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Présidentielle - L’enjeu est trop important pour le pays Bkerké aborde l’échéance loin de tout esprit tactique

Le patriarche Sfeir évite soigneusement le jeu des noms, dans la présidentielle. Pressé de questions par des visiteurs, politiciens ou diplomates à l’affût du moindre détail révélateur, il ne laisse percer aucune préférence pour tel ou tel candidat virtuel. Et se contente d’évoquer des qualifications d’ordre général. De son côté, l’Assemblée des évêques maronites assume une mission de critique, plutôt que de promotion, des candidatures potentielles. En effet, dans son dernier communiqué, cette instance regrette que « nombre de postulants baignent dans un climat éloigné de la revendication populaire, qu’expriment des franges nationales libres et portent sur l’abolition de la tutelle. Pour que la patrie assume pleinement son devenir. Sans plus recourir à des méthodes produisant suivisme et servilité ». Tout indique que la question pondérale tient une place de choix dans l’opinion du patriarcat. C’est-à-dire qu’il souhaite un président qui ait politiquement du poids et qui soit en même temps pondéré. Un homme qui sache préserver le principe de la dissociation des pouvoirs, pour en maintenir l’équilibre, en renforcer la coordination et la coopération. Il faut donc quelqu’un dont la ligne n’aboutisse pas à la dispersion des rouages de l’État ou à leur dislocation. Contrairement au courant de pensée qui veut que le président de la République s’affirme par une confrontation avec le Sérail, Bkerké estime que seule leur entente bien comprise peut servir véritablement les intérêts du pays. Le patriarcat y voit même une condition essentielle pour tout candidat. Car, de toute évidence, le Liban a payé d’un prix trop lourd les dissensions entre ses dirigeants. Le mal n’est d’ailleurs pas nouveau. Dès les premiers temps de l’indépendance, les frictions entre Béchara el-Khoury et Riad Solh ont déstabilisé la jeune nation, pour aboutir à la révolution blanche de 1952. Les heurts entre Camille Chamoun et Saëb Salam ainsi qu’avec Abdallah Yafi ont conduit aux événements de 1958. L’affrontement entre Charles Hélou et Rachid Karamé a provoqué les signes avant-coureurs de la guerre domestique. La rupture entre Sleiman Frangié et Saëb Salam, le recours à des gouvernements épisodiques comme ceux d’Amine el-Hafez et de Noureddine Rifaï ont aggravé l’insécurité générale. Les divergences entre Élias Sarkis et Sélim Hoss, remplacé par Chafic Wazzan, ont suscité des problèmes avec la Syrie. Le choc entre Amine Gémayel et Sélim Hoss, nommé après l’assassinat de Rachid Karamé, a bloqué le fonctionnement du Conseil des ministres. Puis abouti à la présence de deux gouvernements adverses, dont l’un était dirigé par Michel Aoun. Ensuite, les tiraillements entre Élias Hraoui et Rafic Hariri avaient coûté à la Banque centrale un milliard de dollars pour soutenir la livre. Last but not least, la longue guerre de tranchées entre le régime et le président du Conseil actuels ont pratiquement empêché le redressement économique, via Paris II. La situation s’est dégradée au point que des professionnels craignent une véritable catastrophe pour 2005. À moins que les dirigeants ne consentent à ne plus se focaliser sur les élections (municipales, présidentielle et législatives), pour travailler d’urgence au traitement de la crise économique, financière et sociale. Hypothèse d’abnégation qui semble peu plausible, à ce stade. Ces sources ajoutent que le prochain régime pourrait bien se retrouver, à cause des prestations présentes, devant un problème social dramatique, insoluble. La stabilité politique est indispensable pour le redressement. C’est dans cette certitude d’ailleurs que jadis, les présidents de la République faisaient appel à des hommes avec qui il était facile de s’accorder, comme Hussein Oueyni, Chafic Wazzan, ou les trois Solh qui ont succédé au grand Riad, à savoir Sami, Takieddine et Rachid. Cette stabilité politique peut seule garantir le pays contre toutes sortes de secousses. Bkerké y attache donc une importance extrême. Et souhaite vivement que les dirigeants s’entendent, travaillent la main dans la main. Aujourd’hui et demain. Émile KHOURY
Le patriarche Sfeir évite soigneusement le jeu des noms, dans la présidentielle. Pressé de questions par des visiteurs, politiciens ou diplomates à l’affût du moindre détail révélateur, il ne laisse percer aucune préférence pour tel ou tel candidat virtuel. Et se contente d’évoquer des qualifications d’ordre général.
De son côté, l’Assemblée des évêques...