley – c’est-à-dire le Courant patriotique libre (CPL-aouniste), le courant de Nadim Béchir Gemayel et certaines personnalités telles que Ibrahim Kanaan et Salmane Samaha – d’un côté, et Kornet Chehwane de l’autre. « Cette union sacrée est obligatoire, indispensable si l’on veut réellement modifier l’état de décrépitude dans lequel le Liban sombre petit à petit, et affronter le pouvoir en place dans toutes ses composantes pour assurer la mise en place d’une alternance », affirme M. Karamé, avant d’évoquer, pêle-mêle, la corruption, les scandales en série, les atteintes aux libertés et aux droits de l’homme, les arrestations arbitraires d’opposants, l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques, la crise sociale et économique et, naturellement, l’absence de souveraineté, d’indépendance et de libre décision. « Il ne faut pas non plus oublier que la situation régionale est sombre et qu’on ne nous prendra réellement au sérieux que si nous sommes unis », poursuit-il. « Des efforts sont faits pour assurer cette unité dans le cadre des municipales avec un certain succès. Les intentions de coordination sont positives de toute part, que ce soit du côté de Kornet Chehwane ou du côté du CPL et de ceux qui ont collaboré avec Hikmat Dib lors du scrutin de Baabda-Aley, sans exclure d’autres opposants. Des réunions conjointes sont tenues régulièrement. Je pense et je souhaite, en toute modestie, que cela aboutisse », ajoute M. Karamé. « Cette initiative est d’autant plus importante que l’État est déjà en train d’intervenir à travers les transferts des registres d’état civil pour déséquilibrer les régions à majorité opposante et tenues par des seigneurs à la solde du pouvoir. Ces nouveaux électeurs sont totalement étrangers à ces régions de tous les points de vue. On dit qu’au Metn, il y a eu un nouveau transfert de 4 000 électeurs. À Beyrouth aussi, il y a eu de gros transferts pour déstabiliser l’opposition », révèle-t-il. À Beyrouth, des comportements anticonsensuels L’opposition aborde-t-elle l’échéance des municipales au cas par cas ou en fonction d’une vision globale ? « Les municipales sont plus compliquées que les législatives, en raison des interférences de facteurs sociopolitiques : poids des familles, sensibilités locales et personnelles... Il convient de prendre en considération tous ces éléments. Par ailleurs, il faut mener une bataille politique dans certaines agglomérations bien choisies, à l’instar du Metn, qui représente un enjeu important. Ce que nous regrettons, c’est que la loi électorale soit restée la même, sans adoption de la décentralisation administrative. Ensuite, le fait que Beyrouth soit toujours unifiée. D’après nous, pour construire un pays sur le plan moral et psychologique, nous avons besoin d’une autre loi. Dans ce sens, il est malheureux que Beyrouth reste une circonscription unique, ce qui empêche la représentation de toutes les localités. D’autant plus que l’intention d’abolir le poste de mohafez existe toujours, l’argument fallacieux utilisé étant la comparaison avec les grandes villes europénnes », estime Élie Karamé. « Par ailleurs, il y a une mainmise sur Beyrouth de la part de M. Rafic Hariri, qui veut imposer à tout le monde sa volonté. Quels que soient les élus chrétiens, ils ne peuvent qu’obtempérer aux désirs de M. Hariri. Dans ce sens, l’on s’achemine peu à peu vers la mentalité de la “dhimmitude”. Or nous refusons d’accéder à des fonctions par la volonté des autres. Nous voulons que les chrétiens aient un rôle important à jouer et puissent choisir leurs représentants. De tels comportements vont à l’encontre de la convivialité et de la formule libanaise consensuelle », souligne-t-il. « Il ne s’agit pas de mendier quoi que ce soit, mais d’être des partenaires effectifs, de participer au fonctionnement du pouvoir local », ajoute M. Karamé, en mettant l’accent sur la nécessité d’opter pour des représentants démocratiques, efficaces et compétents. S’achemine-t-on vers une réédition du scénario de 1998 à Beyrouth, dans le sens d’un règlement à l’amiable avec M. Hariri, qui permettrait à chacun d’être représenté au sein du conseil municipal ? « La décision finale n’a pas encore été prise. Personnellement, je considère qu’avant d’assurer l’élection de membres, il faut que nous soyons présents. Ces membres peuvent avoir une très forte personnalité sans avoir la capacité d’influer sur le cours des choses. Il s’agit de se mettre d’accord sur le découpage électoral futur et sur le rôle du mohafez. Sinon, ce sera le thème de notre bataille électorale : il faut exprimer avec force le refus de la situation de fait. Ce la avait été fait à Baabda-Aley, élection considérée comme une victoire pour la ligne opposante. Et je suis persuadé que l’opinion publique se trouve tout à fait dans cet état d’esprit. Dans ce sens, l’unité de l’opposition est nécessaire pour mobiliser les Libanais », répond M. Karamé. Et de conclure en appelant à un regroupement de toutes les forces vives et démocratiques « qui ne sont pas inféodées aux services de renseignements », par-delà les appartenances socioconfessionnelles et idéologiques, en faveur du Liban : « Nous devons nous retrouver autour d’un combat national pour la souveraineté, la démocratie, la liberté, et les spécificités du pays, loin des susceptibilités. » Michel HAJJI GEORGIOU
Depuis la crise de la MTV et l’annulation du mandat de député de Gabriel Murr, Élie Karamé ne perd pas le nord. Pour l’ancien chef du parti Kataëb, président de l’opposition Kataëb et membre du Rassemblement de Kornet Chehwane, il est indispensable, dans les circonstances actuelles, de réunir toute l’opposition, dans ses différentes tendances. Une exigence dont il a...